Le Calame : L'ex-président Ould Abdel Aziz vient d'être auditionné par les limiers de la police économique. Que vous inspire cet évènement ?
Youssouf Sylla : Il me semble tout-à-fait normal que l’ex-Président soit auditionné par les services de police chargé de la répression des crimes économiques, du moment que la commission d'enquête du Parlement l’a mentionné parmi les personnes soupçonnées dans son rapport. Nous sommes enfin dans un État de droit.
- Pensez-vous que la justice entend ainsi jouer pleinement son rôle et que l'Exécutif n’interfèrera pas dans le dossier ?
- Je suis tout-à-fait certain que la justice jouera pleinement son rôle, en toute transparence. Nous assisterons au procès du siècle où chacun des accusés bénéficiera enfin d'un jugement équitable. L'ex-Président avait grand besoin d'être arrêté pour comprendre qu'il n'était pas au-dessus des lois.
- Il y a trois jours, un groupe de militants a démissionné de l’IRA, mouvement au sein duquel vous avez-vous-même milité. Un commentaire ?
- Les militants d’IRA ont tout simplement compris qu'ils sont victimes de manipulation de la part de leur direction et ont décidé de revoir leur stratégie de combat. En réalité, les slogans du mouvement ne sont plus porteurs d'espoir et les militants commencent à se faire rares. À mon avis, IRA est devenue une organisation dirigée par les membres d'une même famille et particulièrement les gens de Rosso. C’est pourquoi l’avons-nous tous abandonnée. L'hémorragie risque de continuer s'ils ne corrigent pas leur stratégie. Les gens n'acceptent plus de suivre aveuglément les politiciens sans destination clairement définie.
Propos recueillis par DL