C’est quoi la retraite ? La retraite peut être définie comme la fin d’une période d’activité donnant droit à une pension. Dans les pays réellement démocratiques et où la répartition des richesses entre les citoyens est équitable, obéissant à des ratios, le retraité, selon son aptitude physique résiduelle, se recycle dans un domaine d’activité favori, ou bien se repose tout simplement, avec une pension lui assurant un quotidien décent. Ceci est fréquent en Europe et en Asie. Par contre, en Afrique, la retraite correspond à un coup de barre sur la tête. Et elle vient au mauvais moment : lorsqu’on est physiquement diminué, du fait de l’âge, donc vulnérable aux maladies chroniques, dont le traitement exigerait 100 fois le montant de la pension. A ce moment aussi, les enfants ont, généralement, grandi et leur traitement devient trop cher ; les filles, elles, doivent se marier et retourner, divorcées le plus souvent au bercail, au grand dam du père retraité et peut-être malade. Les années de braises, plusieurs événements ont produit un grand flot de retraités par anticipation. Ainsi en 1989,1990, 2003,2004, il y eut beaucoup de jeunes jeté en pâture à la retraite, constituant un passif humanitaire déplorable. Plein d’officiers supérieurs à la fleur de l’âge sont aujourd’hui giflés avec une pension mensuelle de 4000 MRU, et la voie du recyclage leur est totalement fermée, bien que surdiplômés des universités et des grandes écoles militaires supérieures. Supposons que dans un élan de générosité, l’Etat décidait une augmentation de 100% de la pension. Ca va grever les finances de l’Etat et la situation ne s’en trouvera pas améliorée. Je pense que les retraités, et spécialement ceux des armées – des dizaines de milliers – feraient mieux de prendre leur destin en mains. Fort de l’expérience des Associations des différents corps, dont certaines sont aussi inopérantes qu’elles ressemblent à un corps de réserve électorale, il faut envisager d’autres solutions plus efficaces. Même la MSP, qui demeure une œuvre louable, ne fait que panser la blessure, à défaut de financement et d’appui de l’Etat et des Etat-majors, malgré la politique proactive de Ould Abdel Aziz, en la matière. Même s’il est aujourd’hui pointé du doigt, l’honneur lui revient d’avoir eu une pensée pour les pauvres retraités. Au moment où il avait fait dérouler un train de mesures envers les retraités de forces armées, je me rappelle avoir été contacté par la chaîne de Télévision Aljazira, pour réaliser un documentaire sur la pauvreté dans les retraites des forces armées ; alors les journalistes de la chaine satellitaire m’avaient montré des retraités militaires mendiant aux ronds-points. J’avais convaincu ces confrères qu’on doit attendre et que certaines mesures bénéfiques sont encours.
Un exemple, le téléthon du Hodh El Gharbi
Maintenant, il faudra que nous prenions nous même « le bœuf par les cornes », pour créer nos organes mutualistes et nos organismes d’intérêts privés. Pour commencer, un groupe d’officiers retraités issus de tous les corps, que je coordonne, envisage l’organisation d’un téléthon des forces armées et de sécurité, en vue de créer une mutuelle d’assurance pour les retraités des FAS ou tout autre organisme susceptible d’impacter positivement la vie des retraités des forces armées et de sécurité.. Le moment venu, il y a des médecins et des administrateurs retraités qui feront le bon choix du projet à réaliser, et il sera mené avec transparence et efficacité. Le téléthon du Hodh el Gharbi, organisé en février dernier, nous a prouvé la générosité et l’humanisme des uns et des autres. Ainsi, cet événement avait permis de doter la région de 5 camions- poubelles avec un grand stock de matériel aratoire et de désinfectants. Des hommes d’affaires amis de la région étaient intervenus avec des montants considérables. En tant que Président du Téléthon 02 et de l’Opération Nadhafa Hodh El Gharbi, je les félicite et les remercie au nom des ressortissants du Hodh El Gharbi. Je citerai notamment les hommes d’affaires dont les noms suivent : Lemrabott Ould Tanji, Abdou Ould Ahmed Ammou, Khaddad O Mokhtar, que la communauté aiounoise a toujours respectés, les comptant parmi elle comme les citoyens de la ville les plus honorés. Une cérémonie à leur honneur devait être organisée, mais, pour cause de pandémie, elle a été reportée sine die.
Le projet de Téléthon des Retraités des Forces Armées reçoit déjà l’adhésion de plus en plus dense des retraités de tous les corps des forces armées et de sécurité. Et une commission chargée de médecins des Armées et d’administrateurs étudie le projet, en attendant que la situation sanitaire permette la réalisation de ce grand événement humanitaire.
BRAHIM BAKAR SNEIBA, officier en retraite anticipée