Voilà, moi, ce dont je suis sûr : celui qui n’a rien ne peut rien donner. C’est tellement évident que cela va sans dire. Mais, bien sûr et encore une fois, cela ira beaucoup mieux en le disant. C’est quoi donc cette histoire de rapport américain félicitant la Mauritanie d’une certaine avancée dans un certain domaine des droits de l’homme ? C’était quand que des policiers américains assassinaient, le plus sauvagement du monde, un certain Georges Floyd ? C’était encore quand que ces mêmes États-Unis viraient cette même Mauritanie de cette fameuse histoire d’AGOA pour de prétendues violations des droits de l’homme ? Qu’a-t-il bien pu se passer entre-temps ? On attend réponse. Les petites félicitations occasionnelles, et souvent sans grand impact, d’un gros pays en peine, lui-même, de gérer ses incohérences communautaires ne signifient absolument rien. Du vrai cinéma comme les Américains en savent faire. Et de tous les goûts. Présidence de la République. Premier ministère. Commission nationale des droits de l’homme. Mécanisme national de lutte contre la torture. Union Pour la République. Ministère de la Justice. Se congratulant. Se félicitant. S’embrassant. Satisfecit délivré par Donald Trump ! Et voici qu’interviennent, dans la foulée, des organisations de la Société civile d’on ne sait quelle tendance pour débiter des chapelets de oui mais, donc alors, car il faut cependant néanmoins, c’est à dire que… « Celui qui te donne un avis, regarde le cou de son mrah (étable à l’air libre) ». Rapports circonstanciels, bulletins de renseignements. C’était quand encore le « fameux » rapport de Philip Alston ? Ce « fameux » rapporteur spécial des Nations-Unies sur les nouvelles formes de l’esclavage. Rapport pour rapport. « Et que ne tombe que son bras ne le soutienne », comme disent les maures pour dire que chacun doit compter d’abord sur ses propres forces. Si toi, c’est les Nations-Unies, nous, ce sont les États-Unis ! « Nul ne meurt sans avoir eu son jour »… En tout cas, merci Donald Trump ! Merci Mikael Dodman (ambassadeur des États-Unis accrédité à Nouakchott) pour ce beau cadeau de premier anniversaire qui va bien figurer parmi les grosses réalisations de l’an I de Son Excellence, à côté du COVID 19, de la CEP dont on attend le fameux rapport, du couvre-feu – vous avez dit respect des droits de l’homme ? – d’une probable année blanche, du port obligatoire de masque et d’une Première sans guetna… Entre autres résultats des trois cent soixante-cinq premiers jours du premier mandat du premier Président suivant le dernier Président. Maintenant et loin de tout ça, moi, je veux savoir : d’un, c’est quoi un conseil d’administration ? De deux, quels sont les critères requis pour en être président ? Surtout que le juteux strapontin de celui de la SNIM – qui vient de réaliser, selon le rapport de son nouveau administrateur général, de miraculeux bénéfices – est vide. Ça veut dire quoi « conseiller administrativement »? Avoir une belle voiture. Des frais de logement. Du carburant. Un bureau. Un chauffeur. Des domestiques. Des jetons de présence, en cas de réunion. D’autres petits cadeaux pour vous, madame et les enfants. Des « avances fêtes ». Des trucs pour habillement. Des prises en charge dans des hôtels où l’on ne sait pas exactement ce que vous faites. Un treizième mois. Et probablement des voyages à l’étranger pour vous soigner, vous et les membres de votre famille. Tout ça au compte d’une pauvre entreprise qui ne vous voit que de très loin, généralement les jours de paye et dont les fonctionnaires touchent à peine l’équivalent de la plus petite de vos indemnités. Premier critère : être un fossile. Un très, très ancien applaudisseur de tous les systèmes. Quelqu’un qui a vraiment prouvé sa fidélité au pouvoir et dont les fils et petits-fils continuent à soutenir inconditionnellement les clairvoyantes orientations de la Direction générale. Les conseils d’administration sont de véritables machines de recyclage. Anciens PM, anciens ministres, ambassadeurs, autres fonctionnaires, partisans… À vos marques ! Prêts ? Partez ! Conseillez, administrez… Salut.
Sneiba El Kory