L’image a fait le tour du Monde. Elle est révélatrice à plus d’un titre : Ahmed Ouyahya, deux fois Premier ministre d’Algérie, ancien président du parti au pouvoir et apparatchik du régime des généraux, arrive, menottes aux poignets et encadré par plusieurs policiers, à l’enterrement de son frère. Depuis quelques mois, la « grande lessive » menée par le pouvoir algérien a envoyé derrière les barreaux plusieurs (anciens) responsables et hommes d’affaires accusés d’avoir pillé sans vergogne les ressources de leur pays. L’opération, une des principales revendications du « hirak » qui a secoué la rue plusieurs mois durant, a été favorablement accueillie par une opinion publique lassée de voir un État riche se faire dépecer quotidiennement par ceux-là mêmes qui devaient servir et non se servir. Tout comme la Mauritanie au cours de la dernière décennie. Mais nous n’en sommes encore, chez nous, qu’aux premiers balbutiements d’un tel assainissement. Contrairement aux Algériens qui ont pris le taureau par les cornes, sans s’embarrasser d’une commission d’enquête parlementaire. Ici comme ailleurs, ceux qui étaient aux affaires et qui ont pillé le pays sont connus, tout comme les hommes et les femmes qui gravitaient autour d’eux. Il suffisait juste de les interpeller et de leur demander des comptes. Quoi qu’il en soit, l’heure des comptes a sonné. L’enquête a atteint un point de non-retour. Le pays ne peut plus se permettre de faire l’économie d’une opération « mains propres » que tout un chacun appelle de ses vœux. Il est temps que la page de l’impunité soit tournée pour de bon. Et les comptes apurés.
AOC