La mort part balle du jeune Abbass Diallo de Dabbano (paix à son âme), tirée par un militaire relevant du dispositif de sécurisation de notre frontière au niveau du département de M’Bagne a créé un terrible choc auprès de la population et suscité beaucoup d’interrogations.
Pour rappel, la localité où le drame a eu lieu était il ya moins de 10 jours, le théâtre d’affrontements entre les jeunes de Winding mobilisés pour dissuader des trafiquants qui cherchent à transformer la rive en couloir de commerce illicite avec un groupe de trafiquants cherchant à tout prix à continuer leur commerce en dépit du contexte actuel, de surcroit en cette période de pandémie où le souci majeure reste la protection contre le risque de contamination.
Paradoxalement, ces mêmes jeunes se sont retrouvés derrière les grilles du commissariat de police de M’bagne avant d’être présentés au Procureur d’Aleg, pour agression contre des éléments de l’armée, coups et blessures volontaires, alors qu’ils pensaient avoir soutenu les autorités sécuritaires dans leur mission de sécurisation de notre frontière sud contre des infiltrations possibles de personnes porteuses du virus.
Le comportement de ces jeunes, à l’origine considéré comme relevant d’actes de patriotisme par leurs auteurs, se transforme finalement en cauchemar. Le Maire de M’Bagne en fonction a pourtant joué pleinement son rôle de lanceur d’alerte en mettant les hiérarchies administratives et sécuritaires face à leurs responsabilités. Le maire de M’Bagne, originaire de la localité adossée à la rive du fleuve où s’est produit le drame, a non seulement pris conscience de la gravité du jeu de cache-cache entre les trafiquants et les jeunes de son village mais a surtout prévenu très tôt les autorités. Malheureusement, il s’est produit ce qui s’est produit. Que l’on ne se trompe pas. L’Etat a fait encore une casserole
Ce qui intrigue et inquiète, c’est l’absence de réponse à ce jour, aux questions suivantes :
- Cette balle est-elle hasardeuse ou sélective, le militaire étant devant 3 individus coincés entre la berge et le fleuve ?
- Depuis le 1er événement, pourquoi n’a-t-on pas installé un poste fixe à Winding, de surveillance et de protection juste après les premiers heurts ?
- Les militaires, en pareille situation, n’ont-ils pas une autre solution que celle d’ôter la vie à quelqu’un ? En l’occurrence pourquoi n’ont-ils pas traqué et capturé le ‘’délinquant’’ et transféré son sort à la justice.
- La première scène enregistrée entre les jeunes de Winding et les forces de l’ordre a-t-elle suscité un désir de règlement de compte de la part des éléments chargés de l’application des mesures sécuritaires ?
C’est le lieu d’inviter les forces de sécurité à se ressaisir et, dans une large mesure, inviter le gouvernement à plus de fermeté vis-à-vis des éléments militairo-sécuritaires qui semblent assimiler ces types de bavure à des jeux de plaisir.
Hier, c’était Lamine Mangane à Maghama, tué par un gendarme, aujourd’hui c’est Abbas Diallo à Winding, tué par un militaire. Nous sommes certes sous le choc de se drame. Pour autant nous nous inscrivons dans la ligne du gouvernement pour sécuriser le pays par rapport au Covid-19.
Mais il est de notre devoir de contribuer à donner l’alerte et prévenir. Sur terre nous avons déjà sur les bras plusieurs crises (politique, sanitaire, économique) non encore résolues. Dans l’air, il peut planer une autre crise, sociale celle là, si le gouvernement ne redresse pas la barre et ne baisse pas le curseur sur l’échelle des violences enregistrées dans son camp.
On dit souvent que « les théories ne suffisent pas pour empêcher les révolutions ». A méditer.
Oumar Tafsir Bocoum
Acteur Politique