Difficultés structurelles et COVID-19 : Appel à sauver la filière lait local en Afrique de l’Ouest et du Centre

4 June, 2020 - 00:13

La journée mondiale du lait a été célébrée lundi. L’événement a été marqué par une conférence de presse virtuelle organisée par les acteurs de la filière dans 6 pays.
A l’issue de la rencontre virtuelle,  55 organisations de producteurs et productrices de lait local de 6 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, engagés dans une campagne sous le thème « Mon Lait est Local » ont  réitéré un vibrant appel à l’endroit des  chefs d’Etats et dirigeants d’institutions d’intégration, en vue  d’entreprendre des actions en faveur de la filière, déjà en difficultés  structurelles, et désormais  menacée par la pandémie du coronavirus (COVID-19).
En effet, en  plus de la pandémie du coronavirus (COVID-19), la filière du lait local subit également une concurrence déloyale sous forme «de dumping des produits laitiers européens » de manière permanente.
Conséquence de cette situation: « les producteurs laitiers du Burkina Faso, du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad, enregistrent des pertes financières importantes et de cheptel en raison de la pandémie du coronavirus (COVID-19).

 

Pertes colossales 

Pour le mois de mars 2020 par exemple, la laiterie Kossam de l’Ouest au Burkina Faso a enregistré une perte de 6 millions  de francs CFA, soit 9000 euro », annonce un document publié dans le cadre de la campagne.
Le  contexte de la pandémie COVID-19 est à l’origine de « la fermeture des frontières, des restrictions de mouvements et les mesures de limitation de mobilité interne et entre les pays,
entraînent d’énormes difficultés d’accès aux marchés urbains et trans frontaliers pour l’écoulement des produits, l’accès  aux pâturages et aux points d’eau pour l’alimentation du bétail, l’émergence de maladies zoo sanitaires dans les zones trans frontalières ».
La pandémie du coronavirus (COVID-19) « est venue accentuer les effets négatifs des problèmes structurels de la filière : sécheresses et inondations liées aux effets du changement climatique, menace quasi permanente depuis plusieurs années, d’invasion du marché africain par les exportations massives de certains pays du Nord (mélange de poudre de lait écrémé  avec de la matière végétale, notamment de l’huile de palme).
Ce lait importé bénéficie d’un tarif douanier avantageux (5%), permettant de le vendre 30 à 50% moins cher que le lait local. Un phénomène qui fait perdre des emplois aux productrices et aux producteurs de lait, tout en privant les consommateurs des éléments nutritifs qu’on retrouve dans le  vrai lait.
La commission européenne investit des centaines de millions d’euros pour soutenir les pays du Sahel et la lutte contre les inégalités, mais elle ne doit pas reprendre d’une main ce qu’elle donne de l’autre», prévient Adama Coulibaly, Directeur Régional d’OXFAM en Afrique de l’Ouest.
Impact économique et social  de  la situation de la filière lait « une paupérisation continue des éleveurs,  des producteurs et de leurs familles, qui contribue par ricochet aux situations de crises alimentaires et à la malnutrition au sein des communautés, alors que le pastoralisme et l’agro-pastoralisme font vivre 48 millions d’individus » dans l’espace concerné.
Le Sahel, rappelle-t-on, est en proie à une crise multidimensionnelle : fragilisation du tissu socioéconomique, changement climatique, développement de la  violence terroriste et du  grand banditisme, affrontements inter-communautaires, crises socio-politiques….
Ce collectif d’éleveurs, producteurs de lait et diverses organisations le soutenant, a initié en 2019, une pétition demandant aux chefs d’états et responsables d’institutions régionales, de protéger et promouvoir la filière lait, un secteur vital de l’économie de la région, avec l’objectif de rassembler 55.000 signatures, avant le prochain sommet des chefs d’Etats de la Communauté Economique d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), prévu  dans le courant de  juin.
 La pétition  a déjà été validée 36.201 personnes.