L’opposition est enfin sortie de sa torpeur. Pour élever un peu la voix dans un communiqué apportant soutien à la commission d’enquête parlementaire qui « fait face à une pernicieuse et malveillante campagne de dénigrement, mettant en cause sa crédibilité ». Une campagne menée, selon l’opposition, par des « symboles de la gabegie et de la mal-gouvernance toujours présentes dans les hautes sphères de l'État » et dont elle dénonce le maintien. Le mot est lancé. C’est la première fois depuis l’élection du nouveau régime que l’opposition jette ce pavé dans la mare. Ménageant jusqu’à présent un pouvoir qui lui rendait la pareille, elle critiquait à fleuret plus ou moins moucheté, en prenant un maximum de précautions. Le président de la République, qui manifestait à ses leaders les plus grands égards, bénéficiait en outre d’une période de grâce. Celle-ci tire apparemment vers sa fin. L’opposition l’a dit, la majorité le pense et le reste du pays ne comprend toujours pas : comment des responsables, dont les noms sont cités quotidiennement dans les colonnes de la presse, preuves à l’appui, pour malversations, pratiques dolosives, marchés frauduleux et autres complaisances, peuvent-ils être maintenus à des postes stratégiques de la plus haute importance ? Au début, on pensait naïvement qu’il ne s’agissait que d’une question de semaines ou de mois, tout au plus. Le temps que le nouveau pouvoir s’installe, prenne ses marques et évite surtout de se faire d’un coup beaucoup d’ennemis dont certains ont encore une grande capacité de nuisance. Et détiennent par devers eux de fort sensibles dossiers. Mais le début perdure et la gangrène progresse… Jusqu’à quand ?
AOC