Le milieu universitaire est gangrené par le laxisme. Comme dans les écoles privées, des autorisations de complaisance sont distribuées à tour-de-bras et, depuis quelques années, c’est comme des champignons qu’on voit pousser les universités privées, à Nouakchott. Avec, à la clef, des diplômes au rabais. Une concurrence déloyale qui affecte, comme en pareille circonstance, les établissements « réguliers ». Le Calame revient, cette semaine, sur cette question, en donnant la parole au directeur général de la premièreuniversité libre de Nouakchott, Sup‘Management de Mauritanie. Membre du réseau universitaire international continental, elle souffre aujourd’hui de ce laxisme. Son directeur général, Mohamed ould Radhi, l’a fait comprendre au nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, lors d’une audience que celui-ci lui a accordée, il y a peu. « La prolifération d’universités privées qui ne remplissent pas les conditions de fondation et d’ouverture nous porte préjudice et nous avons demandé, au nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de mettre de l’ordre dans le secteur », a déclaré le directeur général de Sup ‘Management, au sortir de la rencontre. Le promoteur s’est dit cependant optimiste :« le ministre, professeur de son état, connaît très bien le secteur et a promis de prendre des mesures adaptées. »
Premier établissement universitaire privé, Sup Management a été porté sur les fonts baptismaux au cours de l’année universitaire 2003-2004, alors que le réseau intercontinental libre auquel il est lié fut fondé, lui, au Maroc, en 1996. « Nous avons décidé de mettre en place Sup Management en Mauritanie », explique Ould Radhi, « pour répondre aux préoccupations des parents qui ne voulaient pas laisser leurs filles bachelières poursuivre leurs études supérieures à l’étranger ; elles finissaient souvent par abandonner, faute d’offre locale qui leur permette d’accomplir leur vocation ». Sup Management dispose d’une annexe à Nouadhibou, qui poursuit le même objectif d’établir la formation des étudiantes – et des étudiants, bien sûr – au plus près de leurs familles.
Opportunités d’emploi
Depuis, ce sont des centaines de jeunes mauritaniennes et mauritaniens qui sont passés par cette université. La plupart travaillent, aujourd’hui, dans des établissements privés et publics, particulièrement les banques. « Nos diplômes sont très prisés dans le secteur financier, tant dans les établissements publics que privés, les sortants de Sup trouvent beaucoup d’opportunités sur le marché du travail, pourtant très étroit en Mauritanie ». Cette notoriété lui a valu une certaine hostilité du ministère de tutelle qui considérait Sup comme une concurrente redoutable de l’Université publique de Nouakchott. « Depuis notre fondation, nous n’avons jamais bénéficié du moindre appui de la tutelle. En revanche, certains ministres ont laissé s’installer le laxisme qui nous a porté un grave préjudice », déplore le directeur de Sup Management. « Une simple autorisation de fondation et hop ! Voilà des établissements ouverts, sans pourtant l’indispensable autorisation d’ouverture… » Résultat, des diplômes de complaisance que l’Etat ne reconnaît pas. « Cette situation nous handicape gravement», regrette le DG de Sup Management qui rappelle en avoir parlé au président de la République,« très sensible à notre préoccupation », puisque celui-ci n’a plus cessé, depuis, de nommer un professeur à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur.
L’université libre Sup Management est ouverte aux étudiants, cadres responsables et managers d’entreprise. Elle inscrit son action dans la stratégie de l’internalisation. Outre l’aspect académique, assuré par un corps professoral qualifié et expérimenté, elle dispose d’un encadrement pédagogique au top des normes internationales. Ces exigences ont valu à Sup une grande notoriété. « Beaucoup d’entreprises recherchent nos étudiants comme stagiaires, avant de les recruter, dans la majorité des cas », renseigne Ould Radhi. « Par ailleurs, la Société Générale finance, jusqu’à concurrence de six cent cinquante mille ouguiyas, les frais d’inscription et d’enseignement de ceux de nos étudiants dont les parents ne disposent pas d’assez de moyens. Il suffit d’une notification de notre établissement pour que la banque s’engage. Une fois recrutés, les bénéficiaires remboursent leurs frais. Le DG de Sup a cité quelques cas de bénéficiaires qui se sont acquittés de leur dette.
Externalisation
Le cursus de Sup Managementse décompose en deux cycles. Cycle normal/bachelor (finances, management, marketing, communication, ingénierie informatique) et le cycle supérieur MBA. Ici, les étudiants apprennent l’ingénierie financière, le contrôle gestion et audit, etc. Les études sont sanctionnées, au bout de trois ans, par un BTS, un BTA et un bachelor diplôme d’université américaine. Ce qui fait dire au DG : « Les pouvoirs publics et les privés continuent à envoyer les étudiants mauritaniens à l’étranger, avec toutes les complications que cela engendre, alors que nous avons, à Sup, l’expertise et les capacités d’offrir des études aux normes internationales, ainsi qu’une formation professionnelle, sur place et à distance, d’une qualité au moins équivalente à ce qu’on peut trouver ailleurs dans le Monde ».
Sup Management dispose d’un réseau dense de partenaires à travers l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Parmi ceux-ci, on peut citer, entre autres,l’American International University aux USA, l’Ecole Polytechnique de Sousse en Tunisie, l’ISEE (France),Ecosys de Genève, Enyd (Espagne), Fédéral an American écoles (FEDE), l’UGB de Saint-Louis… Cet important réseau offre l’opportunité aux étudiants de Sup de poursuivre, sur simplement recommandation, leurs études dans ces établissements. Les tarifs de Sup oscillent entre trente-cinq et soixante-dix-huit mille ouguiyas par mois.
Pour la petite histoire, signalons qu’ould Radhi s’est porté candidat à la candidature au poste de député de Tidjikja, lors des dernières législatives. Un geste qu’il justifiait, à l’époque, par son souci d’accompagner la politique engagé par le président de la République mais, aussi, de défendre les intérêts de la population de la moughataa de Tidjikdja. « Après cette intermède, je me suis retiré pour me consacrer essentiellement à la promotion de l’enseignement supérieur dans notre pays, ce qui ne signifie pas que les problèmes de Tidjikja ne me préoccupent plus. »
Dalay Lam