En réalité, le pays va comme il peut. Il va comme il marchait il y a déjà plusieurs années. Autrement dit, nous marchons comme nous marchions. Extraordinairement, comme nous marchions déjà, il y a des années et des années encore. En fait, nous marchons comme ça chaque jour qui n’est en fait autre que comme tous les jours. Vous savez, les habitudes, c’est quelque chose de très dur à chasser. C’est le devenu quasiment naturel, quoi ! Chassez-le, Il revient au galop. Selon notre tradition populaire, « bien vaine est l’éducation de l’adulte » : on ne s’éduque pas deux fois. Et, ce n’est pas en quelques mois qu’on va effacer des ancrages de quelques décennies fortifiées par des considérations de tous ordres. On dit même chez nous (dans la culture de l’une de nos communautés) que « l’habitude est comme le poil du pubis : plus vous le rasez plus il pousse ». Et aussi cette expression des gens des cartes. De la belote, du poker ou du blind : « Tbatri ! » C'est-à-dire « rebeloter », plus exactement « remettre », c'est-à-dire : procéder à une nouvelle redistribution pour faire « remonter la main ». Remaniements, fonds d’urgence pour le COVID-19 ou n’importe quoi d’autre... Commission d’enquête et fameux rapports de la SOMELEC avec tout un tintamarre pour des réclamations fortuites de cent soixante-deux millions à un ex-président de la République. Tout cela n’est que trop « perpegane » (déformation de propagande) comme aimait à dire ma défunte maman : du n’importe quoi ! Sinon, c’est quoi, cette cinquantaine de « va toi là-bas ! », « toi, ici » et « tombe-toi pour te relever quelque part, un peu plus très loin là-bas » ? Si bien qu’on n’a rien compris. Un mouvement de dés, de pions de dames ou d’échecs, pour masquer des promotions complètement injustifiables, sur fond d’interférences de puissants lobbies militaro-affairistes dont les manœuvres ne trompent plus personne. Ça veut dire quoi « fonctionnaire au ministère » ? Le jardiner est un fonctionnaire, tout comme le secrétaire, le planton, le portier, le docteur en Droit, l’ingénieur en informatique ou l’administrateur plein ou à moitié rempli… Quand la confusion se met au service de la promotion de la médiocrité, ça s’appelle tout simplement tête affolée pour faire croire à quelque chose. Ridicule ! Les clameurs sur le fonds d’urgence redescendent. Pourquoi tout ça ? Où sont passées les distributions gratuites de quelques produits qui « n’ont pas atteint tous les pauvres » ? Attention à cette histoire de compte ! Nous avions eu celui des générations futures : solde inconnu, débit inconnu, mouvements inconnus. Voici celui du coronavirus : débiteur, créditeur ou quoi ? Qui ordonne ? Qui retire ? Qui dépense ? Kham ! Je sens venir une autre sorte d’enquête ou d’investigation sur « où sont pas passés les milliards de nouvelles ouguiyas rassemblées ici et là ? ». Qu’Allah nous donne quelque chose où « la baraka descende » ! C'est-à-dire, imaginez avec moi, que l’agence Ta’azour – qui vient de recruter, soit dit en passant et en hors sujet, un comptable qui n’est pas fils de n’importe qui – une structure dotée de plusieurs dizaines de milliards, plus le Commissariat à la sécurité alimentaire dont les magasins regorgent de riz, farines, huiles et autres produits, plus les autres ministères représentés au Comité interministériel de lutte contre la propagation du Corona, que toute cette congrégation (pas au sens catholique du terme) ne puisse fournir trente mille sacs de vingt-cinq kilos de riz, trente mille bidons de cinq litres d’huile, trente mille de patati patata… c’est mathématiquement impossible. La commission d’enquête parlementaire qui ne fait qu’écouter doit faire requête pour écouter, cette fois qu’il est encore temps, les gladiateurs du fonds d’urgence et, à l’occasion de la Fête internationale de la presse, de voir du côté de ceux qui (di)gèrent l’argent du fonds d’aide aux journalistes. Si la SOMELEC et son DG qui a eu, lui aussi, son remaniement et ses rapports, voulaient vraiment être sérieux « avec nous », ils nous auraient révélé le grand paradoxe de la fraude massive de l’électricité par les ex-Présidents, les ex- et actuels ministres, les ex- et actuels directeurs généraux, les généraux, les colonels, les chefs de corps, les femmes influentes et omnipotentes pour ceci ou cela, les entremetteurs de renom, et les cousins et les amis, et les proches de tous ceux-ci et celles-là. Alors, les mesquins cent soixante-deux millions de notre ex-Président apparaîtraient pour ce qu’ils sont en réalité : la minuscule partie émergée d’un colossal iceberg de fraudes organisées dont les factures de règlement s’élèvent sûrement à des milliers de milliards. Salut.
Sneiba El Kory