Impossible maintenant de parler, écrire ou faire quoi que ce soit d’autre sans avoir en tête, dans les yeux et le nez, entre les oreilles, sur la peau et la langue (les cinq organes de sens, en somme… et le sixième en prime !) cette histoire d’épidémie ou de pandémie qui rime si bien avec académie où les scientifiques procèdent aux recherches. Une affaire ou une histoire (dans le sens économique, pour le premier concept, et en celui de quelque chose de pas sérieux, pour le second) qui fait trembler le monde de long en large et de fond en comble. Longtemps oublié, le mot confinement refait surface et devient du coup, grâce à Coronavirus, le terme le plus utilisé de la planète. Bon, c'est dire qu’à quelque chose malheur est bon et que même Corona, aussi dangereux soit-il… et patati et patata ; permet quand même certaines choses positives ici, chez nous, en Mauritanie. D’un, il provoque des retrouvailles familiales. Des enfants qui ne savaient plus qu’ils avaient père et mère trouvent l’occasion de voir directement leurs parents qui désertaient la maison avant leur réveil et ne revenaient qu’après leur coucher. Merci Corona d’avoir scellé la réconciliation familiale après avoir imposé la distanciation sociale ! Secundo, Corona a permis de montrer ou démontrer la capacité d’un peuple de communier dans toute sa diversité avec ses gouvernants, autour d’une problématique commune. Coronavirus n’est ni de la majorité ni de l’opposition, ni arabophone ni francophone, ni de telle ou telle communauté. Corona tue tout le monde. Alors la réponse doit venir de tout le monde. Corona a délié les cordons de la bourse. Ce sont plusieurs milliards qui sont en train de tomber de partout. Cela servira certainement à quelque chose. Mais attention ! Il faut bien que cela serve à quelque chose… dans la transparence. Corona a fait parler le Président deux fois en une semaine. Du jamais vu. Corona a empêché les musulmans de la République Islamique de Mauritanie de se rassembler pour la prière du vendredi. Du jamais vu. Corona est très fort. Mais Corona n’a pas pu arrêter les digressions incongrues des Mauritaniens. Ni les rumeurs tendancieuses, dangereuses et très malveillantes, distillées chaque fois qu’un nouveau cas est annoncé. Et Corona va finir, nous reviendrons à nos habitudes. Nous nous retrouverons, incha Allah ! Si quelqu’un de la dernière décennie avait su que Corona allait venir, il aurait certainement pensé à fonder une société de savon, eau de javel et autres produits désinfectants. Qui sait ? Et de masques, gants et respirateurs. Cela dit, il n’y a pas que Corona. Il y a aussi le poisson d’Aziz qui reste toujours le sien. Normalement, les gens devraient le renommer poisson de Ghazwani. Exactement comme les pauvres d’Aziz et les pauvres de Ghazwani. Les ministres d’Aziz et les ministres de Ghazwani. Les parents d’Aziz et les parents de Ghazwani. Les soutiens devenus rarissimes d’Aziz et les soutiens devenus nombrissimes de Ghazwani. Il y a encore la commission parlementaire mise en quarantaine par Coronavirus. Commission confinée, elle, dans ses derniers retranchements. Il y a de surcroît l’Assemblée nationale qui va normalement se réunir, sans tenir compte des injonctions de Corona. Alors, messieurs les honorables députés, à vos masques qui tombent ! À vos turbans multicolores. À vos poches, puisque c’est le fonds qui manque le moins. Les contributions diverses qui n’existent plus sont revenues en contributions volontaires. Allez-y, les riches ! Qui donne aux pauvres, prête à Dieu, c'est-à-dire à Allah. Faites comme le Président et ses ministres ! Comme les patrons et les hommes d’affaires, comme les anciens qui ne veulent pas être de reste. Anciens présidents de toute la Mauritanie, unissez-vous autour du peuple pour rassembler l’argent de la victoire contre le coronavirus dont la fin a été prédite par l’un de nos éminents érudits ! Quand la science déclare son incompétence, bonjour les marabouts et leurs tentatives ! Contre Coronavirus, tous les moyens sont bons pour sauver le peuple. Salut.
Sneiba El Kory