Coronavirus par ci, coronavirus par là... Depuis quelques semaines, on ne parle plus que de ce maudit virus et des dégâts qu’il occasionne à travers le monde : hôpitaux débordés, morts par centaines, villes confinées, populations déprimées. Et il y a de quoi. Jamais depuis les pandémies des siècles passées, le monde n’a connu une telle catastrophe sanitaire. Alors qu’on le croyait à l’abri d’un tel scénario grâce aux progrès de la science, le voilà incapable d’arrêter la propagation d’un virus. Qui ne cesse de faire des ravages. Avec seulement deux cas positifs, notre pays est jusqu’à présent épargné. Les mesures prises par les autorités dans ce cadre (mise en quarantaine des voyageurs en provenance des pays à risque, fermeture des aéroports et de la frontière avec le Sénégal et le Maroc, couvre-feu à partir de 18 heures) sont particulièrement appréciables. Prions pour que la promiscuité dans les marchés, les transports urbains et interurbains, les mosquées, les bureaux, les domiciles ne nous joue pas un seul tour. Que la situation reste sous contrôle jusqu’à la fin de la pandémie. Et qu’aucun des confinés ne soit porteur du virus. Le ministre de la Santé et ses équipes n’auront en tout cas ménagé aucun effort. Ils sont encore au four et au moulin. Et c’est comme ça à chaque fois que la compétence prend le pas sur les autres considérations dans les nominations. Le docteur Nedhirou en est en tout cas la preuve formelle. Mais il lui reste bien des chantiers. Cette crise a mis à nu la situation des hôpitaux publics qui ne disposent pas du minimum vital : cinq lits de réanimation respiratoire (contre mille six cents au Maroc et sept mille en France), cinq respirateurs à circuit ouvert, quatre médecins pneumologues, aucune radio ou échographie mobile au lit du patient et la liste des carences est encore longue. Quand on sait que les malades atteints de Covid 19 ont besoin d’être intubés en cas de détresse respiratoire, il y a de quoi avoir des sueurs froides. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Les milliards que nos hommes d’affaires ont généreusement offerts à notre pays doivent, en plus d’aider ceux dont la crise a compromis les activités et, donc, leurs moyens de subsistance, servir à équiper nos hôpitaux. Nous ne pouvons pas rester les bras ballants face à la moindre urgence sanitaire. La santé, dit-on, n’a pas de prix… mais elle a un coût. Des hôpitaux ont certes poussé au cours de la dernière décennie mais ils n’ont servi, pour le moment, qu’à donner des marchés à des proches. Très mal construits, faute de contrôle sérieux, sous-équipés et surdimensionnés, ils commencent à tomber en ruines dès les premières années d’exploitation. Les exemples ne manquent pas. Nedhirou sait à présent à quoi s’en tenir, une fois cette crise dépassée. Il faut sauver l’hôpital public, si l’on ne veut pas aller au devant de grandes désillusions. Espérons que cette alerte soit sans frais et qu’elle nous serve de leçon pour l’avenir. Seigneur Dieu des bons enseignements, sauve la Mauritanie ! Elle est si fragile...
Ahmed Ould Cheikh