10 Mars 2020, fin de calvaire pour l’homme le plus célèbre du pays

19 March, 2020 - 00:22

Enflammés, les réseaux sociaux sont sur le point d’exploser, suite au partage, à la Une, des photos marquant le retour au pays du célèbre homme d’affaires mauritanien, Mohamed ould Bouamatou. C’est la fin d’un long feuilleton qui avait pris des formes, et aspects à multiples tentacules. À dimensions – administrative, juridique, sociale et humanitaire – variées, il fut des plus suivis, ces dernières années, par la classe politique, le monde des affaires, la presse, la finance internationale et le monde de l’art. Mohamed ould Bouamatou, l’homme qui n’était, jusqu’en 2009, connu que pour sa fortune et le label qu’il avait apposé sur la plus grande, la plus solide et la plus crédible institution bancaire de la Mauritanie la GBM, est rentré au pays. Les embouteillages aux alentours de sa demeure, les n’hiras dont le nombre ne se compte plus, les milliers de personnes, toutes tendances politiques et ethnies confondues en file indienne à lui tendre la main, prouvent combien l’homme en poupe des sondages manquait aux Mauritaniens, surtout à ceux qui l’ont soutenu dans les moments les plus difficiles par leurs prières, écrits ou chants à sa gloire. Ces indicateurs donnent un aperçu de la place que ce citoyen tient dans la vie nationale mauritanienne. Celui qui fut traqué un peu partout en Europe, par une chasse à l’homme lancée par des mandats d’arrêt frisant le ridicule, est en passe de devenir l’homme le plus célèbre du pays. Les années de braises – de vraies années de braises, celles-là… – durant lesquelles l’homme fut condamné à vivre loin de sa terre natale, loin des siens, loin de ceux qui lui étaient chers et loin des Mauritaniens qui lui restaient reconnaissants à vie, n’ont pas effrité la générosité et la bonté de cœur de cette personne, ni permis d’en abattre la tête mise à prix par un chef d’État dirigeant le pays d’une main de fer, onze ans durant. Si proche – trop proche…  – de celui-ci, celui qui fut chassé de chez lui par des injustices flagrantes, coups bas, montages et mises en scène politico-judiciaires plus surprenantes les unes que les autres, a tout au contraire résisté à tous les assauts, pour sortir vainqueur d’un combat à armes inégales contre un Président acharné à mettre en branle toutes sortes de mécanismes de l’injustice transfrontalière pour le réduire en cendres.

 

Justice instrumentalisée

Au-delà de son aspect injustifié, le conflit déclenché par Mohamed ould Abdel Aziz contre Ould Bouamatou aurait même pu se révéler une bonne guerre entre deux amis que rien ne devait séparer, en tout cas pas des questions matérielles ou financières. Malheureusement, ce qui aurait plutôt dû être un simple différend entre deux amis et frères conscients d’avoir beaucoup de temps et de choses à partager, dans une atmosphère amicale et parentale, s’est transformé en plaie purulente, infectée par des bassesses de toutes natures surgissant d’où l’on ne les attendait pas du tout, hélas. Regrettable. Tout ce qui ne s’est pas passé est fort regrettable. Mais à quelque chose malheur est bon. Ce qui s’est passé entre Ould Bouamatou et Ould Abdel Aziz nous servira de leçon. Pour nous rappeler ce que nous savions déjà : la société mauritanienne est bâtie sur l’intérêt et le profit, des trivialités qui souillent nos valeurs morales et religieuses. La preuve : beaucoup de ceux qui devaient, pour des raisons de grandeur sociale, religieuse ou éthique, se ranger dès le début du conflit entre les deux hommes du bon côté : celui de la vérité ; se sont retranchés derrière leur intérêt à court terme, soutenant le chef de l’État qui profitait de son pouvoir totalitaire pour faire souffrir son cousin et, au-delà, ses parents, ses proches, amis, partenaires et, plus grave encore, les milliers de mauritaniens à qui ce mécène rendait lumière grâce à sa fondation humanitaire et sociale.

Exilé, séparé des siens et de tous ceux qui en espérait réconfort moral et chaleur humaine, Ould Bouamatou fut torturé financièrement, économiquement, moralement et psychologiquement. Mais il fit toujours preuve de courage, résistance, patience et combativité. Comme le roseau face au chêne. Dans ce conflit qui l’opposa à celui qui régnait sur le pays sans partage, dans un climat de terreur et un environnement où l’injustice instrumentalisée était taillée à la mesure du pouvoir, des hommes sont tombés : sénateurs, journalistes, artistes, responsables, fonctionnaires et simples citoyens. Des hommes d’affaires accrochés aux multinationales de ce grand argentier sont aussi tombés en faillite, bousculés par des pressions judiciaires et financières. Mais, comme disait l’autre, les hommes dorment, pas Dieu. Et Celui qui veille à tout a décidé. Il a décidé de faire revenir en triomphe l’homme au pays. Chassé par l’injustice, la cupidité de certains, la malhonnêteté d’autres, par tout un tissu de mensonges et de diffamations injustifiables, Ould Bouamatou est aujourd’hui de retour. Un retour acclamé, soutenu, chanté, pour faire honneur au « dernier des Mohicans » rentré au pays la tête haute, digne, noble, et grand. Depuis ce Mardi gras du 10 Mars 2020, les sondages explosent, les youyous des femmes, les cris de joie des pauvres retentissent partout et se mêlent aux souhaits de bienvenue des riches accourus de toute la Mauritanie.  Parce que la Mauritanie a gagné et cette Mauritanie vit un carnaval de bonheur et de joie. C’est cette Mauritanie que nous aimons tous qui a remporté une victoire sur l’injustice et l’hypocrisie politique. Et le mérite revient à un homme : Ould El Ghazwani.

Celui-ci commence à se distinguer par des décisions justes, populaires et plus surprenantes les unes que les autres en ce qu’elles tranchent avec les injustices d’hier, la complaisance et  les préjugés archaïques. Voilà encore une preuve de ce que le nouveau Président est en train de désinfecter, lentement mais sûrement, l’atmosphère nationale polluée par une épaisse couche d’injustices, coups bas, trafics d’influence qui ont divisé les Mauritaniens, plongeant notre pays dans des querelles intestines à large spectre social ou politique, toutes inutiles et qui ne nous mènent à rien. Le retour d’Ould Bouamatou est un signal clair et perceptible lancé par le nouveau pouvoir à tous les Mauritaniens pour leur dire que rien ne sera plus comme avant. Tant mieux ! Chaque mauritanien injustement écarté ou puni se sentira en droit de bénéficier de la considération à laquelle il aspire ; c’est-à-dire, la liberté, la justice et l’égalité. Mohamed ould Abdel Aziz qui fut parfois poussé à agir, par lui-même,  contre son propre intérêt personnel et, par des proches malintentionnés, contre l’intérêt suprême de la Nation, vit aujourd’hui reclus, isolé, abandonné par ceux-là mêmes qui l’encourageaient, par leur complicité et leur malhonnêteté, à faire du mal, beaucoup de mal et de plus en plus mal, à des hommes politiques, des journalistes ou de simples citoyens. Il paye maintenant les pots cassés et récolte ce qu’il a semé. Ceux sur qui il s’appuya pour porter préjudice à Ould Bouamatou se succèdent au domicile de celui-ci,  exprimant, par leur présence physique, leurs regrets et repentir.

Mais Ould Bouamatou l’a dit. Il ne gardera aucune rancune envers ceux qui vendirent, pour des raisons matérielles ou de profit, leur dignité, leur grandeur et leur noblesse. Il préfère prier pour que le diable qui s’empare des êtres humains et leur dicte des décisions impopulaires sorte définitivement du Palais présidentiel, et donner au temps le temps d’exorciser ce lieu mythique dont tout occupant est capable de tout s’il n’est freiné par de très fortes valeurs morales et religieuses. Avec Ould Bouamatou, prions donc Allah le Tout Puissant pour  que le satan qui élit domicile au Palais lors de l’arrivée au pouvoir de Maaouiya,  pour induire  les présidents  dans des erreurs parfois fatales, ne s’empare pas du  marabout de Boumdeid ! Celui qui a promis, dans « Mes engagements » de diriger le pays avec équité, justice et amour de la Patrie commence à donner espoir, par des signaux certes encore faibles mais rassurants, à tous ceux qui croyaient que la Mauritanie était un pays perdu plus recyclable. Prions pour que cet espoir perdure ! Et agissons surtout, chacun en notre quotidien, aussi humble soit-il, à concrétiser le réveil dans le droit chemin, enfin, de notre Nation.

 Mohamed Chighali