Sélibaby : les inondations prennent de l’ampleur… alors que les causes sont connues.

5 September, 2019 - 06:34

Depuis quelques années, Sélibaby, la capitale régionale du Guidimakha subit des inondations. Nous appuyant sur l’étude réalisée par Dia  Hadi,hydrologue et  chef de service à la Délégation régionale de l’agriculture au Guidimakha, nous en avons déjà souligné les causes,en notre article « Alerte aux risques d’inondation ». Notre message était particulièrement adressé aux autorités administratives, élus de la région  et  décideurs : il n’a malheureusement pas été entendu.

Nous y revenons donc. Il est brûlant d’actualité avec la catastrophe que vit cette ville une nouvelle fois endeuillée par les eaux.Comprendra-t-on, enfin, les tenants et aboutissements principaux du  phénomène et prendra-t-on les mesures idoines pour mettre un terme définitif à la récurrence du sinistre ?

Premières causes, l’encombrement du lit de l’oued par toutes sortes d’apports de solides ; son occupation abusive, par des habitations ; le manque d’infrastructures d’assainissement de la ville. Monsieur Dia a très bien identifié les zones particulièrement à risque : quartiers d’Adala, Silo, Kothionkolé, Débaye Saïd et Marché municipal. Cette situation est accentuée par la réalisation, certes extrêmement importante, du tronçon reliant l’hôpital au centre-ville ; pour ne pas dire la route Kaédi-Gouraye via Sélibaby. Elle contribue et contribuera, si des mesures correctives ne sont pas prises,  à réduire la section absorbante et, par voie de conséquence, à élever la quantité d’eau s’écoulant du goudron dans les oueds. Par ailleurs, l’obstacle, même minime, bloque la dispersion naturelle des crues et provoque  des inondations dans les quartiers situés en amont.

L’impérieuse nécessité, pour toutes les populations du Guidimakha, de la route Kaédi-Sélibaby-Gouraye ne peut justifier un tel désastre, chaque année subi, par les populations, même après une simple petite pluie de 40 mm. Naguère, Sélibaby supportait, sans dommage, des précipitations dépassant les 100, voire 120 mm. Si l’inquiétude nous interpelle tous, chacun en particulier, elle doit mobiliser, en premier lieu, le conseil municipal, le conseil régional, les autorités administratives, les parlementaires et les ministères concernés.

Il n’est pas inutile de rappeler qu’en 2014, 2015 et 2016, de nombreuses habitations furent déjà envahies par les eaux de ruissellement, entraînant des dégâts matériels considérables. Ce tableau préoccupant ne fait et ne fera que s’aggraver, tant les ravinements ne cessent de se creuser, tant à l’intérieur de la ville qu’aux abords des oueds la ceinturant. Et avec l’intensification des changements climatiques, le cortège de malheurs et de désagréments que nous vivons déjà n’est pas prêt de s’arrêter.

Aussi, messieurs les décideurs, et sans nous poser en donneurs de leçon, réitérons-nous notre demande d’un comité d’alerte et de suivi, apte à prendre en charge les études nécessaires à une évaluation judicieuse des causes et impacts de ces inondations. Pour en introduire le débat, permettez-moi d’y adjoindre, en toute modestie, deux scenarii possibles et non exhaustifs.

A défaut de revoir la conception du tronçon de la route traversant la ville, le premier doit envisager un endiguement, de part et d’autre des oueds, pour contenir la montée des eaux de ruissellement. Cette solution sera accompagnée par l’aménagement d’un réseau d’assainissement des eaux pluviales en provenance de l’intérieur de l’agglomération et doit faire appel à une expertise de haut niveau, avec une bonne maîtrise des aspects hydrologiques.Le deuxième scénario se proposerait de construire un chenal de dérivation des eaux, réduisant notablement les quantités d’eau charriée par les oueds et limitant ainsi leurs débordements.

Amadou Bocar Ba/Gaynaako