Lettre ouverte adressée par la famille Hormatallah au président de la République au sujet de l’assassinat du Dr. Cheikh ould Hormatallah : Quelques commentaires

29 August, 2019 - 01:07

Le Calame a publié, en exclusivité, dans son édition du 21 août 2019, la lettre ouverte adressée par la famille Hormatallah au président de la République au sujet de l’assassinat du Dr. Cheikh ould Hormatallah.

L’opinion nationale s’est particulièrement intéressée à la genèse de ce drame. Elle s’est montrée solidaire de la famille dont elle partage, visiblement, sa version des faits. En témoignent les milliers de lecteurs, notamment sur les réseaux sociaux.

Voici quelques-unes des réactions des internautes sur cette mort qui reste entourée d’un mystère.

  1. Ancien officier de police judiciaire, ayant exercé longtemps cette fonction, renforcé en la matière par une solide formation en France, je confirme, sans l’ombre d’un doute, au vu de la lettre ouverte adressée à Son Excellence monsieur le président de la République relative à la mort du Dr. Cheïkh ould Hormatallah, qu’il s’agit d’un ASSASSINAT.

Ethmane ould Mohamed,

Colonel de gendarmerie, ancien Secrétaire Général du Ministère de la Défense Nationale.

Ancien président de la Cour spéciale de justice.

 

2.J’ai lu la lettre adressée par la famille de feu Cheikh Ould Hormatallah à son SEM Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Président de la république dans laquelle elle lui demande de bien vouloir donner ses instructions pour reprendre l’enquête sur la mort de l’Avocat feu Cheikh Ould Hormatallah.

Cette lettre se distingue par l’analyse pertinente des faits et circonstances et d’une logique irréfutable prouvant, sans équivoque, qu’il ne peut s’agir de suicide.

Connaissant personnellement le défunt, je me sens le devoir d’apporter un témoignage.

Les causes de suicide sont connues de tous. Les plus fréquentes sont l’échec professionnel ou politique, l’échec dans une compétition ou un examen, la faillite matérielle, l’impossibilité de payer de dettes cumulées, la souillure de l’honneur de la famille, forte dépression où le sujet commet par répétition des impairs, crainte de représailles ou peur d’être condamné pour un forfait déshonorant commis ou soupçonné d’être commis.

Aucune de ces causes n’était répertoriée chez l’avocat feu Cheikh Ould Hormatallah.

Par conséquent, il n’avait aucune raison de se suicider.

Il n’était pas endetté, Il n’avait pas d’ennemi, il n’avait aucune ambition politique, il n’appartient pas à un clan politique ou syndical pouvant lui créer des adversaires, Il n’en voulait à personne et personne ne lui en voulait, il se situait au-dessus des détestables règlements de compte.

Il avait réussi dans sa profession d’avocat. Le respect et la considération de ses confrères ainsi que des magistrats en témoignent.

Sa mission de professeur d’université n’était pas en reste dans sa réussite comme l’indiquent les propos élogieux de ses collègues professeurs ainsi que les témoignages de ses étudiants.

Les excellents ouvrages de droit pénal publiés peu avant sa mort, prouvent une parfaite lucidité et une pleine capacité intellectuelle.

L’honneur de sa famille était hautement préservé et elle vivait sereinement dans une harmonie enviable.

Sa foi religieuse était solide, il est mort en allant à la mosquée pour accomplir la prière de Vajr.

Accuser un tel homme de suicide, relève de l’absence de tout discernement et défie toute logique.

Maître Kebir Ould Vall, Avocat à la Cour

Ancien Directeur à la Banque Centrale de Mauritanie

3. J’ai lu avec attention la lettre ouverte adressée par la famille Hormatallah au chef de l’Etat au sujet de la mort, plus que suspecte, du Dr. Cheïkh ould Hormatallah.

J’ai été frappé par deux choses :

  1. La force et la pertinence de l’argumentaire développé par la famille qui exclut totalement la thèse du suicide ;
  2. L’amateurisme des enquêteurs et l’apparente complaisance du parquet. Tout ce monde s’est laissé fourvoyer dans cette sombre affaire qui, in fine, ne manquera pas, dans un Etat de droit, d’avoir de sérieuses conséquences.

Cette enquête, pour des raisons encore inexpliquées, était, sans doute, vouée, au départ, à être classée sans suite, Mais c’était sans compter sur la pugnacité et la détermination de la famille du défunt.

Tous les points susceptibles d’accréditer la thèse du suicide de l’avocat ont été démontés, les uns après les autres, d’une façon magistrale. Pour faire face aux conséquences d’une enquête bâclée qui a ému l’opinion publique, il revient aux pouvoirs publics de rouvrir ce dossier pour élucider cet horrible assassinat.

Brahim Salem Ould Lehbib, universitaire