Monguel et M’bout : le Gorgol à l’ATPC

25 July, 2019 - 02:24

Les populations rurales souffrent sous les effets conjugués de la défécation à l’air libre et du manque d’hygiène. Utilisant peu ou prou les latrines, précaires quand elles existent, ce qui  les  pousse à déféquer  dans leur espace vital, elles s’exposent ainsi aux maladies diarrhéiques. Pour stopper cette pratique dont l’éradication est inscrite dans  les Objectifs du millénaire pour le développement, en continuum aujourd’hui avec la SCAAP, les pouvoirs publics ont adopté, en 2009, une stratégie nationale  de l’assainissement où l’Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC) occupe une place de choix, dans l’amélioration   du  bien-être des gens. Approche novatrice, par sa pédagogie participative qui s’appuie sur toute une chaîne d’intervenants ; de la DA aux superviseurs et facilitateurs, en passant par  les Comité Villageois d’Hygiène(CVH) ; pour assurer un réel changement de comportement. Elle  offre également  l’opportunité, à la communauté,  de décider de la démarche à entreprendre, sans contrainte ni obligation, mais stimule le dégoût de la défécation à l’air libre, par sensibilisation  de masse et VAD (visite à domicile). Le  concept semble aujourd’hui bien compris par les populations  qui l’ont adopté, à grande échelle, en principe d’hygiène. Grâce à leur compréhension, celles des autorités administratives, départementales et communales, et à l’appui technique et financier  de l’Etat mauritanien,  l’Agence Française de développement (AFD) et l’Union Européenne (UE), l’espoir d’anéantir le péril fécal à l’horizon 2030devient peu à peu constat, à travers le projet Aftout ech-Chargui couvrant les wilayas du Gorgol et de l’Assaba.

 

Série de célébrations

Temps chaud et poussiéreux. Les populations de Kowb Balé, localité de la commune de Foum El Gleita (moughataa de M’Bout) sont sorties en masse pour marquer la déclaration officielle de leur localité et environs au statut« Fin de la Défécation à  l’Air Libre » (FDAL). Assistaient à la cérémonie  étaient madame Olga Kaboulei et monsieur Ethmane Ba, représentants de la Délégation de l’Union Européenne en Mauritanie ; les maires de M’Bout, Foum Gleita et Debaye Ehel Guelaye. Maître d’ouvrage, le ministère de l’Hydraulique, de l’hygiène et de l’assainissement était représenté  par son délégué régional, qui a souligné, dans son  adresse aux participants, l’engagement du gouvernement  à accompagner les initiatives pour venir à bout de la défécation à l’air libre à l’horizon 2030. « L’appropriation des bonnes pratiques par les premiers concernés», a-t-il fait remarquer,« ne peut que  renforcer cette volonté,  par son ancrage dans les habitudes ».Auparavant, les maires qui se sont succédé au micro ont magnifié le travail sérieux et participatif du Groupe de Recherche et de développement Rural (GRDR) et de Tenmiya chargés, respectivement, de l’ingénierie sociale et du suivi des ouvrages et de l’appui. Madame Mame Yacine, représentante du GRDR et cheffe de projet,  a rappelé que l’action cible, dans la moughataa, 28358 personnes réunies en2682 ménages. Avec 1501 nouvelles latrines auto-construites par celles-ci, avec l’expertise de maçons formés,  contre 445 latrines au départ du projet, « cette évolution relative ne doit pas nous faire oublier l’essentiel », a-t-elle déclaré. Dans la même veine, monsieur Sow Moussa, coordinateur régional de l’ONG Tenmiya, s’est  félicité du travail accompli et a annoncé que soixante-dix écoles doivent être équipées de blocs de latrines publiques associées à un dispositif de lavage des mains. Les populations ont fortement exprimé leur satisfaction, conscientes que la régression des maladies diarrhéiques et les changements notoires constatés, dans l’application des règles élémentaires d’hygiène, illustrent parfaitement la pertinence du projet.

Tout comme en la moughataa de Mbout, de telles cérémonies certifiées par le CRS se sont déroulées dans la moughataa de Monguel. En sonchef-lieu, bien sûr, mais aussi dans les communes de Melzem Teichett, Azgueilim et Moit, en présence du maire de Monguel, monsieur Moud ould Mah et de ses collègues desdites localités. Le projet Aftoutech-Chargui intervient dans les douze communes des deux moughataas. Les localités concernées sont respectivement de 149 et 135.Au regard de la cadence des activités, le taux de réalisation de latrines familiales, dans la moughataa de Monguel, est de 22%, soit 34 localités certifiées FDAL ; et de 62%,dans celle de M’Bout. Chaque localité FDAL dispose d’un panneau à fixer à l‘entrée du village, pour signifier, non seulement, le non-retour aux anciennes pratiques mais exprimer, aussi, un engagement fort à continuer sur la voie choisie. Un diplôme attestant le statut FDAL lui a été également remis, honorant la participation de  sa communauté à ce projet de salubrité publique.

Même si des difficultés subsistent, variables selon les  zones, il n’en demeure pas moins que les uns et les autres sont rassurés par la vigilance accrue des CVH issus de la communauté qui peuvent solliciter, à tout moment, l’expertise des cent vingt maçons formés  dans chaque moughataa, pour les besoins du projet.

                                                                                              Biry Diagana CP Gorgol