Autour d’un thé : Il y a longtemps....

7 March, 2019 - 00:30

On raconte qu’il ya longtemps –très longtemps, bien avant 2008 et 2009 – deux grands amis, très intimes et qui avaient tout fait ensemble, depuis qu’ils s’étaient connus (et ne me dites surtout pas que c’est évident : comment auraient-ils pu faire quoi que ce soit ensemble, s’ils ne se connaissaient pas encore ? Bonjour Lapalisse. Garde à vous, mon Général ! ) –bref, ces deux compères furent surpris, dans la forêt, par une très forte averse. Drue. Inlassable. Obstinée. Les deux amis cherchent refuge, n’importe où. Ils tombent sur une hutte peule habitée par  une femme et ses enfants. Les deux phénomènes s’assoient dans un coin du refuge d’infortune. Comme par hasard, un des deux, cherchant, sans savoir ni quoi ni pourquoi, dans les ténèbres de la case, tombe sur une grosse calebasse pleine de couscous encore fumant que la femme vient de « débarquer du feu ». Sans transition,  il s’en remplit la bouche, une fois puis deux, avant de tenter une troisième. Et d’informer son ami de l’aubaine. Celui-ci lui répond : « La illaha illallah, prends-en une poignée et donne-m’en  une autre ». C’est un peu comme dans une maison de passe. Il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui passe en premier. Un peu, comme on dit, le tour de rôle. Chacun trouve ainsi son tour au coiffeur. C’est le rang. Les grands derrière. Les petits devant. C’est comme ça. Ainsi va la Mauritanie. Une fois les Zwayas. Puis les Guerriers. Puis encore les Guerriers. Puis les Zwayas. Puis encore les Zwayas. Puis encore les mixtes. Puis les civils. Puis les militaires. Puis les militaires. Et puis encore les  militaires. Un jeu de passe-passe. Prends un et donne m’en un autre. Comme cette histoire de l’oie qui est venue, a pris son gâteau et est partie. Puis deux oies sont venues, ont pris deux gâteaux et sont parties. Extra. C’est comme ça : Une passe d’armes entre généraux, comme un passe-droit. Ah oui, vous diront certains, mais Aziz est l’ami de Ghazwani. Ils ont tout fait ensemble. Depuis qu’ils se connaissent. Deux phénomènes. Il faut bien que l’un vienne avant l’autre. Pour ne pas se bousculer. Exactement comme quand deux verbes se suivent. L’un d’eux doit, impérativement, se mettre à l’infinitif. Avant de se conjuguer au présent, quand l’autre n’est plus conjugable  qu’au futur. On dit que toute chose, quand elle atteint la limite, se termine. Se rétrécit comme peau de chagrin. Fond comme beurre au soleil. La preuve : l’UPR. Quelqu’un me disait que le candidat-président, tout nouveau tout beau, a déclaré qu’il fera en sorte que tous les Mauritaniens vivent dans le bien-être. Il ya dix ans, son alter ego promettait de distribuer équitablement la justice. Ce qui, soit dit en passant, n’est pas très clair.  On peut distribuer de l’argent ou, à la limite, des miches de pain, des kilogrammes de riz, des hectolitres d’huile, du savon, des niébés, des mangues, des cartes de recharge, des teeshirts, du poisson, du sel, de la viande saoudienne, des terrains à Tarhil, des matraques, des pièces détachées, des accessoires de vidange et d’entretien pour les voitures de la TV Mauritanienne, des pneus, des quotas de poulpe, des balles réelles, aux brigades anti-répression, ou des armes à feu, aux clubs de tir à la cible, des dons et subventions, aux associations dédiées aux enfants autistes, ou n’importe quelle autre chose. De concret. Pédagogiquement, c’est ça. Du concret. Le peuple a besoin de ça. Pas de facétie. Pas de dribble. Pas de leurre. Distribuer la justice ou donner le bien être… Quel idiot va dire autre chose que ça ? La promesse, c’est comme la contraction de la dette. Le jour où on la prend, on remue la touffe et le jour où on doit la rendre, on se mord les lèvres. Maintenant et comme disent certains, il ne faut préjuger de rien. Il faut attendre dix ans pour savoir si Ghazwani aura tenu promesse ou non. Les cinq premières années suffiront, juste, à venir au Palais puis organiser un dialogue puis contenir les contestations de la légitimité de son élection puis aller se soigner, en France, pour une balle au pied ou à la jambe, puis opérer des visitations, à l’intérieur et à l’extérieur puis préparer sa réélection à un deuxième mandat qui finira en 2029. Puis à dissoudre un éventuel UPS ou UPK ou UP n’importe quoi. Comme quoi, « l’eau n’est que de la source ». Salut. 

Sneiba El Kory