Autour d’un thé : Trente ans encore ?

21 February, 2019 - 00:32

A l’impossible, nul n’est tenu. C’est comme si l’on disait : jusqu’à ce que le chameau entre par le chas de l’aiguille ou : si l’opposition remporte l’élection présidentielle de 2019, au premier ou deuxième tour… Il ne faut préjuger de rien. Même si… quand même… Bon, allons-y : on ne dit rien, il faut attendre et voir. Celui qui n’est pas dans la bataille est brave, il va frapper comme ci et comme ça. Feinter comme cela, entrer par ci, sortir par là. Celui que les spécialistes de la lutte gréco-romaine appellent le lutteur de l’abord. Les candidats de la présidentielle sont comme les moutons de l’autre : l’un n’a pas encore parlé, le second ne s’est pas encore déclaré. Puis encore un troisième n’est pas arrivé. Pas plusqu’un quatrième, un cinquième, ni même un sixième. Les camps se regardent en chiens de faïence. Il ya ce qui se dit en haut. Il ya ce qui se murmure en bas. Il y a, même, ce qui bruit dans les têtes. Les frictions internes à la majorité. Les guéguerres habituelles des oppositions. Il y a les empêcheurs de tourner en rond. Les fauteurs de troubles. Les nageurs en eaux boueuses. Les marchands d’illusions. Les calculateurs machiavéliques. C’est un peu ça : gros banquet organisé par ci, en l’honneur des Ehl Charg ; grosse rencontre supervisée par là, pour les Ehl Guebla. Les Gens du Sud (entendez les Lekwar) se préparent à la mobilisation.  Ehel Essahel entrent dans la danse. Ehel Lebrakna« surani » (pas trop sûr), avec la candidature d’un de leurs fils. El Bhidhane El beiedh (Les Maures tout blancs) et les El Bhidhane El Kehel (les Maures tout noirs), comme aime à dire quelqu’un de ma connaissance, sont partagés. J’avoue qu’il y aura vraiment grande confusion, puisqu’un Maure blanc peut être noir et vice versa. Alors, autant laisser un Maure, un Maure incolore indolore et sans saveur. C’est d’ailleurs comme ça qu’ils ont toujours été. Tout ça pour dire que chaque pays a sa propre démocratie, avec ses forces et faiblesses. Ses réalités et spécificités. La démocratie, ici, ce n’est pas comme la démocratie au Sénégal. Exactement comme le tiéboudiène, ici, n’est pas comme le tiéboudiène, là-bas. Ici, par exemple, on peut faire campagne électorale, alors qu’on n’a aucun papier d’état-civil pour voter. Comme un oncle à moi, qui ne mangeait pas le poisson mais mangeait son riz. C'est-à-dire qu’en « frappant » le riz, il évitait de toucher le poisson, en prenant même le soin de se boucher les narines, pour ne pas sentir son odeur. Mais il mangeait quand même le riz. Histoire de dire que je ne mange pas la charogne mais que je bois son eau (sa sauce). Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ! Ça, c’est pour dire que les Wade, Mugabe, Bouteflika, Nguesso et autres devaient nous inspirer, pour ne pas mettre, de sitôt, nos admirables doyens hors d’état de perdre avant un certain âge. « Essetra mahi damne ezegual ». La politique, ce n’est pas comme le football. En politique, ce ne sont pas les pieds et les muscles qui comptent, c’est la tête. Bien faite. Bien pleine. Bien sereine. Maintenant et pour revenir aux choses sérieuses, l’essentiel, c’est d’avoir un Président. C’est un peu comme pour une barque, quoi : juste un capitaine, pour voguer vers quelque part. Bon port ou mauvais port. « Les vents soufflent », disent bien les Arabes, « par ce que n’aiment pas les bateaux ». Les peuples sont comme les vents. Certains vont te dire : c’est quand qu’on va finir avec l’armée ? » ; et d’autres te diront : « c’est quand qu’on va finir avec les civils ? » La différence, entre les militaires et les civils, c’est la discipline. Les militaires sont rompus aux sports de groupes. C’est la solidarité. C’est : « tu es mon ami ». Dans les années soixante-dix, les enfants des villes te disaient « Aftak », pour avoir droit à finir une cigarette. Dix ans de Mohamed ould Abdel Aziz, puis dix ans de Mohamed ould Cheikh Mohamed Ahmed, alias Ghazwani, puis encore dix ans de Mohamed ould Meguett, Puis encore dix ans de Mohamed Cheikh Mohamed Lemine... En tout cas, Mohamed est bien là. Encore trente ans, donc, pour que l’opposition s’organise, se discipline et trouve l’argent d’arriver au pouvoir ? Puisque le temps, pardine, c’est de l’argent… Salut.

Sneiba El Kory