Le nouvel arrêté pour le règlement du calvaire de l’enrôlement toujours sans suite

20 February, 2019 - 01:09

De nombreux mauritaniens, surtout ceux qui sont issus de certaines communautés, vivent un véritable calvaire pour accéder aux  documents d’état-civil biométriques, depuis le début de l’opération d’enrôlement
au milieu de l’année 2011.
C’est sur la base de ce constat désolant que le ministre de l’intérieur et de la décentralisation prit un  Arrêté numéro  08 193 du 19 décembre 2018 instituant « des Commissions Départementales et
Communales d’Appui à la Commission Nationale  chargée du règlement des problèmes liés à l’enrôlement ».
 A signaler que la structure nationale créée fin 2017 à quelques semaines de la célébration du 57é anniversaire de l’indépendance nationale dans la ville de Kaédi, est composée de  trois (3) personnalités, et  dirigée par Thiam Diombar,  conseiller à la Présidence de la République.
L’arrêté du ministre de l’intérieur,  créant les commissions départementales et communales a été pris dans un contexte politique particulier,  caractérisé par la fièvre d’un troisième mandat, pourtant  constitutionnellement impossible, au profit du  président Mohamed ould Abdel Aziz.
Déclenchée au mois de mai 2011, signale-t-on,  l’opération d’enrôlement de tous les citoyens mauritaniens, menée par l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS), est l’unique voie  d’accès aux documents d’état-civil biométriques.
Les méthodes de travail des agents de cette institution, caractérisées par une absence de règles uniformes écrites,   connues et applicables à tous, avec notamment  des exigences variant d’un bureau à l’autre, ont fait  l’objet de nombreuses critiques dont certaines n’hésitaient pas à dénoncer « un génocide biométrique ».
 Les nouvelles commissions devraient  permettre de dépasser toutes ces récriminations. Celles-ci ont été déployées  pour le moment dans quatre (4) régions : le Brakna, le Gorgol, l’Assaba et le Hodh Oriental. Ces nouvelles  structures sont sur le terrain et ont débuté le travail, pour certaines, en début de semaine.
 La commission Communale est placée sous la présidence du  maire.
Les membres sont constitués par les   responsables des  centres d’accueil des populations des communes, les imams de mosquées et les chefs de villages.
 Quant à la Commission Départementale,  elle est  présidée le préfet (Hakem) et comprend les chefs d’arrondissements, les maires de communes et  les responsables des centres d’accueil des populations.
La commission communale a pour  mission « de  recenser, examiner et compléter tous les dossiers soumis par les citoyens » qui seront transmis aux commissions départementales, selon l’arrêté du ministre de l’intérieur et de la décentralisation.
Les  Commissions Départementales « sont  chargées de vérifier, compléter et pré valider les dossiers transmis par la Commission Communale ».
Les dossiers pré validés sont transmis  à la Commission Nationale qui procède  à la validation définitive.
A  la fin de l’année 2013, les chiffres officiels des mauritaniens recensés dans le cadre de l’opération d’enrôlement  ont atteint  2,5 millions, sur une population totale de 3,5 millions d’habitants, selon
les chiffres de l’ANRPTS.
Une indication plus actuelle, permet de constater que sur une commune rurale  de la vallée du fleuve Sénégal  peuplée de 11.000 âmes, plus de 3500 individus courent encore dernière « le précieux  sésame » que représente l’attestation d’enrôlement.
Ces sans papiers trouvent ainsi  une ultime  « chance » d’exister grâce à l’intervention de personnalités issues du terroir et connaissant bien  les populations, à la place des agents  venus d’ailleurs, sans aucune  connaissance des populations locales, qui condamnaient beaucoup de citoyens à vivre les affres du rejet.
Une fois retombée la fièvre du troisième mandat, les autorités semblent rangées dans les tiroirs les actes ayant donné naissance aux commissions départementales et communales.
Plus grave, profitant d’une visite du Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Ahmedou ould Abdallah,  effectuée à Kaédi il y a quelques semaines,  certains élus du Gorgol  ont émis des doléances relatives à la prise de  mesures pratiques rapides  pour  un fonctionnement effectif des nouvelles structures chargées de faciliter
l’enrôlement.
Mais dans sa  réponse, le ministre de l’intérieur  n’a pas dissipé les inquiétudes.
 Mr. Ould Abdallah est  passé complètement à côté de la plaque, en évoquant au détour  d’une phrase,  des allégations  insidieusement distillées sur les réseaux sociaux, faisant  état d’enrôlement d’étrangers.
Tout cela semble accréditer la thèse suivant laquelle la volonté de règlement de la question de l’accès à l’état-civil, un droit élémentaire pour les citoyens du pays,  devait être conditionné à un vote en faveur d’un candidat prétendant à un  mandat désormais rangé au musée des chimères.
 A signaler que lors de son dernier passage à Kaédi, le ministre de l’intérieur a avancé un chiffre de 3,5 millions de  citoyens enrôlés, estimant ainsi que tous les mauritaniens sont dans le fichier, en référence au chiffre du Recensement Général sur la Population et l’Habitat (RGPH), effectué en avril 2013.

AS