La députée Coumba Dada Kane à l’adresse du premier ministre: « Cette DPG est loin de la réalité et des urgences de l’heure »

25 November, 2018 - 20:03

Voici le discours que l’honorable députée, Mme Coumba Dada Kane aurait

 pu prononcer, lors du passage du premier ministre. La réduction du temps  de parole (onze minutes à chaque groupe parlementaire) n’a pas permis à l’élue de dire ceci au premier ministre.

Pour Mme Kane, « cette déclaration de politique générale (DPG) se devait de prendre en compte les préoccupations des mauritaniens confrontés  à de multiples problèmes notamment d’esclavage, de marginalisation de citoyens  réduits au rang de citoyens de seconde zone ».

« Malheureusement, cette DPG truffée de faux chiffres est loin de la réalité  et des urgences de l’heure. C’est la même rengaine  qui est réchauffée à  chaque occasion. Un discours de changement et de rupture était fortement attendu mais il ne fut pas au rendez vous », déplore Mme Coumba Dada Kane.

 Voici le texte

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Etant députée du peuple et représentante de la famille des droits de l’homme, je voudrais attirer votre attention sur les défis majeurs que vous devrez relever face à la récurrence des violations des droits humains en Mauritanie.

Monsieur le Premier Ministre, aujourd’hui en Mauritanie, le recours systématique à la torture par les éléments des forces de police et de gendarmerie et sa banalisation par les autorités judiciaires et administratives inquiètent les défenseurs des droits de l’Homme. Les arrestations arbitraires, les détentions provisoires exagérément prolongées, les très mauvaises conditions carcérales ainsi que les atteintes aux libertés de presse, d’association et de conscience se

sont multipliées durant les dernières années.

Monsieur le Premier Ministre, je voudrais attirer votre attention sur :

 1.    La cherté de la vie

M. le Premier Ministre, les mauritaniens sont devenus de plus en plus pauvres, ils peinent à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.A quoi bon construire tant de marchés à Nouakchott, après avoir bazardé des édifices de l’école publique, quand le pouvoir d’achat des citoyens avoisine le zéro.

Notre économie est en mal, en grande partie, à cause de cette corruption qui gangrène toutes les sphères de l’Etat en réduisant à néant l’efficacité des actions du gouvernement mais aussi de ses agences affiliées.

Je voudrais que notre auguste assemblée exige des autorités l’assainissement de la gestion des affaires publiques et diligente des enquêtes indépendantes sur les cas de corruption de grande envergure révélés par des médias.

 2.    Le racisme d’Etat

Ceux qui le dénoncent deviennent, malheureusement, de jour en jour crédibles. M. le Premier Ministre, s’il vous plait, jetez un coup d’œil à la composition du gouvernement que vous dirigez.

3.    la persistance de l’esclavage et de son déni.

La poursuite des pratiques esclavagistes en Mauritanie est accompagnée du déni fait en permanence par les hautes autorités ce qui, malheureusement, favorise et encourage la non application des lois criminalisant ces pratiques inhumaines.

 4.    l’impunité des auteurs de la tentative de génocide (de 1989 à 1991)

La souffrance des rescapés et ayants droit est sans commune mesure du fait du silence culpabilisant des autorités face à l’impunité des auteurs et commanditaires de la tentative de génocide dont le règlement réconcilierait à coup les mauritaniens demandeurs d’une réelle unité nationale.

5.    Sur la torture et les traitements dégradants et humiliants

Le recours à la torture et aux mauvais traitements par les éléments des forces de police et de gendarmerie est banalisé aujourd’hui dans notre pays. Les cas de torture et de mauvais traitements avérés sont constamment signalés par les détenus et/ou leurs conseils ainsi que par les ONG de Droits humains.

6.    Les arrestations arbitraires, les détentions provisoires de longues durées, les très mauvaises conditions carcérales sont devenues monnaie courante.Le cas de l’honorable député Biram Dah Abeid en est la meilleure illustration.

7.    Les atteintes aux libertés de presse, d’association et de conscience

Monsieur le Premier Ministre, on assiste à une forte recrudescence des atteintes aux libertés de presse, d’association et de conscience du  fait des autorités policières et judiciaires ; le seul objectif de ses atteintes est de réduire au silence toute voix discordante face au régime que vous représentez ».

Mme Coumba Dada Kane

Députée à l’Assemblée Nationale