Elections 2018 au Hodh : Aioun perdue, Kobenni bascule, Tamchekett acquise, Tintane vacille

13 September, 2018 - 00:33

Au Hodh Elgharbi, les résultats du premier tour des élections de 2018  ont mis à nu la réalité du parti au pouvoir dont le nombre de votants est loin des chiffres  atteints par bourrages lors de ses opérations d’adhésion. Un premier fait. Sanctionné dans certaines circonscriptions  pour le mauvais choix de ses candidats, l’UPR a tout simplement récolté ce qu’elle a semé. Second constat. Conséquences : L’UPR a perdu Aioun la très symbolique commune centrale, citadelle de tous les appétits qui tombera inéluctablement soit dans le giron de la coalition de l’opposition (Hatem, Tawassoul, UFP et Elmoustaghbel) soit dans celui de l’UDP, les deux listes qualifiées pour le deuxième tour et qui se livrent une tacite et rude bataille. Il va en ballottage  dans toutes les autres communes urbaines des capitales départementales : Kobenni (avec El Wiam), Tintane (avec Elkarama), Tamchekett (avec l’UDP). Même scénario (second tour) dans  15 communes  rurales sur les 23 que compte la Wilaya (6 à Aioun, 6 à Kobenni, le reste à Tintane).

Sa liste aux régionales va croiser le fer au deuxième tour avec une liste de Tewassoul.

 

Aioun perdue :

A Aioun les candidats UPR aux législatives : l’ingénieur Hamadi Ould Tibari et l’homme d’affaires Oumar Ould Ahmed Said installé en chine où il gère un grand centre  commercial (import/export) aux ramifications un peu partout (Imaginez à quoi pourra lui servir un passeport diplomatique) sont enfin passés avec un score très serré soit un peu plus de 51% des voix. Il faut tout de même souligner les réclamations et recours introduits par Tawassoul qui s’estime victime d’une injustice notamment dans le bureau de vote de Mint Chweydini (300 inscrits) perdu dans les dunes de l’Awkar et dont le président a ramené l’une fermée sur plus de « 200 bulletins nuls ».

Quant au candidat UPR pour  la commune centrale, le professeur Amar Ould Mohamed, choix du général Misgharou, il fut éliminé au premier tour. Une première depuis l’avènement de la démocratie dans le pays vers les années 90 où la commune centrale d’Aioun sort de l’escarcelle  du parti au pouvoir. Très contesté à la base, ce maire sortant s’est vu imposer par le sommet.

Non sans conséquences. La tendance rivale dirigée par l’ancien inspecteur de l’enseignement Mohamed Mahmoud  Ould Hamadi a  saisi l’opportunité et su profiter du mécontentement ambiant au sein de la grande masse électorale mécontente du choix du général qui tenait coûte que coûte  à faire passer son candidat sans coup férir. Vainement. Il, c’est-à-dire Ould Hamadi a donc présenté une liste sous les couleurs de l’UDP dirigée par Mohamed Ould Sidahimdatt, maire de Bennimane (une commune rurale) et qui  a puisé essentiellement son électorat de l’UPR.

D’autres candidats choisis par le général Misgharou pour lui-même ou pour Mohamedou Ould Cheikh Hamahou Allah par procuration sont également sortis de la compétition au premier tour. Il s’agit des têtes de listes UPR dans les communes de Medbougou, Hassi. Les seuls candidats qui lui restent dans la course sont ceux d’Egjert (commune rurale du département d’Aioun) et de Kobenni (commune centrale) tous les deux en ballottage défavorable. Le premier avec une liste du parti des libéraux mauritaniens. Le second avec la très populaire et redoutée députée Fatma Mint Ely Mahmoud qui défend les couleurs du parti E lWiam et réélue pour un deuxième mandat avec le plus grand nombre de voix loin devant l’éternel  candidat de l’UPR, Babah Ould Ahmed Babou répêché à la sauvette. Le troisième député Moussa Ould Bewe a gagné sous les couleurs du Sursaut.

 

Kobenni bascule 

La déroute de l’UPR aurait pu être plus  grave. Le parti au pouvoir a failli perdre la représentation au sein de la future assemblée et avec elle la commune de Kobenni  n’eut été la présence de l’ancien ministre et diplomate, Hamadi Ould Meymou  qui a élu domicile à Kobenni durant toute la campagne et s’est investi  pour faire passer les listes de l’UPR. Dans ce département jadis fief des partis au pouvoir, la percée de Mint Ely Mahmoud  et  le retrait de Ould Chekh Hamahou Allah, qui ne s’affiche plus politiquement, combinés aux mauvais choix de l’UPR pour ses candidats, ont contribué à l’émiettement de ce réservoir électoral qui est entrain de basculer dans le camp de l’opposition ou en tout cas sortir de son giron habituel. La députée d’El Wiam, Fatma Mint Ely Mahmoud, cette dame d’acier très populaire à Kobenni, a gagné les cœurs et les esprits des citoyens grâce à des actions de bienfaisance  menées en dehors des saisons électorales. Sa percée à Kobenni a indisposé le géneral qui faisait de certaines contrées sa chasse gardée l’obligeant à  chercher un allié de circonstance pas n’importe lequel : le chérif de Nioro, son ennemi d’hier. 

Sacrifiant au passage ses alliés traditionnels pourvu qu’il trouve la bénédiction du chef spirituel. Mais le marabout n’est pas facile à rouler. Maintenant la politique l’intéresse peu ou pas.

Les calculs du général ont été faussés. Et Mint Ely Mahmoud a battu ses candidats à Medbougou et Hassi disqualifiés au premier tour  et menace celui de Kobenni dont le seul recours reste l’ancien ministre et diplomate Hamadi Ould Meymou. Réussira t il à relever le défi  comme il a su très bien faire pour Babah à la députation ? Le deuxième tour est dans quelques jours.

 

Tamchekett  acquise 

C’est à Tamchekett où les candidats de l’UPR comme on pouvait s’y attendre ont eu le moins de problèmes. Leur choix a fait l’objet d’un large consensus local.

En effet les députés sortants, Taleb Moustaphe Ould Elbou et le richissime homme d’affaires  Mohamed Lemine Ould Bahah,  propriétaire de Mauricenter à Nouakchott  ont déclaré qu’ils ne sont candidats à rien et passent le flambeau à  leurs cadets ou dauphins. Bel exemple d’alternance. Résultats : ces candidats consensuels  à la députation : maitre Ahemdy Ould Hamady et Abderrahmane Ould Sabar ont réalisé le plus grand score. L’UPR  a aussi gagné dans les communes rurales de Sava, Gaatteydoume, Elmebrouk et Radhi.

Par contre, pour le maire de la commune de Tamchekett, Mohamed Ould Hartane reconduit par l’UPR, la majorité des électeurs ne lui a pas renouvelé la confiance. Il va en ballottage avec une liste UDP.

 

Tintane vacille

A Tintane ancien fief du parti Tawassoul, le richissime homme d’affaires  Sidi Mohamed Ould Seyidi qui a croupi ou plutôt s’est aplati sous le fardeau des impôts (fisc), converti UPR mais dont le cœur vacille entre ses convictions et les intérêts du moment  et  Oumelkheyri Mint Ghazwani une parachutée dont le nom de famille justifie son intrusion sur l’échiquier politique ont assuré les deux fauteuils de députés UPR, le troisième est revenu au parti Tawassoul en la personne de Ould Taleb Nave.

Dans ce département, le parti au pouvoir a perdu les communes de Dev’a et Agharghare qui ont voté Tawassoul largement au premier tour.

Dans la commune centrale, la liste UPR est en ballottage avec une liste du parti Elkarama dirigée par le maire sortant Mohamed Lemine Ould Khatry.

Moustapha Bechir

Cp Hodhs