Implantation de l’UPR: Aleg, une forteresse de racisme et d'injustice

24 June, 2018 - 02:53

Il y a quelques mois, Mohamed Ould Abdel Aziz a formé une commission à laquelle il a confié la délicate mission de refonder le parti de l'Union Pour la République. Pour cela, des missions ont été envoyées à travers tout le pays pour superviser de tapageuses opérations qui ont rassemblé plus à des actions d'embrigademment qu'à des campagnes d'adhésion volontaire à un parti politique. Quasiment aucun fonctionnaire civil ou militaire n'a été "dépassé " puisque le concours de tous (ministres, hommes d'affaires, notables....) était nécessaire pour engranger le maximum d'unités de base et d'adhérents dont le nombre aurait atteint plus d'un million. Avec le dernier décret pris au dernier conseil des ministres convoquant le collègue électoral pour des élections officiellement fixées entre le 17 août et la mi septembre, le parti de l'Upr a envoyé de nouvelles missions chargées de procéder au choix de ses futurs candidats aux élections législatives, municipales et régionales. Ce qui s'est toujours passé à Aleg depuis les premières élections de 1987 à maintenant dénote d'une volonté manifeste, visiblement encouragée par tous les systèmes à laisser faire une bande de féodaux dont chacun place ses proches (frères, cousins, beaux frères ou autre) avec la complicité des émissaires du parti et de l'administration locale. C'est pourquoi depuis l'enclenchement du processus démocratique, les postes électifs ne sont revenus qu'à des individus issus de ces milieux féodaux. L'élection de sidi Ould Yowma comme député il y a plus de vingt ans ou le choix de l'actuel secrétaire général du ministère de l'intérieur et de la décentralisation pour briguer la mairie d'Aleg est une exception qui confirme cette vulgaire règle et qu'expliquent d'autres considérations qui ne sont pas très à propos ici. À titre d'exemple depuis qu'il existe, le poste du sénateur  de la ville d'Aleg n'a jamais profité qu'aux membres d'une seule famille et jamais de mémoire d'Alegois, les nominations à toutes les hautes fonctions n'ont jamais profité qu'aux fils de chefs de tribus ou assimilés comme tels . Pourtant, cela est incontestable, la ville d'Aleg est composée majoritairement de Harratines dont beaucoup de grands cadres dont beaucoup ont toujours été et continuent à être membres des partis au pouvoir. Le premier ministre issu de cette communauté l'a été sous l'intermede de Sidi Ould Cheikh Abdallahi lorsque le parti APP a proposé Mohamed Ould Ahmed Ould Yarg au portefeuille de la jeunesse et des sports. La coalition politique  contre nature formée lors de la dernière implantation de l'Upr que dirige le ministre des finances,  avec le ministre de l'équipement (qui s’est rabaissé au point de devenir un appendice) et les autres groupes était essentiellement, comme l'a reconnu l'un de ses éminents membres, concoctée pour empêcher que le jeune secrétaire général du ministère  de l'intérieur ne devienne "l'image d'Aleg ". Selon les indiscrétions de la commission chargée de proposer des noms à la candidature aux postes électifs au niveau d'Aleg, les mêmes scénarios de partage sont entrain de se dérouler: tel ministre plaçant son frère pour être candidat à la députation et tel notable organisant une réunion pour promouvoir le fils de telle famille pour briguer la mairie et tel poste revient tout naturellement à telle tribu puisque cette part revient à ces marabouts. Tout ça avec la bénédiction de l'État qui laisse les forces rétrogrades et racistes faire leur forfaiture et disqualifier de larges couches populaires dont le seul tort est de ne pas être nées chefs de tribus ou de marabouts ou de ne pas avoir eu l'opportunité d'avoir détourné suffisamment d'argent pour avoir voix au chapitre. Ce qui se passe à Aleg est certainement ce qui se passe partout en Mauritanie avec la bénédiction d'un État voyou parrain d'une si grande imposture.

Sneiba El Kory