Grace présidentielle

18 June, 2018 - 14:20

Comme à la veille de chaque fête religieuse, le président annonce une grâce en faveur de plusieurs prisonniers généralement de droit commun. Il ya quelques jours, juste avant la fête de l’Id El Fitr, Ould Abdel Aziz n’a pas failli à la tradition en ordonnant la remise en liberté de soixante douze pensionnaires des prisons nationales. Même si cette mesure est politique et relève de la seule discrétion du président, normalement, celui-ci doit s’astreindre  à ce que l’éligibilité à cette faveur requiert un certain nombre de critères que les candidats devraient remplir dont entre autres la durée qui reste au prisonnier et son comportement au cours de sa détention. Mais de sources très proches de la justice, généralement la confection des listes des prisonniers devant bénéficier de la grâce est l’objet de très fortes interférences de personnalités très influentes, d’une part et d’avocats et de magistrats d’autre part dont certains font de cette opportunité un véritable fond de commerce qui leur permet de soustraire aux parents des détenus des sommes substantielles contre leur inscription sur la liste que le président ne reçoit souvent que quelques heures avant sa publication afin d’apposer son paraphe. Ainsi, chaque année des trafiquants de drogue, des délinquants de tout acabit, des voleurs de grand chemin qui n’ont parfois même pas purgé quelques mois des lourdes peines que la justice leur a infligées sont élargis pour aller récidiver après avoir acquis le temps d’un petit séjour en bagne de nouvelles techniques de délinquance et de banditisme . Pire, la grâce présidentielle englobe parfois des criminels qui finissent par tuer sauvagement d’innocentes personnes. De sources policières, au moins deux à trois des crimes odieux commis ces dernières années comme celui de la femme tuée au crépuscule dans sa boutique du marché de la capitale l’ont été par des criminels graciés par l’Etat à l’occasion de l’une des fêtes. Ceci explique peut être cela. La recrudescence de l’insécurité à Nouakchott est un secret de polichinelle. C’est maintenant en plein jour que les bandits opèrent en tuant, violant ou volant dans certains quartiers populaires et même résidentiels de Nouakchott. L’assassinat encore pas élucidé de feu docteur Cheikh Ould Hormatallah fait encore froid au dos. Les braquages des agences bancaires de la BMCI il ya moins d’une année et d’Attijari Bank il ya juste quelques jours sont des preuves éloquentes  de la déliquescence sécuritaire en Mauritanie. Et ne nous dites surtout pas que le pays est un exemple dans la sous région en termes de lutte contre le terrorisme puisqu’un adage populaire bien de chez nous nous viendrait systématiquement à la tête : ‘’Qu’avant de chercher les oiseaux en envol, cherchons d’abord les oiseaux ‘’posés’’.