Recensement à vocation électorale (RAVEL) : Un autre branle-bas

31 May, 2018 - 05:04

Le puzzle  des prochaines élections locales se met petit à petit en place. Quelques semaines après  son installation, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) s’apprête à lancer le Recensement À Vocation ÉLectorale (RAVEL) dont  l’objectif est d’établir  une nouvelle liste électorale avec deux opérations majeures : dépoussiérer l’ancienne (2013), en la purgeant  des morts, et y ajoutant ceux qui  ont atteint l’âge de  voter, depuis les dernières  élections locales et présidentielle ; fonder de nouveaux bureaux.  La CENI vient de signer, en ces objectifs, un protocole avec l’Officie Nationale des Statistiques  (ONS) qui piloterait l’opération. Pendant ce temps, elle doit parachever de recruter son personnel.

Cette phase est d’une  importance capitale, pour tout scrutin qui se veut transparent. Après la collecte des données par l’ONS, on procédera  à  la publication de la liste officielle, dit« fichier électoral ». L’opposition, qui ne cesse de réclamer l’audit de celui-ci, ne ratera certainement pas l’occasion de trouver à redire. Ne disposant pas de membre dans la structure de contrôle des opérations électorales, l’opposition dite radicale (FNDU et le RFD)  y entamera probablement sa contestation  des élections.

Le gouvernement mauritanien a annoncé la couleur, en faisant  savoir, à l’opposition,  que des observateurs étrangers ne seraient pas invités  à surveiller nos élections. Suspecté de vouloir orchestrer une énième fraude, il sera d’autant plus observé à la loupe. Et si tant est qu’il  tienne à des élections  crédibles, le gouvernement  doit  veiller à la  production  d’un fichier électoral transparent qui verra l’opposition, mise à l’école de la gestion du processus  et qui conteste même la légalité de l’instance d’organisation  et de contrôle, sur le qui-vive, à l’affût de toute occasion d’en épingler les failles  et de dénoncer sa  « partialité ». Lors des dernières élections, l’Agence Nationale du Recensement  de la Population et des Titres Sécurisés (ANRPTS)  avait été  suspectée de « collusion » avec la CENI, dans la  « manipulation »  du   fichier  électoral,  en faveur du parti au pouvoir.

 

Transformer l’essai

Sur le terrain, l’enjeu sera, pour les acteurs politiques, de convaincre les Mauritaniens à s’inscrire sur les listes électorales. L’UPR qui a enrôlé plus d’un million d’adhérents aura un gros challenge à relever : celui de transformer l’essai en victoire. Ceux qui ont mobilisé et transporté les citoyens, lors des opérations d’adhésion, doivent  s’assurer que  ces potentiels électeurs se sont inscrits  dans leur bureau de vote. Ils doivent ensuite  mettre en place, le moment venu, d’onéreux plans de transports.  Ceux qui n’ont pas fini  de cicatriser les saignées  de  la réimplantation  connaîtront  une année  plus  que difficile  et  coûteuse. Un haut cadre du parti-État s’est plaint de la manière dont la campagne de réimplantation  a été organisée. « Pour soulager les acteurs », estime-t-il,« il fallait organiser  toutes les  opérations en un seul coup : sensibilisation, adhésions, mise en place des structures  et élections des instances supérieures. Beaucoup  ont laissé des plumes, au cours de cette implantation et  ça n’est pas prêt de  s’arrêter ». 

On se rappelle que le nombre d’inscrits, lors des  élections municipales et  législatives 2013, s’élevait à 1.189.105, sur une population estimée à 3.359.185 habitants,  mais seules 878.693 personnes avaient voté.  Avec la décision du FNDU de participer aux élections 2018 mais, aussi, des petits partis proches du pouvoir  qui  craignent de ne pas bénéficier  des subventions  de l’Etat  et de disparaître, en conséquence, de la scène politique, pour non-participation à deux élections  successives, on peut s’attendre, cette fois, à cohue. C’est dire que la CENI aura un autre défi, celui de la confection des  bulletins, vu le nombre de partis politiques qui devraient part aux prochaines élections.

DL