Autour d’un Thé: Des êtres ordinaires

12 April, 2018 - 00:39

Les présidents sont donc comme tous les hommes. Des êtres ordinaires qui mangent et boivent. Des personnes comme toi et moi. « Toi et Moi », les photos-romans très en vogue à la fin des années soixante-dix. Les présidents sont ; donc, disais-je, des hommes ou des femmes qui peuvent s’aventurer, c'est-à-dire connaître des aventures, à l’instar d’Ombrax, l’homme aux mille visages ; Rahan, le fils des ténèbres ; Rodéo, Nevada, Kiwi, Blek, Tarzan ou autre. Les présidents peuvent donc se muer en aventurier, clown ou prestidigitateur. Bref, des êtres communs. Qui peuvent aller au stade comme aux toilettes. Vraiment, un président peut être n’importe qui. Juste une personne comme le commun des mortels. Dire la vérité ou ne pas la dire. Si ce n’était outrage, je dirais même, mentir. Il peut aimer, il peut haïr, il peut rire, il peut pleurer. Il peut vendre, comme il peut acheter. Vivre en exil, après avoir été déboulonné par ses hommes de confiance ; retomber dans l’anonymat total, au point que personne n’en parle. Cette affaire de président est très éphémère. Une carapace qui peut sauter à tout moment. Allez, hop, Président ; va te faire voir ! Regardez Ben Ali et, avant lui, Bourguiba. Regardez Mugabe et sa généreuse Garce – Oups ! Lapsus calami – Grâce. Un président peut même se faire battre aux élections. Par un opposant, SVP. Oui, oui, ça peut arriver. Et ce n’est pas parce que c’est rare ou que ça n’arrive qu’aux autres : regardez du côté de la Sierra Léone. Chez nous, combien de présidents de 1958 à maintenant ? Une bonne pelle. Des bons et des méchants, des intelligents et des moins intelligents, Des civils et des militaires – surtout des militaires – et des entre/entre, ni civils ni militaires : C'est-à-dire des civils qui pensent en militaires et des militaires qui pensent en civils. Où sont-ils nos présidents ? Évidemment, l’un d’entre eux est encore au perchoir. Mais pour combien de temps encore ? Qui s’avancera à me répondre est le plus grand des menteurs : même l’intéressé ne sait pas encore. La mort, l’exil et l’anonymat : voilà le destin des présidents. Comme tous les hommes, finalement. Ou encore la prison. Aïe ! Comme de vulgaires bandits : Lula, Hosni Moubarak, Mohamed Morsi… L’histoire rattrape souvent les ex-présidents. Heureusement que les juges brésiliens ne viendront jamais s’installer chez nous ! Sinon, pour une simple petite affaire de « pourboires » glissés à Président, pour huiler l’obtention d’un marché, là, ils mettraient des cordes au cou de tous les « passeurs ». Aujourd’hui président ; demain opposant, prisonnier, exilé, anonyme ou cadavéré. Passible, donc, de tout ce qui peut arriver à n’importe quel individu ordinaire. Sinon, Premier ministre de son ancien Premier ministre, comme Poutine ; député à l’Assemblée nationale d’un pays qu’on a gouverné pendant douze ans, comme Wade, ou poursuivi pour très haute trahison, comme Jammeh. Finalement un président, ce n’est pas plus grand que cela. Regardez Sarkozy, il parle bien, s’habille bien, tout propre sur lui, à première vue. Bien formé et tout et tout. Et paf ! Mis en examen. Mais, vous savez, un malheur ne descend du ciel qu’avec une femme à l’origine, comme on dit chez nous. Référence probable à cette histoire de pomme et d’Éden, d’Êve et Adam. Derrière tous les coups d’État, chez nous, il y a, paraît-il, au moins toujours une femme. Mais il y a, surtout, l’argent. Cinquante millions d’euros de Kadhafi. Cinquante millions de l’Arabie saoudite,  devenus « œil blanc », juste après le départ de Sidi. Deux cents millions de dollars pour le wanted Senoussi. Comme quoi, un président, c’est un homme ordinaire. Ni plus. Ni moins. Certains présidents sont même très ordinaires. Celui du FNDU a déclaré que le Front va participer aux prochaines élections législatives. La nature a horreur du vide. Rebelote. Éternel recommencement. Participation/Légitimation. Fraudes massives. Protestations. Marches. Forum National pour Sauver la Démocratie en Mauritanie : FNSDM en place de FNDU. À vos marques. Prêts ? Re-départ vers l’inconnu ! Salut.

Sneiba El Kory