25 mars, journée de réconciliation nationale: «Cette journée est pour nous, une occasion de faire un bilan d’étape mais aussi d’envisager la suite du processus», déclare le SG de COVIRE, Sidibé Abou

23 March, 2018 - 13:41

Le collectif des rescapés et victimes de la répression des années 89/91 (COVIRE) va célébrer, le dimanche 25 mars, le 9e anniversaire de la journée dite de «réconciliation nationale ». Une occasion  pour  faire le  point sur  les acquis de la lutte des rescapés, des veuves, des orphelins  et des  rapatriés volontaires (Mooyto koota),  en somme, un bilan d’étape, mais également  d’envisager la suite du processus, explique le secrétaire général du collectif, l’ex lieutenant  de  la gendarmerie,  Abou Sidibé. Pour  lui, la célébration de cette année est placée  sous un signe particulier puisque les militants et sympathisants vont  passer en revue l’ensemble des acquis, depuis la reconnaissance à Kaédi, le 25 mars 2009 par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, de la responsabilité de l’état dans les actes graves  commis, aussi bien dans les villages, villes, hameaux, mais également  dans  les casernes militaires  et sa volonté de  solder le « passif humanitaire ». Et Sidibé Abou d’ajouter : « nous profiterons de cette journée pour  réaffirmer notre position sur le processus et sur ce qui en reste, mais également  notre soutien au président de la République  pour  avoir  décidé  de prendre cette question en charge. »

A l’occasion de cette journée, les rescapés, les veuves, les orphelins  et autres sympathisants  se retrouveront, toute la journée,  au siège du collectif pour  se recueillir et pour débattre des voies  et moyens  de faire  évoluer  les  autres dossiers  en rade.                                                                       

Pour rappel,  à la veille de la prière des morts célébrée, le 25 mars, à Kaédi,   un accord cadre avait été signé au Palais de la République entre les responsables du collectif et la présidence de la République. Un accord censé régler  ce douloureux dossier, mais qui  hélas a  conduit à scission de COVIRE.  La pomme de discorde  reste  la gestion  du dossier. Certains  de  ses  membres estiment  que seul  le « devoir  de  réparation » a été pris en compte, alors qu’eux réclamaient  le « devoir  de vérité», « devoir  de justice », « devoir de mémoire »  et   «devoir  de  réparation ». Il s’agit en réalité de recourir  à la justice transitionnelle  pour solder  le « passif humanitaire ». Seul en tout cas, un volet aura connu un début de solution. Un voile  continue à entourer ce qui  s’est réellement passé dans les casernes  militaires (devoir de vérité et de justice).

Après la prière de Kaédi, la  présidence de la  République  a procédé, par le billet de son  « monsieur passif humanitaire », à l’époque le général Dia Adama  au payement  des  « réparations ». Un geste personnel du président Aziz, entendait-on dire à l’époque et dont la modestie  et la gestion ont  accentué le malaise qui couvait  depuis la signature, dans la nuit de l’accord cadre COVIRE, Présidence  de la République. On connaît la suite. Peu après, le gouvernement décide de clore unilatéralement le dossier au grand dam des  intéressés qui continuent à réclamer que la lumière soit faite sur cette période douloureuse de la Mauritanie.

La question que les observateurs se posent  est de savoir  à quoi sert la célébration  de  cette journée  qui n’a presque rien de « nationale ». Seuls les rescapés, les veuves, les orphelins  et les ayants droit des victimes célèbrent cette journée, dans la division et en présence d’une délégation du commissariat  aux droits de l’homme. Et pour organiser les festivités,  les intéressés  doivent courir  pour décrocher  de  maigres moyens auprès du gouvernement.