Autour d’un thé: La vie et la mort

22 February, 2018 - 00:43

La mort, a dit je ne sais plus qui, fait partie de la vie. C’est un peu vrai : même après la mort, t’as encore des comptes à rendre. Et là, c’est très grave, impossible de jongler, feinter ou mentir. Là-bas, pas de tribu, pas de généraux ni même caporaux, femmes influentes, partis de la majorité. Quand tu meurs, ça y est, c’est fini. Yaweylak. Tout va sortir. Ou, du moins, tout va rester. Les gens vont partager. Toi, tu vas aller t’expliquer. Tu vas tout justifier. Et puis, ce n’est pas comme avec l’Inspection générale où tu peux connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un de la tribu de quelqu’un qui est avec quelqu’un dans la même commission de restructuration du parti pour te faire sortir de certains problèmes… Mais là-bas, derrière, la vie après la vie... C'est-à-dire quand tu meurs, il n’y a ni majorité ni opposition ni civil ni militaire ni communauté ni tribu. Ya que toi avec « pas rien ». Et puis, ça peut être le jour…ça peut être aussi la nuit. Alors, il ne faut avoir peur ni des ténèbres ni des sous-sols infestés de reptiles ou de n’importe quoi. Les gens courent pour ne pas mourir, louent des avions médicalisés, pour éviter la mort aux hauts responsables. Mais ils meurent quand même, comme les pauvres des kebbas qui n’ont même pas de quoi se faire transporter d’urgence dans une salle de dispensaire en brousse pour se faire administrer, par un apprenti infirmier, des médicaments contrefaits et périmés. Ma grand-mère disait : « Oh combien l’Au-delà est si proche d’Ici-bas ». Une reformulation pédagogique de « combien la mort est proche de la vie ». Il faut bien qu’on parle de la mort pour « casser » les cœurs de ceux de nos gens qui oublient qu’ils vont y aller, là-bas. Sans galons. Sans comptes bancaires. Sans troisième mandat. Sans partis politiques. Avant, il y avait, ici, des gens plus beaux. Plus puissants. Plus gradés. Mais ils l’ont bel et bien franchi, le Rubicon de la mort. C’est imparable. Alors, évitons de mentir, médire ou tricher. Les commentaires, après chaque Conseil des ministres, attention ! Là-bas quand les ministres y partent, il n’y a plus de Son Excellence ni prodigieuses réalisations de ceci ou cela. Chacun pour soi et Allah pour juger tous ! Chaque âme est prisonnière de ses actions. Surtout mentir, ce n’est pas bon. Par exemple, à propos des élections de 1992, moi, je suis curieux de savoir les gens qui sont partis là-bas, de l’autre côté, comment ils ont justifié les résultats, surtout ceux de Kobenni. Ceux qui sont encore là, aujourd’hui, doivent réfléchir à de bons arguments, avant de partir, on ne sait quand mais sûrement, là-bas, pour justifier ce qui s’est passé en Août 2017, lors du referendum. Même les journalistes doivent faire attention à ne pas raconter des histoires fausses et erronées. Parce que les journalistes, eux aussi, ils y vont là-bas. Dernièrement, il y a deux trois ou quatre jours de cela (vous voyez, je suis prudent, là…), le vice-président du FMI ou de la Banque Mondiale (je ne veux pas dire de conneries avant d’aller là-bas…) a déclaré que la dette extérieure de la Mauritanie est entrain d’atteindre un seuil critique, à 73% du PIB, sans compter ce que les Koweïtis nous réclament et qui pourrait la faire atteindre les 93% dont parlait l’opposition. Les responsables économiques, comme le ministre de l’Economie et des finances, le gouverneur de la Banque centrale, et ceux de la propagande, comme le ministre de la Culture, porte-parole du gouvernement, nous affirment que tout va très bien, madame la marquise, nos caisses sont « très » pleines et il n’ya pas le feu en la demeure. Qui croire ? En tout cas, tout le monde : le Président, les ministres, les députés, les journalistes,  les experts, les consultants, les missionnaires du FMI  de la BAD du FADES, les gens de la HAPA, le comité de gestion du fonds d’aide à la presse, les directeurs généraux du Budget, du Trésor, de la douane, des impôts, les conseillers à la Présidence, à la Primature, aux cabinets des ministères et encore et encore vont y aller, un jour ou une nuit, là-bas. Seuls. Alors, attention, les gars !  Et les filles, aussi. C’est ça, la vraie parité des genres ! Salut.

Sneiba El Kory