M. Boubacar Ould Messaoud, président de Sos Esclaves : ‘’Nier l’existence de l’esclavage ne fait qu’accentuer la haine, renforcer les divisions entre les descendants d’esclaves et le système en place’’

1 February, 2018 - 01:31

‘’Architecte de formation, Boubacar Ould Messaoud s’est lancé très tôt dans le combat politique et la lutte contre l’esclavage en Mauritanie. Après Action pour le Changement (AC), le parti dirigé par Messaoud Ould Boulkheir et dont il est l’un des fondateurs (un parti qui sera interdit par Ould Taya), Boubacar fondera  SOS-Esclaves en 1995, une ONG dont la vocation est d’aider les anciens esclaves à s’insérer dans la société et à recouvrer leurs droits. Un combat noble qui lui vaudra de nombreuses distinctions comme le Prix des Droits de l'Homme d’Antislavery International (2009) et de la République Française (2010).

 

 

Le Calame : Dans le cadre d’un reportage qui  nous a conduits dans les squats et chantiers de Nouakchott habités essentiellement par   des familles Harratine démunies, nous avons été surpris d’entendre de leur bouche qu’elles  ne connaissent  les organisations  de défenses des droits de l’homme, notamment celles qui  disent défendre les  anciens  esclaves  qu’à travers la télévision ; ils leur reprochent même de faire de leur malheur, un fonds de commerce. Votre organisation est pionnière en la matière, que peut-elle répondre à ces  familles qui vivent dans la grande précarité ?

Boubacar Messaoud : Je crois que les gens méconnaissent la mission que s’est assignée SOS Esclaves et qui consiste à venir en aide aux  victimes de l’esclavage  et qui désirent  sortir de la servilité et qui viennent  vers nous. Nous les accompagnons et leur offrons conseils, assistance juridique, et cherchons pour eux des assistances auprès de Tadaamoun  sur présentation d’un document  signé par la justice, mais force est de constater et déplorer,  cette agence ne  nous donne plus de subsides, depuis quelque temps. Parce qu’elle veut faire croire au monde qu’il n’y a pas d’esclavage en Mauritanie, ou  de sorte que les victimes s’adressent directement à elle. Donc ce sont ces victimes de l’esclavage là que nous aidons, parfois hélas jusqu’à leurs  tombes. En effet, il nous arrivé d’accompagner et d’assister des personnes malades et qui sont  mortes  sous nos yeux.

Nous avons créé SOS pour éviter justement cette confusion, nous ne sommes pas une organisation alimentaire, mais une organisation de secours des victimes de l’esclavage et de violation des droits de l’homme qui décident de lutter contre cette pratique abjecte. Nous avons eu des victimes à Nouakchott, un peu partout dans le pays, Rosso, Boutilimit, M'Beikett  Lahwech, Néma, Nouadhibou, Atar etc. Nous ne sommes contre personne, nous sommes contre l’injustice tout court  quelle que soit la victime.

 

-La question de l’esclavage continue à vous opposer au pouvoir qui  nie son existence  et votre organisation qui  dévoile de temps en temps des cas. Comment cette question est perçue aujourd’hui par les anciennes victimes ou celles qui  vivent encore dans la servilité ?

-La promulgation de l'ordonnance de 1981, les lois criminalisant l'esclavage de 2007 et de 2015 et la création des tribunaux spéciaux constituent autant de preuves que l'esclavage existe en Mauritanie. Nous déplorons cependant l’attitude du gouvernement actuel qui s’évertue ou s’obstine comme ses prédécesseurs à nier l’existence de l’esclavage, à refuser notre coopération pour l’éradiquer complètement. Mais le problème, c’est que ces tribunaux n’existent que sur le papier. Ils ne sont pourvus d’aucun personnel, contrairement aux autres tribunaux spéciaux, notamment ceux contre la corruption, terrorisme et autres  qui sont dotés de personnel et de moyens. En empêchant ces tribunaux de fonctionner signifie pour le gouvernement qu’il n’existe pas de cas  dans le pays, ce qui  est un gros mensonge. Ce qu’on a vu, il y a quelques mois en Libye pourrait bien se passer ici, si cela ne se passe pas déjà sous le manteau.  Parce que nous sommes dans la même situation ici, dans la même zone géographique. Nous vivons ici dans des sociétés profondément inégalitaires. Ce n’est pas une question d’Arabe ou de Noir, mais une question de système, avec des populations  encore en retard  du point de vue développement ; c’est un handicap pour nous qui combattons ces inégalités, parce que l’Etat qui devrait être garant de l’égalité entre les citoyens  est hélas du côté des esclavagistes. L’Etat ne veut pas reconnaître que l’esclavage existe alors que nous le vivons au jour le jour. Nous sommes une société qui aspire au développement, par conséquent,  l’Etat doit  accepter  de regarder la réalité en face ; il doit affronter les problèmes au lieu de nier une vérité qui crève les yeux. Depuis vingt cinq ans, il s’obstine à nier l’existence de l’esclavage ; j’ai pour ma part commencé à dénoncer cette pratique abjecte, avant  la création de SOS Esclaves, en 1995. Bien avant ça, nous dénoncions cette pratique avec EL HOR. Pourquoi ce déni ? Pourquoi, si cette pratique que nous dénonçons et présentons des cas avérés n’existe pas, on ne nous embastille pas définitivement pour dénonciation calomnieuse ? Je pense que l’Etat devrait nous permettre de travailler avec lui pour faire disparaître définitivement l’esclavage. C’est  nous  qui  avons obtenu, en 1980, l’abolition formelle de l’esclavage, mais on a continué à croire que la solution pour calmer la contestation est de procéder à la nomination de certains Harratines. Cela ne fera pas arrêter la lutte pour l'émancipation  et la libération des Harratines. Les ministères  de l’intérieur et de la  justice ont perdu le procès de Rosso  parce que qu’il  a été prouvé qu’effectivement l’esclavage existe bel et bien, et que ce n’était pas une question de communauté ou de groupe.  Et c’est suite à ce procès retentissant que le gouvernement de l’époque a pris le 9 novembre 1981, une ordonnance abolissant l’esclavage. Je tiens ici à rappeler qu’on nous a envoyé à Rosso pour que l’opinion internationale puisse assister, à partir du Sénégal, au procès, afin d’entendre ce que ''ces cadres Harratines ambitieux avaient comme arguments''. Nous étions sous un régime d’exception et c’est pourquoi, c’était une Cour spéciale qui nous a jugés. Certaines dispositions de l'ordonnance de 1981  comme l'indemnisation des maîtres prouvent que les autorités considèrent que l'esclavage est légitime. Pour nous, notre conviction est que notre religion. L'Islam ne considère pas licite la réduction d'un musulman en esclavage par un musulman. Depuis toujours, nous sommes accusés de faire de la question de l'esclavage un fond de commerce, de la manipuler alors que ce que nous faisons c'est juste d'aider à l'émancipation et à la prise de conscience des esclaves qui veulent se libérer. Ce sont ceux qui nous traitent de cela qui sont des menteurs et esclavagistes puisqu'ils veulent que l'esclavage continue ou disparaisse miraculeusement. On nous a enfermés, on nous a  insultés, comme on nous  insulte aujourd’hui, en nous traitant de menteurs, en nous accusant de faire de l’esclavage un fonds de commerce ; mais je tiens à dire que dans notre société, les menteurs sont très nombreux ; la classe féodale ment, elle qui n’a pas encore fait sa mue, elle continue à tricher et  croit  que tout le monde fait comme elle. Si comme ils veulent le faire croire, l’esclavage est un fonds de commerce florissant, alors pourquoi on ne vient nous le disputer ? Pourquoi certains se refugient  derrière cette pratique, parfois même en se considérant comme chrétiens  pour obtenir des papiers leur ouvrant les portes des USA, du Canada et de l’Europe ? Parce que tout ce qui leur permet d’avoir de l’argent est licite. Allègrement !  Le fait de nous accuser de faire de l’esclavage un fonds de commerce doit cesser, parce que ça n’a aucun sens, il s’agit purement et simplement d’allégations mensongères. Ce qui est essentiel aujourd’hui, c’est que nous continuons à lutter contre cette barbarie, pacifiquement. Pour nous, tous les mauritaniens sont utiles et indispensables à ce pays, aucun mauritanien ne peut être considéré ou traité d’étranger ; nous sommes des défenseurs des droits de l’homme, nous venons à la rescousse  à  tout mauritanien, blanc ou noir, nous sommes disposés à assister n’importe quel être humain, chrétien ou musulman,  cela n’est pas contradictoire, et nous, nous  sommes tous des musulmans ou nous prétendons l’être, il n’est pas admissible que des musulmans réduisent d’autres musulmans en esclavage. L’islam est venu libérer l’homme, non pour l’asservir. Il me semble bien qu’au temps du prophète Mohamed (PSL), l’esclavage avait été déclaré inadmissible. Il a fallu que le prophète et ses principaux Khalifes  meurent pour cette pratique barbare  réapparaisse.

 

Quelle appréciations vous faites des  actions posées par le gouvernement pour éradiquer totalement  ce qu’il qualifie de « séquelles » de l’esclavage en Mauritanie ?

-L’Etat a fait beaucoup de choses ou prétend avoir fait beaucoup de choses, nous pouvons dire qu’il a fait beaucoup de choses  qui prouvent qu’il  y a donc quelque chose. L’Etat a fait voter une loi pour criminaliser l’esclavage, ce n’est pas suffisant parce que on a toujours aboli cette pratique sans la faire disparaître. Après l’adoption de cette loi, il a promu beaucoup de personnes parmi les harratines qui luttaient contre l’esclavage ; l’un d’eux  a même  été nommé premier ministre, un autre a été promu ambassadeur aux USA et moi-même, j’ai été nommé conseiller du ministre de l’habitat et de l’hydraulique alors que j’étais dans la rue. Mais pourquoi tout ça ? Parce que nous sommes dans un pays esclavagiste et tout ce qu’on vous fait  est considéré comme un cadeau, pas parce que vous le méritez. La lecture que l’homme de la rue, de la tente ou  de la case se fait des nominations des cadres Harratines se fait à travers le prisme de la  récompense. Pourquoi ? Parce que nous avons un Etat féodal et le chef régit tout. Nous ne voulons pas de cela, nous voulons  que des gens soient reconnus dans leurs  droits, soient  considérés  comme des êtres normaux, des citoyens à part entière au même titre que les autres composantes de ce pays.

En 20 ans, nous avons promulgué deux textes criminalisant l’esclavage, nous avons dans la foulée créé 3 tribunaux qui sont une véritable mascarade parce que leur objectif inavoué n’est pas d’éradiquer l’esclavage, mais de tromper l’opinion internationale. Pourquoi je le dis ? Parce que rien n’est fait pour les rendre opérationnels, on a tout simple nommé un président et un greffier. Là aussi, on a la prétention de  bien respecter le dosage avec un tribunal présidé par un négro-africain, un tribunal présidé par un Hartani et un tribunal présidé par un arabe blanc, je suis obligé de dire un arabe blanc parce qu’il des arabes noirs dans ce pays ou qui prétendent l’être. Contrairement à ces 3 tribunaux  sur l’esclavage, tous  les autres sont pourvus de personnel et dotés de moyens pour fonctionner. On nous reproche de n’avoir pas des cas,  ce qui n’est pas vrai, nous en avons fussent-ils pas nombreux. En effet, depuis que ces tribunaux existent, plus de cinquante  cas sont  en souffrance devant eux, sans jamais être programmés pour le jugement. Ces cas  existent à Nouadhibou, à Nouakchott et ailleurs et dont les présumés auteurs se promènent librement, placés grâce à l'indulgence du cousin en liberté provisoire  dans le pays. Pourquoi on ne les programme pas ? Parce que l’Etat veut faire croire à l’opinion internationale que l’esclavage n’existe pas dans ce pays. Mais comme il faut quand même jouer le jeu, seul le tribunal de Néma a siégé sur un cas. Qui veut-on tromper? En tout cas pas nous qui allons voir  régulièrement le procureur général pour lui demander pourquoi ces cas pendants devant la justice ne sont pas programmés comme dans les autres tribunaux. J’interviens aussi  auprès du ministre  de la justice pour demander qu’on programme ces cas, il le promet  mais hélas, sans  suite. On nous laisse entendre souvent qu’il faut que ces cas soient retirés des tribunaux ordinaires pour pouvoir être programmés devant le tribunal spécial sur l’esclavage, mais cela ne demande pas une journée ou une  semaine, encore qu’aujourd’hui, trois ans se soient déjà écoulés. Nous disons, face à ces obstructions que ces juridictions sont la preuve qu’on veut manipuler l’opinion internationale, non pas pour éradiquer ou dissuader les esclavagistes.

Dans ce pays, tout président qui prend les rênes  du pouvoir  tente et s’évertue à nier l’existence de l’esclavage, mais nier l’existence de l’esclavage ne fait qu’accentuer la haine, renforcer les divisions entre les descendants d’esclaves et le système en place. Cela nous inquiète parce que les générations montantes n’ont pas besoin de moi ou d’autres pour comprendre ce qui se passe dans ce pays, c’est visible et  grave. Les générations montantes  vivent chaque jour l’exclusion, que ce soit dans l’armée, dans la gendarmerie, dans la douane, dans l’information et la formation, dans les banques, à l’école, à l’université, pour avoir les bourses,   c’est partout l’exclusion. Le   danger nous guette, l’extrémisme violent  de ces jeunes, qui vivent cette exclusion aussi.

Et moi,  je suis mauritanien à part entière, je constate aujourd’hui que l’attitude du pouvoir c’est de tout faire  pour conserver  le pouvoir, de perpétuer ce système, de garder les esclaves et leurs descendants sous l’emprise des esclavagistes ; le vrai problème c’est ça  et je suis farouchement  contre ; mais, je  ne vais voir personne, je ne dérange personne chez lui, mais si quelqu’un vient me voir pour se plaindre des pratiques esclavagistes, je vais avec lui, parce que je me dis  que ce  qui  s’est passé dans ce pays en 1989 ne se reproduira pas ;  nous travaillons contre cela pour que demain on n’utilise pas les harratines contre des noirs, qu’on n’utilise pas les harratines contre les blancs. Nous ne voulons plus que les harratines aient dans leur tête cette attitude ou ce réflexe de servilité,  et c’est ce qu’on nous reproche. Le système veut conserver les esclaves et leurs descendants  sous l’emprise des féodalités. Si les esclavagistes ont  le pouvoir,  c’est parce qu’ils maîtrisent le vote des esclaves et de leurs descendants. C'est pourquoi ils refusent leur émancipation. Et  c’est ce qui  est capital pour eux ; mais ils doivent comprendre que la libération  suit son cours, elle  va se faire d’une manière ou d’une autre  et rien ne pourra l’arrêter. Et c’est dommage que nous acceptons de courir  les risques  d’une  confrontation, le risque d’un conflit ethnique ou racial. Mais qu’on me comprenne bien, l’esclavage n’est pas un problème de maure et d’arabes, je n’ai jamais considéré que c’est un problème entre ces deux composantes.

 Moi, je suis du fleuve, je sais que les négro-africains sont autant esclavagistes que les arabes, qu’aucun d’entre eux ne peut donner des leçons à l’autre sur cette question. Je n’ai jamais caché ça, qu’on ne me reproche pas d’être partisan de qui que ce soit. J’ai dit en 1987 que ma peau noire n’était pas un programme politique. C’est pour vous dire que la couleur de ma peau n’a rien à avoir avec ma vision des  choses, je suis militant des droits de l’homme et je suis du côté des opprimés, et je reconnais que dans  ce pays, il y a  des arabes honnêtes, je les côtoie et je travaille avec eux dans le respect des différences et dans la justice et l’égalité.

Je tiens enfin à dire que les actions faites par le gouvernement, pour être crédibles et impacter sur la vie des populations,  doivent procéder d’une volonté politique réelle, non de simples velléités.

 

-Vous présidez le Manifeste pour les droits Harratine qui a fêté son 3e anniversaire. Quelle évaluation vous faites de cette structure ?

  Après le décès de notre frère Mohamed Said Hamody, je devrais, en tant que vice-président, hériter de la charge de président du Manifeste, en attendant la désignation d’un successeur par un congrès. Mais quelques jours après le décès, une crise a éclaté, à cause des gens qui ne voulaient pas eux que j’assure l’intérim  alors que moi-même je ne m’étais  pas prononcé  sur ceci ou cela ; eux se sont prononcés  et  m’ont  déclaré  indésirable à la tête du Manifeste. Ceci s’explique par le fait peut-être que je ne suis pas l’initiateur ou membre fondateur du manifeste alors que  eux  le sont, mais moi je n’ai pas de complexe à adhérer à une structure que je n’ai pas créée  quand  je suis convaincu que  cette structure peut apporter quelque chose d’utile et de positif  pour la communauté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai accepté sans avoir de préjugé  de présider le Manifeste. Pourtant lors de la création du Manifeste beaucoup avaient estimé que nul autre que moi ne pouvait présider le Mouvement, mais j’étais persuadé à l’époque que Said Hamody pouvait apporter quelque chose au Mouvement. D’ailleurs, je n’étais même pas  présent à la cérémonie de désignation du président Said, je n’ai même pas été consulté pour ce choix, mais quand j’ai appris la nouvelle, j’ai applaudi, parce que comme je l’ai dit, Said pouvait apporter quelque chose de positif au groupe de Harratine que nous sommes, il pouvait apporter du crédit au Mouvement aussi bien au sein de la composante Harratine mais aussi  rassurer les aux autres composantes du pays. J’ai donc été enchanté par le choix opéré par le petit groupe qui  s’était réuni alors que j’étais en mission à Atar. Je n’en ai pas fait un problème, par contre quand Said est décédé, on a fait de  Boubacar  un problème pour la succession. Alors là, j’ai décidé de résister parce que j’ai compris que ce petit groupe n’avait rien à avoir avec la question Harratine, c’est un groupe qui a un projet qu’il fallait combattre, ils  ne sont pas Harratines au sens  noble du combat que nous, nous menons ;  ils n’ont jamais pris part au combat avant et  s’ils lèvent la tête aujourd’hui, c’est tout simplement pour diviser les Harratines. Pour moi, je considère que la question Harratine est une question objective que nul ne peut nier ou refuser, même si  on a voulu y introduire tous les anciens  administrateurs  et autres  retraités, tout cela pour noyer le poisson.  Je pense qu’on ne peut  empêcher ou refuser aux Harratines  le droit de se constituer en une communauté nationale comme les autres, je me bats pour cela, qu’on me pende ou qu’on me laisse tranquille, ou qu’on me félicite, cela ne me détournera pas de cet objectif, de ce combat que je mène. Nous avons un passé certes, nous  savons que nos parents  ont été  asservis, mais, aujourd’hui, nous sommes indépendants et savons où nous  aller.

Pour moi, le Manifeste est un  donc  cadre de concertations et de  débats d’idées, un lieu où on cherche des solutions aux problèmes des Harratines, mais ce n’est là l’essentiel, l’essentiel  c’est  la marche des Harratines vers l’édification d’une composante  sociale  et  ethnique  distincte des autres. Et comme je l’ai dit tantôt, cette marche a commencé et rien ne l’arrêtera.

 

-Vous avez reçu la visite de Biram Dah Ould Abdeid, il y a quelques jours. De quoi est-il venu vous parler ?

 

-Effectivement, Biram m’a rendu visite et nous avons échangé sur diverses questions d’actualité. Mais, même si  nos chemins se croisent sur un certain nombre de sujets, je tiens quand  même  à dire tout de suite que Biram est acteur politique, tandis que  Boubacar est un militant des droits de l’homme. L’avenir de ce pays nous préoccupe tous les deux et nous travaillons pour que les dangers qui le menacent, comme je l’ai dit tantôt, soient écartés de notre horizon.

Propos recueillis par Dalay Lam