Pouvoir v/s G8: La tension monte

22 December, 2017 - 10:40

Le G8 a marché, samedi 16 Décembre, à Nouakchott. Une occasion, pour les membres du FNDU, du RFD et d’autres partis politiques, les uns reconnus,  comme Sawab, les autres non, comme  IRA (RAG) ou les FPC…, de brocarder  le pouvoir  du président Mohamed ould Abdel Aziz. En bref, l’opposition qualifiée de « radicale » a élevé le ton. Même si l’on pouvait déceler, en filigrane, une certaine volonté de voir le dialogue s’établir entre les deux camps, avec, en ligne de mire, les prochains échéances électorales de 2018, l’opposition  semble déterminée à écarter, du processus, l’actuel locataire du Palais. Plusieurs leaders du G8 se sont, une nouvelle fois, astreints à réclamer le départ du président de la République à la fin de son mandat. Toujours pas persuadés, donc, par les propos, réitérés à maintes reprises, d’Ould Abdel Aziz clamant qu’il ne modifierait pas la Constitution  pour briguer un troisième mandat. Les partis de l’opposition continuent donc à douter de la sincérité de la parole de l’homme du 6 Août 2008. Ils fondent leurs craintes sur l’absence de tout signe de décrispation en vue d’organiser, consensuellement, des élections inclusives et crédibles. Un objectif au demeurant souhaité, par le nouvel ambassadeur, chef de délégation de l’Union Européenne, dans une interview exclusive  au Calame, la semaine dernière. Autre source de crainte de l’opposition et,  probablement, des bailleurs de fonds, les inaugurations et poses de première pierre de nouveaux chantiers par le gouvernement. L’opposition craint que ces activités ne relèvent que d’une campagne déguisée, en vue de la prochaine présidentielle, gardant ainsi, sous le boisseau, la possibilité d’une nouvelle modification de la Constitution, en vue de déverrouiller son article 26 limitant le mandat présidentiel à deux, voire, carrément, d’un changement de République. Les tripatouillages sur les  symboles que sont le drapeau et l’hymne national ne seraient, aux yeux de cette méfiante opposition, que les prémices de plus profonds aménagements, voire bouleversements, de la Constitution.

Dans ces conditions comment nouer un dialogue entre le G8 et le pouvoir qui semblerait ainsi adopter une stratégie d’usure, style « Le chien  aboie, la caravane  passe » ? Et s’il misait, plutôt, sur les  divisions au sein de l’opposition ? Il lui semble en effet acquis que plusieurs partis de cette opposition sont traversés, depuis les dernières municipales et législatives, par des dissensions  entre ceux qui n’entendent plus attendre Godot  et ceux qui en espèrent un tant soit peu. Beaucoup pourraient donc emboîter le pas aux islamistes de Tawassoul et présenter des candidats aux prochaines échéances locales. Le G8 n’est pas à l’abri de tensions croissantes à l’approchedes échéances électorales de 2018 et l’aubaine n’a pas échappé au pouvoir qui applaudirait de plusieurs mains à chaque déchirure.

Mais les amis d’Ould Abdel Aziz et, notamment, ceux qui  le poussent à briguer un troisième mandat ne doivent pas oublier que leur mentor ne compte pas que des  inconditionnels, au sein même de son hétéroclite majorité. Aussi « grandioses » soient ses réalisations, depuis son arrivée au pouvoir, le président Aziz  n’a pas réussi à dissiper cette espèce de « malaise », partout perceptible dans le pays. Au point, même, que plusieurs de ses supposés inconditionnels n’hésitent pas à vous avouer, en off,  que « la situation  est très difficile ». Pourquoi ? Parce que l’argent  dont parle le Président dans ses discours  ne se rencontre nulle part dans les paniers des ménagères, dans le marché de l’emploi, etc. Mohamed ould Abdel Aziz  détient seul les clefs de la trésorerie.

Le pouvoir ne doit pas oublier  la « gifle » que le peuple lui a  administrée, lors du referendum. En dépit de l’investissement personnel du Président dans la campagne, les supposés supporters du pouvoir  ont boudé les urnes ; le résultat  est, au très bas mot, « entaché d’irrégularités ».  Et l’on comprend mal pourquoi le seul parti de l’opposition, le CDN d’Ould Bettah, qui a participé à la consultation, a été empêché de battre la campagne du non. Comme on ne comprend pas, non plus,  le refus du pouvoir d’autoriser les meetings de protestation de l’opposition du G8. S’il est réellement majoritaire, comme il le clame à tout bout de champ, il ne devrait pas  craindre  ceux qui sont minoritaires. C’est la règle la plus banale de la démocratie, non ?

DL