G5 Sahel : une réunion pour mieux mobiliser autour de la force conjointe anti-djihadiste

13 December, 2017 - 15:33

Pour renforcer la mobilisation internationale et accélérer le déploiement de la force G5 Sahel, Emmanuel Macron, Angela Merkel et cinq chefs d'État des pays de l'Afrique sahélienne se retrouvent ce mercredi à La Celle-Saint-Cloud, près de Paris.

 (AVEC AFP)

La rencontre de ce mercredi à La Celle-Saint-Cloud vise à faire le point près de six mois après la décision de créer la force G5 Sahel, sous l'impulsion du président français, par cinq pays de la région parmi les plus pauvres au monde, à savoir le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad. Elle va rassembler une vingtaine de délégations : les cinq pays concernés, les organisations et pays impliqués opérationnellement, comme l'ONU, l'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE) ou la France, et les pays donateurs du G5 Sahel, dont les États-Unis et l'Arabie saoudite.

Quels sont les objectifs ? 

Il s'agit de mettre sur pied d'ici à mi-2018 une force de 5 000 hommes pour reconquérir les zones frontalières où les groupes djihadistes ont souvent pris le pas sur les États et exercent leur emprise sur les populations, menaçant ainsi la stabilité de ces pays désertiques et fragiles. Sa logique est celle du « donnant-donnant » : « plus d'engagement des acteurs du G5 contre plus de soutien international », explique l'Élysée. En effet, Emmanuel Macron a estimé, le 30 novembre à Abidjan, que la mise en place du G5 Sahel n'avançait « pas assez vite » et que « les terroristes » avaient « enregistré des victoires militaires et symboliques, notamment au Niger », selon l'Élysée. Dans ce pays, les groupes armés multiplient ces dernières semaines les attaques meurtrières, comme celle ayant provoqué la mort de quatre soldats américains le 4 octobre ou de douze gendarmes nigériens le 21.

Comment agir ? 

Il faut donc agir à la fois sur les plans militaire, en accélérant le déploiement de la force, politique, en redonnant de la vigueur au processus de paix au Mali « qui progresse peu », selon l'Élysée, et financier. Avec l'objectif de mobiliser au moins 250 millions d'euros dans un premier temps, puis « 400 millions à plein exercice », selon Paris. L'Union européenne a promis 50 millions d'euros, la France 8 millions (surtout en matériels), chacun des cinq pays fondateurs 10 millions, et l'Arabie saoudite devrait confirmer mercredi une contribution de 100 millions de dollars. Les États-Unis ont quant à eux promis aux cinq pays membres du G5 Sahel une aide bilatérale globale de 60 millions de dollars. En février, un sommet sera organisé, a priori à Bruxelles, « réunissant tous les partenaires qui souhaitent s'engager » en faveur de la force conjointe G5 Sahel, selon l'Élysée.

Que se passe-t-il sur le terrain au Sahel ? 

Début novembre, la nouvelle force multinationale a effectué sa toute première opération aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, avec l'appui de la force française Barkhane (4 000 hommes), qui traque les djihadistes à travers le Sahel. La force G5 Sahel se veut complémentaire de Barkhane et de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma, 12 000 hommes), régulièrement prise pour cible par les groupes armés au point d'être la mission de maintien de la paix la plus coûteuse en vies humaines (plus de 90 Casques bleus tués dans des actes hostiles depuis 2013).

Le Sahel, une région aussi vaste que l'Europe, est devenu une base pour les groupes extrémistes, notamment depuis que la Libye a sombré dans le chaos, en 2011, et que des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda se sont emparés du nord du Mali, en 2012. Ces derniers ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, mais les violences perdurent dans le centre et le nord du Mali et se sont étendues aux pays voisins.

Aujourd'hui, les djihadistes ne sont plus que « quelques centaines », d'après l'Élysée. Mais, « sans tenir le terrain, cet ennemi fugace est capable de mener des actions par surprise » contre les forces de sécurité, et « sait disparaître dans le désert, en s'appuyant ponctuellement sur la population ».