Des arrestations à Saghé Lobaly

11 December, 2017 - 00:35

 La brigade de gendarmerie de Maghama a placé en garde à vue, 10 notables de la commune de Saghé Lo Aly, à la suite d’un diffèrend portant sur le statut d’imam de la mosquée de la localité.
Une affaire a priori banale, mais politisée par des acteurs tapis dans l’ombre et au rang desquels figure notamment un haut responsable du ministère de l’orientation islamique.
Parmi les personnes arrêtées figurent notamment Thierno Saidou NDongo, imam adjoint de la mosquée de Saghé depuis  17 ans, derrière le titulaire,  Thierno Baidy Dia.
A l’origine de ces arrestations un  conflit né du  retrait de l’imam titulaire « sous le poids de l’âge et de la maladie, qui a désigné comme successeur son neveu, Thierno Aliou Dia, un homme âgé d’une quarantaine d’années. Une décision tombée pendant que Thierno Saidou NDongo, imam en second, était en pèlerinage à la Mecque. A son retour, NDongo  tente de diriger la prière conformément à une tradition séculaire suivant laquelle l’adjoint remplace le titulaire en cas de vacance de la charge »,  explique un cadre retraité ressortissant  du village.
Mais  dans le cas de Saghé une partie des fidèles s’oppose à l’intronisation de l’imam en second.
Thierno Saidou Ndongo  et ses partisans décident alors  de se retirer à un autre endroit qui ne servait pas à la grande prière musulmane du vendredi, pour en faire une nouvelle mosquée abritant leur  office hebdomadaire.
Une démarche perçue comme « un acte de rébellion » par le groupe fidèle au nouvel Imam, Thierno Aliou  Dia. Les  membres de ce clan portent plainte accusant les autres  d’avoir accompli la grande  prière du vendredi 08 décembre  dans un endroit qui n’est pas « une mosquée officielle » précise notre  source- qui a requis l’anonymat. « La thèse des auteurs de la plainte suscite des interrogations dans la mesure où la localité de Saghé, qui compte de 5000 à 6000 habitants, n’abrite aucun  lieu de culte construit par l’Etat, qui aurait ainsi le statut de mosquée officielle.
En fait, la véritable question  de fond vient de la politisation de cette affaire, les membres du  clan de NDongo sont  présentés  aux autorités locales comme des opposants », note avec désolation la même source.
Les magouilles politiciennes viennent ainsi polluer la pratique de la religion et les rapports au sein d’une même communauté que tout devrait pourtant unir.
Une tendance favorisée par la persistance des mauvais reflexes de l’administration imputables à une culture  accumulée sous le parti unique, les régimes d’exception, mais aussi le système de  démocratie au rabais qui gouverne la Mauritanie depuis le début des années 1990.