Autour d’un Thé

8 November, 2017 - 22:45

C’est quand qu’il y a paradoxe ? Quand il y a contradiction ? Dire une chose et faire exactement son contraire, pour faire croire aux gens qu’on est sérieux. Très sérieux même. Non pas que je veuille, moi-même, jouer au paradoxal. Mais, à les entendre parler, tous la mort dans l’âme, de ces gens qui gâtent tout sur leur passage, oh la la, qu’est-ce qu’on n’a pas vu depuis ! Du tout. A commencer par la jeunesse : aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Et hop ! Haut Conseil de la Jeunesse. Avec un patron à rang de ministre, salaire et privilèges compris, et des membres touchant plus qu’un professeur d’université, en termes d’émoluments et de considération. Tout le bien est dans la jeunesse. Tout le mal aussi. Sommet de la jeunesse de Charm El Cheikh. Belle station balnéaire, pour passer de doux moments, loin des problèmes quotidiens du pays. La jeunesse, c’est dans la tête. Monsieur le ministre de la Jeunesse, t’es où ? C’est une affaire d’âge mental et pas d’âge réel. La Formule One à Nouakchott, c’est maintenant possible de la suivre, sans problème. Entre Carrefour Tevragh Zeina et Université, en allant à l’aéroport. Conduire sans freins, c’est comme gouverner sans freins. On chute. On cogne. On percute. On tue. Sans freins. Sans rien. Comme les neuf «rahtine » cités dans le Coran. On n’est pas fils de président pour rien. On n’est pas, non plus, fils de ministre de l’Equipement pour rien. C’est le goudron du ministère de mon père, dirait l’un. C’est le ministre de mon père, dirait l’autre. Cacophonique, certes, mais vrai. C’est comme ça. Rien à faire. Comme ça, il n’y aura rien qu’on n’aura pas vu, en cette Mauritanie nouvelle-là. Des balles réelles tirées, à bout portant, à tort et à travers, sur tout ce qui bouge. Un véritable Far-West. Une ville sans shérif, des langues fourchues qui disent tout, des applaudisseurs qui rivalisent d’hypocrisie. Qui a dit que l’hymne national n’était pas « récitable » ? Merci, honorable député de Magta Lahjar, pour avoir démontré le contraire, à cette bande de paresseux. Juste d’un trait, sans respirer. Il faut savoir imaginer. Il faut savoir innover. Il faut savoir rattraper le temps perdu. Honorable, quel beau palmarès ! Juste quelques mois et te voici au devant de la scène. Vraiment, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Le 28 Novembre 1960, Fête nationale de l’indépendance de la République Islamique de Mauritanie, Kaédi se prépare. Vingt-huit Novembre deux mille dix-sept, Fête nationale de l’indépendance de la République Islamique de la Mauritanie nouvelle, jalousie généralisée... Les villes pleurent. Aleg et son historique congrès. Ses « Upéristes », ses intraitables, ses indéboulonnables, ses inconditionnels, ses rectificateurs, ses forteresses : ils ont bien des arguments pour célébrer l’indépendance, au temps de la Mauritanie nouvelle. Néma, les gens de l’Est, les gros promoteurs des régimes par effraction, les grands ensembles, les géniteurs de PM comme pas possible. Comme pas sur n’importe quelle planète. Les gens des vaches rouges. Les promises qui allaient devenir encore beaucoup plus nombreuses, dès après le oui référendaire. C’est quoi d’aller de ville en ville, pour faire du cinéma ? Entre célébrer l’indépendance et penser une stratégie, pour sauver le monde rural de la décimation, il faut savoir choisir. Avec responsabilité et vision. Mais ok, comme l’a annoncé le ministre de l’Economie et des finances : petite augmentation du prix du carburant attendue tout prochainement. C’est bon, c’est, comme qui dirait, un malheur ne vient jamais seul. Vaches rouges, sécheresse, augmentation du prix du carburant, mensonge rouge. On ne sait plus, depuis quelques temps, ce qui se passe du côté de la SNIM. L’ENER est morte de sa belle mort. Sans passif. Sans actif. Sans rien. Au moins, pour une fois, la mort sert à quelque chose. A dédouaner de véritables voleurs, couverts par une indulgence première ministérielle et à faire moisir en prison de probables innocents. L’Imprimerie nationale ne paie plus, depuis deux mois. Avec un budget national d’un peu moins de cinq cents milliards d’ouguiyas. Qui dit mieux ? Salut.

Sneiba El Kory