Changement à la tête de l’UPR : Un nouveau départ ?

10 September, 2014 - 03:19

Samedi 6 septembre, l’Union pour la République (UPR), principal parti de la majorité présidentielle, a porté à sa tête Sidi Mohamed Ould Maham. C’était un secret de Polichinelle dont les salons bruissaient, depuis quelques jours. L’acte est donc posé. L’ex-ministre de la Communication et des relations avec le Parlement va désormais conduire les destinées de ce « grand parti », fondé en 2009 et toujours à la recherche de ses marques. Ould Maham n’en est-il pas le troisième président ? En cinq années, c’est, à tout le moins, signe d’une certaine instabilité à sa tête, assez significative du fourre-tout hétéroclite que constitue sa base. Sa première implantation et la désignation  de ses différents candidats, lors des municipales et législatives de novembre et décembre dernier, se sont faites, on se le rappelle, dans la douleur. Il aura fallu recourir à l’arbitrage du président de la République. Le sort qui celui-ci lui a réservé, lors de la dernière présidentielle, est venu confirmer le doute sur les capacités de ce parti à  répondre aux attentes de son chef réel et de parler d’une seule voix. Les querelles de chapelles le minent profondément, ce qui fait dire à certains que l’UPR n’est qu’un « géant aux pieds d’argile », juste « un conglomérat d’avidités arrivistes » dont le Président se passerait volontiers, s’il avait quelque autre alternative. C’est pourquoi Aziz, croient savoir certains, a suscité la fondation du Sursaut de la Jeunesse pour la Nation (SJN), avant d’envoyer beaucoup de mécontents de l’UPR se présenter sous les couleurs de ce parti, de Karama ou du PUD, tous de la majorité présidentielle, lors des dernières municipales. Et, plus près de nous, l’UPR n’aurait pas été sollicitée lors de la formation du nouveau cabinet d’Ould Hademine. Des couleuvres que ceux qui se sont succédé  à la tête de ce parti ont tous avalées.

C’est dans ce contexte qu’intervient donc l’élection, pour ne pas dire désignation, de cet avocat, à la présidence de cette formation politique peinant à sortir de l’enfance.

Pourquoi ce choix, alors des rumeurs laissaient entendre qu’Ould Maham convoitait le poste de ministre de la Justice, tandis que d’autres l’annonçaient en disgrâce ? Issu de ce que certains observateurs considèrent comme l’aile dure de l’UPR, Ould Maham serait-il capable d’enfin mettre cette formation sur orbite, avant la présidentielle de 2019 ? Le président de la République, qui l’aurait, dit-on, reçu à deux reprises, au Palais, aurait-il décidé de lui laisser les mains libres pour assainir cette formation ou voudrait-il, à l’inverse, en finir avec lui ? On note, à cet égard, que les hommes qui ont eu à gérer ce parti n’ont joué aucun rôle déterminant, n’ont pesé sur aucune affaire publique. On se rappelle, par exemple, du coup de massue reçu, par l’UPR, lors du dialogue national de 2011. Alors que sa direction s’attendait à diriger la délégation de la majorité, le président de la République en avait chargé Ahmed Ould Bahiya, alors tout-puissant ministre d’Etat à l’Education. Alors, ticket perdant ou gagnant ? Ould Maham serait-il investi d’une mission ? Va-t-il mettre de l’ordre dans la bergerie ? Nombre de militants le souhaitent ardemment. L’UPR, disent-ils, a besoin d’un véritable lifting. Ould Maham sera-t-il l’homme de la situation ? Mais il n’a pas que des amis, à l’UPR… Attendons de voir.

DL