Faits divers… Faits divers… Faits divers…

21 September, 2017 - 02:09

La délinquance nomade - Comment les malfaiteurs passent l’hivernage
L’esprit nomade est inné chez tout mauritanien. Dès les premières gouttes de pluie, chacun commence à réfléchir comment aller humer, le plus tôt possible, l’herbe fraiche et boire du lait frais. Les pauvres multiplient les sacrifices pour ne pas rater la saison. Les villes se vident de la majorité de leurs habitants qui préfèrent vivre sous tente ou cabane de fortune, malgré les intempéries…
Depuis quelques années, une partie du monde délinquant de Nouakchott s’est, elle aussi, décidée à profiter de la douceur de l’hivernage. La plupart ne se déplace qu’à peu de distance. Elle cible les environs immédiats de Nouakchott ou les localités du Trarza en bordure des axes goudronnés. Ces délinquants utilisent, le plus souvent, des voitures volées, pour leurs déplacements à la « Badiya ».

Opérer la nuit et dormir le jour
Ils ont, généralement, un goût prononcé pour la vie nocturne, l’obscurité, si propice aux affaires louches. Les voilà en grandes balades et randonnées, de campement en campement, de tente en tente. Se faisant passer pour de tendres Casanova, ils visent surtout les groupes de jeunes filles rassemblées au clair de lune. Ils y embarquent leurs proies dans leurs luxueuses voitures, les violent et déplument, avant de les abandonner, seules, en pleine brousse…
Après ces hors d’œuvre, descentes, vers trois heures du matin, sous les tentes où reposent les vacanciers, pour y dérober argent, téléphones portables, habits et autres objets de valeur. A l’occasion, on cambriole boutiques et villas des bourgs proches de la capitale : Tiguint, Mederdra, Wad Naga, etc. En 2014, dix cambriolages avaient été ainsi commis, à Tiguint, malgré la présence d’une brigade de la gendarmerie. Des maquignons et des vendeurs ambulants de lait frais ont été aussi victimes de ces malfaiteurs dont la plupart a déjà fréquenté la prison.
Voler des chèvres, moutons, agneaux et cabris est un de leurs sports favoris. Certains s’y sont même spécialisés, ciblant, de préférence, les troupeaux sans surveillance. En moins de cinq minutes, voilà quelques bêtes embarquées et les voleurs au loin, pour en égorger ce qui bon leur semble, vendant le reste à des bouchers d’autres localités.

Le frais marié arrêté
En 2005, un jeune costaud débarque à Rosso, à bord d’un véhicule flambant neuf. Il passe quelques jours à se balader dans la ville, distribuant de l’argent à droite et à gauche. Il fait la connaissance d’une jeune fille issue d’une famille aisée de la ville. Et les tourtereaux bientôt décidés à convoler en justes noces… Le prétendant offre beaucoup d’argent pour les préparatifs et une fastueuse cérémonie est organisée. Ce qui ne manque d’attiser la jalousie de certaines jeunes filles de Rosso. La cérémonie bat son plein, chants et danses glorifient le couple et ses parents, quand deux jeunes habillés à l’européenne, pénètrent dans l’enceinte. On souhaite la bienvenue, leur montrant où s’asseoir pour manger. Ils s’installent et matent le spectacle. En fin de soirée, les deux visiteurs s’approchent du nouveau marié. « Nous avons besoin de vous en aparté », lui disent-ils. « Je n’en ai pas le temps », répond-il fermement. Un de ses interlocuteurs lui présente alors sa carte de police et lui intime l’ordre de les accompagner. La foule se rassemble autour d’eux, en quête d’explications. « Ce monsieur est accusé d’avoir volé vingt millions d’ouguiyas dans un bureau de change à Nouakchott », déclarent les deux agents de la BRB qui filaient le quidam. Et bientôt la mariée de quitter le lieu, en pleurs, tandis que roule son Jules, en compagnie des policiers, vers Nouakchott…

Courte rencontre
Il plut beaucoup, en Septembre 2008, entre Rosso et Tiguint. Par un de ces jours humides, de jeunes hommes arrivés, de Nouakchott, la veille, invitent plusieurs demoiselles à une promenade vers une verdure non loin de Tigmatine. Les galants paraissent nantis, se déplaçant à bord de luxueuses voitures et ne lésinant pas sur les dépenses. Leurs invitées invitent, à leur tour, des amies. On s’installe à côté d’un étang, égorge un mouton gras – délicieuse grillade – et la journée s’annonce inoubliable. On chante et danse. Mais voici deux véhicules qui s’arrêtent tout près. Des hommes en boubou, visage enturbanné, en descendent. « Nous voulons parler aux hommes ici présents », lancent-ils. Les deux jeunes s’approchent et les invitent : «Asseyez-vous pour boire et manger ! – Nous n’en avons pas le temps, vous devez seulement nous suivre ! – Et pourquoi donc ? », rétorque, goguenard, l’un des loustics. Son interlocuteur baisse alors son turban : c’est Didi, le fameux chef de la BRB ! Les policiers embarquent les deux jeunes hommes, sous les cris et insultes des filles qui croient leurs hôtes aux mains de bandits. Elles apprennent, bientôt, que ce sont, tout au contraire, les beaux gosses les malfrats, auteurs de nombreux cambriolages de magasins, à Sebkha, emportant d’énormes sommes d’argent. « Mais ils sont bien mignons », commentent, songeuses, les filles, « et l’on s’est quand même bien amusées »…
Mosy