Calamités…. Calamités…. Calamités…

14 September, 2017 - 01:23

Le gouvernement mauritanien vient de refuser le visa  à un groupe de militants des droits civiques américains. Les activistes américains auraient ainsi fait l’aller-retour Chicago-Nouakchott, dix-huit heures de vol, pour rien. Un peu comme nos mêmes autorités nationales avaient refusé, presque dans les mêmes conditions, le visa au grand penseur musulman Tariq Ramadan et à sa famille, il ya un an de cela. Selon le porte-parole du gouvernement, la délégation américaine prévoyait des rencontres contraires aux dispositions légales nationales, notamment en voulant s’entretenir avec des dirigeants d’organisations non reconnues. D’ailleurs, ajoute le ministre, les autorités auraient bien prévenu l’ambassade américaine de Nouakchott que ses compatriotes n’auront pas de visas pour séjourner, comme prévu, du 8 au 15 Septembre en Mauritanie. Mais à détailler le programme des rencontres avec les personnalités nationales, il n’y a que Birame ould Dah qui corresponde à la catégorie des dirigeants d’organisation non reconnue. Visiblement, il semble loin le temps où ce militant des droits humains sillonnait le pays, pour battre campagne aux couleurs et aux emblèmes de son organisation (non reconnue), en qualité de candidat à la présidence de la République. Un extraordinaire exemple de l’hypocrisie officielle qui manipule les affaires au gré des circonstances. Le refus de donner des visas à des militants des droits civiques venus échanger, avec quelques organisations nationales, sur les expériences de lutte contre les pratiques et les séquelles de l’esclavage, est une nouvelle erreur qui vient s’empiler aux bourdes que le gouvernement mauritanien accumule, depuis quelques temps. Et qui dénotent de l’improvisation et de la légèreté avec lesquelles ce pouvoir expédie les choses, sans tenir compte des conséquences que ces agissements maladroits peuvent engendrer, sur l’image du pays et la crédibilité des politiques et programmes qu’il prétend concevoir, dans  la promotion de la démocratie, des droits humains et de la bonne gouvernance. La Mauritanie est signataire de toutes les conventions internationales, de tous les traités et de toutes les chartes possibles et imaginables promouvant le respect des droits humains. Mais entre ces engagements  et les pratiques, quotidiennes, de la violation des dispositions qu’ils impliquent, « raconte, sans gêne » ce que tu voudras. Les injonctions de la Communauté internationale et ses interpellations, envers la Mauritanie, à l’occasion des examens périodiques universels ou des présentations des rapporteurs des Nations Unies, lors  des sessions internationales, n’ont jamais servi à rien. Les rapports les plus accablants comme celui de Philip Alston ne constituent, pour le pouvoir, qu’une occasion de persévérer, d’une part, dans le déni des réalités incontestables, comme l’exclusion de certaines communautés, le racisme ambiant, les pratiques esclavagistes, la marginalisation, la mauvaise gestion et l’inégalité du partage des ressources nationales, et, d’autre part, dans la diabolisation et la criminalisation des militants des droits humains. Depuis la déconvenue du rejet des amendements constitutionnels par le Sénat, le 17 Mars 2017, suivi de la cinglante déroute du forcing référendaire et des rebondissements politico-judiciaires, sur fond d’indiscrétions croisées à la base de l’affaire Bouamatou/Ghadda, le pouvoir est dans la plus totale  confusion. Et les informations sur un probable vote « négatif » des militaires aura été la goutte qui a fait déborder le vase, déjà plein de rage contre des sénateurs accusés d’être corrompus, du manque de confiance en une majorité dont de hauts responsables commencent à essayer de décrypter le profil du futur homme fort du pays et d’irritation contre une opposition « virtuelle » qui fait feu de tout bois, en continuant à dénoncer, insolemment, les petits dérapages en tout genre d’un pouvoir qu’elle croit aux abois. Confusion ou panique ? Peut-être. Peut-être pas. Les jours à  venir promettent de retentissants rebondissements. Attendons de voir plus clair…. dans cette aveuglante confusion.

El Kory Sneiba