Bâ Alassane Hamady Soma dit Balas, président du parti mauritanien du Concret (PMC, ARC-En-Ciel): ‘’La Mauritanie ne peut consolider son unité nationale, sa cohésion sociale qu’on rabâche à longueur de journée, sans aborder les questions qui fâchent’’

24 August, 2017 - 09:27

Le Calame : Vous venez de rentrer de plain pied dans la première phase d’implantation de votre parti.  Vous avez visité  quelques quartiers de Nouakchott. Comment  est perçu le PMC, quelques semaines après le référendum pour lequel il avait appelé à voter Oui ?

 

 - Bâ Alassane Hamady Soma Bâ Alassane Hamady Soma dit Balas : Le PMC Arc-en-ciel s’est profondément investi dans la campagne pour le référendum et a beaucoup contribué pour sa réussite et pour la victoire écrasante du « OUI » au scrutin du 05 août.

 Et comme vous l’avez noté, le parti n’a eu aucun répit après ce référendum car il voulait profiter du grand élan de sympathie dont il a bénéficié tout au long de cette campagne pour consolider ses précieux acquis. C’est ainsi qu’à Nouakchott, nous continuons à l’heure où je vous parle d’enchainer les rencontres avec les militants disséminés sur tout le territoire de la capitale. C’est ainsi qu’une importante délégation du parti dirigée par moi-même a rencontré dimanche 13 août un important regroupement de la jeunesse de la SOCOGIM du Ksar; des jeunes réunis sous la houlette  de M. Ba Abdoulaye et Mme Aminata Ba. 

Ces deux cadres, qui ont nouvellement adhéré au parti, ont réussi à mobiliser des dizaines de leurs amis et proches pour venir écouter le message de paix et de fraternité délivré par le PMC Arc-en-ciel dont l’ambition affichée est de semer partout où il passe, la graine de la paix et de la cohabitation pacifique entre les différentes communautés de notre chère Mauritanie.

 Ce fut ensuite à mon tour de prononcer un mot dans lequel j’ai exposé les orientations du parti, ses objectifs et sa quête laborieuse du chemin qui mène à l’unité nationale.

Au cours de cette réunion, les jeunes de la SOCOGIM-Ksar ont été très réceptifs au discours du parti et certains d’entre eux ont exprimé leur enchantement au vu de l’image de cette réunion qui a rassemblé des mauritaniens d’origines diverses, tous mus par le désir sincère de vivre ensemble.

Cette campagne de proximité dont l’objectif est la vulgarisation des orientations et la massification du parti, s’est poursuivie dans le quartier de « Tarhil » 17 où le parti dispose déjà d’une base assez solide.

C’est ainsi qu’après le Ksar, ce fut le tour des populations de Tarhil 17 d’accueillir une délégation du parti dirigée par moi-même.

Cette rencontre, qui a eu lieu le 17 août au domicile de M. Abdoulaye Sy, a vu la participation des notabilités locales avec à leur tête l’imam Alassane Sy, son adjoint ainsi qu’un public très nombreux composé de sympathisants d’origines diverses.

Au cours de cette réunion, les populations de « Tarhil » nous ont exprimé leur confiance et leur soutien inconditionnel.

Cette rencontre avec les populations de Tarhil, a été marquée par des centaines d’adhésions et une autre rencontre a eu lieu cette semaine avec les habitants d’un autre quartier de la zone.

Je vous rappelle par ailleurs que j’ai eu l’occasion de sillonner tout le pays pendant la campagne et durant toutes mes escales dans les principales villes du pays, j’ai rencontré des militants du parti et officialisé la représentativité locale avec la désignation d’un coordinateur régional.

 C’est pour vous dire que le parti est très bien vu et il a le vent en poupe après le référendum.

 

- Cette campagne intervient après la première fronde au sein de votre parti. Une guéguerre à travers les médias  vous oppose à un groupe du parti qui vous reproche une gestion « unilatérale »  et sans concertation du parti. Voulez-vous nous dire quels   sont les bras invisibles qui seraient,  selon vous, derrière  cette fronde ?

 

 - En effet, le 07 août dernier,  09 jeunes, qui ont fait fi de toutes les règles procédurales, sont venus au siège du parti pour lire devant le Bureau Exécutif un communiqué laconique demandant ma destitution de la présidence du parti.

  Ces jeunes, qui ne sont en réalité que deux cadres qui ont réussi à embobiner des jeunes qui ont dans leur majorité nouvellement adhéré au parti, m’ont accusé d’autoritarisme, d’absence de concertation au sujet de la position du parti sur le référendum  et de mal gestion. Ces accusations gratuites et dénuées de tout fondement ont été proférées par M. Lô et Mme Aissata Ball avec une indiscipline caractérisée et sur un ton qui est en porte à faux avec les valeurs de discipline et de respect que le parti inculque à toute sa jeunesse.

 Malgré tout, nous étions tous disposés, au niveau du Bureau Exécutif, à les ramener à la raison car  ne voulant perdre personne. Ainsi, devant leur empressement supposé à aller répondre à un autre engagement, je leur suggérerai de revenir dès le lendemain pour leur prouver, preuves à l’appui, que tous les griefs portées contre moi sont erronés.

Seulement, dès leur sortie du siège du parti, on découvrit la mise en ligne par Cridem.org  du communiqué qu’ils venaient de nous soumettre.

Il était donc établi que ces jeunes avaient prémédité leur coup et cherchaient à mettre le BE devant le fait accompli. Leur volonté de nuire la réputation et l'honneur du Parti était établie. Visiblement, il ressortait de leurs propos et insinuations qu’ils avaient des soutiens inavoués. Ces soutiens viennent de tous ceux, et ils sont légion, qui ne pardonnent pas au PMC Arc-en-ciel de s’être investi pour la réussite du référendum et d’ouvrer inlassablement pour que les mauritaniens puissent vivre en paix et dans le respect mutuel et l’égalité des droits et des devoirs.

 Pour revenir aux accusations fourbies par ces jeunes, je rappelle encore une fois que la participation au référendum résulte de l’approbation massive du Bureau Exécutif (tous sauf 1) qui était favorable dans son écrasante majorité au dialogue national inclusif et à la signature  de l’accord politique et à ses subséquences.

  Et pour ce qui est du montant alloué par l’Etat au parti pour la campagne, j’ai eu à présenter au BE, avec la collaboration du Comité de Gestion, l'avis de crédit du montant viré par l'Etat en faveur du PMC Arc-en-ciel et l’ensemble des pièces justificatives des dépenses engagées durant la dite campagne.

 

 -Vous avez donc battu campagne en faveur du Oui, pour les amendements constitutionnels préconisés par l’accord du 20 octobre 2016. On connaît le résultat. En êtes-vous satisfait ?

 Au parti Arc-en-ciel, nous nous félicitons au niveau du Bureau Exécutif, du fait que, aussi bien la campagne que le scrutin du 05 août, se soient déroulés dans de très bonnes conditions et dans le calme. Cela est suffisamment rare en Afrique pour être souligné.

Nous profitons de cette occasion pour remercier les militants du parti qui se sont tous mobilisés durant la campagne aussi bien à l’intérieur du pays qu’à Nouakchott, lors des meetings et autres rencontres organisées un peu partout, à Tarhil, à Arafat, à El Mina, à Basra ...

 Comme je vous l’ai dit tantôt, au cours de mon périple à travers le pays aux côtés du président Mohamed Ould Abdel Aziz, j’ai eu l’occasion de rencontrer des militants et des cadres du parti. 

 Ce voyage a été mis à contribution pour renforcer la présence du parti sur toute l’étendue du territoire national. 

Je suis tout à fait satisfait du résultat de ce référendum qui va ouvrir la voie pour l’application effective des autres volets de l’accord politique.

 

-Bien avant cette campagne M. Balas était vivement opposé au congrès parlementaire pour faire passer ces amendements. Et vous disiez même que si  certaines de vos doléances (état-civil, terres du Walo, officialisation des  langues nationales-Pulaar, Soninké, Ouolof, Bambara) ne sont pas prises en compte dans ces amendements, vous alliez vous y opposer. Alors  que s’est-il  passé au sujet de ces questions pour que le PMC appelle à voter Oui ? On entend presque  plus M. Balas sur ces questions.

 -Le PMC Arc-en-ciel qui s’est engagé avec toute la détermination requise dans ce dialogue a décidé à l’unanimité (sauf 1 ) de son bureau exécutif de cautionner les amendements constitutionnels proposés en votant OUI au référendum du 05 août. 

Cette position mûrement réfléchie a été prise après des débats houleux au sein du Bureau Exécutif, des débats constructifs et responsables qui ont permis au finish de peser le pour et le contre et d’arrêter la décision finale.

Cette décision a été prise à la lumière des assurances données par le pouvoir en place et notamment le président de la République qui, suite à la lettre que le parti lui a adressée en mon nom, a dépêché des émissaires qui ont réussi à nous convaincre du bien fondé de ces engagements.

C’est ainsi que l’ensemble des points soulevés par le parti seront, pour la plupart, d’entre eux intégrés à la législation nationale par la voie des lois organiques. Et pour ce qui est du point concernant la discrimination positive en faveur des couches les plus défavorisés et du règlement du passif humanitaire, des mesures seront également prises incessamment pour enclencher les processus conduisant à leur mise en œuvre et à leur réalisation effective.

 Cette position du PMC Arc-en-ciel est dictée par la nécessité d’aller de l’avant et de veiller à la cohésion et au bien-être de notre peuple.

 Nous ne pourrons partager la responsabilité de voir les pyromanes s’amuser avec le feu qui, en plus de leur brûler les doigts, pourrait aussi enflammer notre adorable Mauritanie.

 En effet, notre parti œuvre inlassablement pour la construction de cette  Mauritanie Arc-en-ciel, que nous avions connue dans les premières années de notre accession à la souveraineté nationale et internationale, cette Mauritanie où il faisait bon vivre et où il y avait une place pour les différentes composantes de notre peuple.

Voilà ce à quoi nous aspirons tous et j’en appelle à la vigilance et au sens des responsabilités de tous les mauritaniens face aux manœuvres politiques et politiciennes qui mettent en danger notre cohésion et notre devenir national. Nous rêvons d'une union sacrée en Mauritanie qui s’imposera à tout un chacun et dont chacun se fera le devoir d’y contribuer.

 

     Donc, mon cher ami, rassure-toi, bien ces questions sont à la base de notre programme et nous y tenons et continuerons à les défendre et comptons sur la bonne foi du pouvoir et de tous les partenaires au dialogue qui se sont engagés solennellement à leur apporter des solutions.

 

-Que répondez-vous à ceux  qui  disent aujourd’hui qu’ils ne reconnaissent plus le Balas au discours du Palais des Congrès, le 30 septembre 2016 et le Balas, après ce dialogue-là? En somme, hier pourfendeur  du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, aujourd’hui, Balas est devenu  son ardent défenseur?

 -Je dirai que ce n’est là qu’une caricature que certains esprits malintentionnés se plaisent à me coller. Mais pour tous les gens honnêtes et objectifs, comme pour tous les mauritaniens épris de paix et de justice qui croient à mon discours et aux actes concrets que le PMC Arc-en-ciel pose, ils reconnaissent la justesse de mes choix et l’action salvatrice de notre parti qui, pour tous ces pyromanes, a pour seul tort d’avoir choisi le camp de la paix et de la stabilité.

 Au PMC Arc-en-ciel, nous nous définissons comme un parti du centre, un parti contributeur, un lanceur d’alerte qui a le courage de reconnaître les bonnes choses que le pouvoir a faites mais qui n’hésite pas à taper du point sur la table s’il y a une dérive de ce même pouvoir. Si c’est ça que vous appelez défendre Mohamed Ould Abdel Aziz, nous l’assumons entièrement.

 

-Le président du PMC est-il aujourd’hui satisfait de la manière dont le gouvernement gère la question de l’unité nationale ?

 

  - La question de l’unité nationale est, comme vous le savez notre cheval de bataille car sans l’unité nationale, on ne pourrait rien entreprendre de durable.

Dans le discours que j’ai prononcé le 29 septembre au Palais des Congrès, à l’ouverture du dialogue, j’ai fait la part belle à cette question, et ce, en crevant l’abcès et en diagnostiquant le mal du vivre ensemble qui constitue un handicap majeur pour le développement de notre pays.

Que cela soit clair dans les esprits de toutes et de tous les mauritaniens, nous ne sommes pas allés au dialogue pour prêcher la démagogie ou pour plaire à quelqu’un. Notre parti demeure  convaincu que la Mauritanie ne peut  consolider son unité nationale, sa cohésion sociale qu’on rabâche à longueur de journée,  sans aborder les questions qui fâchent. La Mauritanie a  besoin de solder ces questions pour avancer. La Mauritanie doit se regarder dans un miroir et s’interroger sur son avenir. 

 Justement! Ce dialogue national inclusif fût une occasion pour débattre, sans détour  de l’ensemble des questions qui peuvent handicaper son développement,  de rapprocher les positions des uns et des autres, de vaincre les réticences  et les appréhensions. 

 Le PMC Arc-en-ciel  se bat pour que l’unité nationale fortement ébranlée depuis ces dernières années ne reste pas un vain mot.

Avec ce dialogue, une étape a été franchie mais le chemin reste encore long et il va falloir qu’on poursuive le travail enclenché et on y arrivera sans doute.

 

 -Quelle  analyse vous  faites de la victoire du Non à Sebkha ?

-Nous ne revendiquerons aucune responsabilité dans cet échec, en ce sens que Sebkha est l’une des zones  où feu PRDS et l'UPR s'étaient beaucoup investis et puis c’est la chapelle de l'opposition.

 Le PMC Arc-en-ciel avait lancé son dévolu sur les autres Moughataas de Nouakchott et notamment Riyad, El Mina, Teyaret et Arafat, en plus d’autres zones de l’intérieur du pays, dans la vallée et notamment dans les localités du Toro, de Nouadhibou et du Guidimakha.

 A la Sebkha, le parti n’a jusque-là opéré aucune descente mais cette Moughataa est dans la ligne de mire du parti qui y effectuera incessamment une vaste campagne et nous l’arracherons en y prônant notre discours de vérité. Et plus jamais Sebkha ne sera plus confondue avec un quartier de l'Afrique de l'Ouest réservé aux étrangers, Le dépotoir de notre capitale.

 -Que pensez-vous de la répression dont a été victime le front du refus du référendum ?

-  A ce que je sache, ceux que vous appelez front du refus du referendum ont mené leurs activités comme à l’accoutumée. Et si certaines marches avaient été interdites, c’est parce qu’elles n’étaient pas autorisées par les autorités administratives car elles étaient organisées concomitamment avec des activités des partis en campagne. Ce n'est plus un secret pour personne, l’objectif avoué de ce front du refus, c’était justement de saboter le référendum, ce qui bien entendu est inadmissible et anti-démocratique.

 

 -Le sénateur Ould Ghadda farouchement opposé aux amendements constitutionnels, mais aussi  à la corruption dont il accuse le pouvoir à travers l’attribution de marchés de gré à gré aux proches du président a été « enlevé  de son domicile », selon son avocat, Me Bouhoubeyni,  son avocat et  conduit vers une destination inconnue. Que pensez-vous de cette affaire ?

 

 -Nous préférons ne pas nous prononcer sur cette affaire qui est entre les mains de la justice et nous nous en tenons au communiqué du parquet général qui a annoncé vendredi qu’il avait ouvert des enquêtes après avoir obtenu des informations avérées à propos de la volonté de certaines personnes de comploter pour préparer des crimes transfrontaliers.

 Vous le savez, le communiqué du parquet affirme que l’arrestation de toutes les personnes concernées dans cette affaire sera soumise aux dispositions légales fixées par les lois et sous le contrôle des autorités judiciaires. Donc no comment.

 – Quelles sont les prochaines étapes de la mise en œuvre de l’accord du 20 octobre ?

 

-Comme vous le savez, le dialogue avait retenu 56 points et un accord politique avait été signé par les dialoguistes. Et il y a eu la mise sur pied  d’une commission de suivi constituée de 06 partis de la majorité et 06 de l’opposition dont le PMC Arc-en-ciel.

Beaucoup de ces points peuvent être solutionnés autour d’une table avec la promulgation de lois organiques. Et il y en a d’autres qui doivent être obligatoirement soumis au peuple qui a la légitimité de les approuver ou les rejeter.

Ainsi, pour la Commission de Suivi, le premier chantier fut le Référendum. 

Le 2ème chantier ce sera la refondation de la CENI, la révision de la loi électorale et l’organisation des élections anticipées (législatives et municipales).

 L’ensemble des points se rapportant à l’unité nationale et à la cohésion sociale seront logés dans le troisième chantier.  Les points restants seront également évacués avant la fin de l’année 2019.

 

–  Après  son implantation, le PMC prendra-t-il part aux prochaines échéances électorales ?

Evidemment ! Le PMC Arc-en-ciel prendra part aux élections. Nous ne boycottons jamais un rendez-vous national, ça c’est un principe immuable du parti. Et au vu de l’afflux des militants avec les adhésions massives qui se poursuivent, on vous promet, inchaalah, de belles surprises aux prochaines élections.

 

Propos recueillis par Dalay Lam