Propos du maire de Zouérate sur l’hymne national : Un débat pas très innocent

9 August, 2017 - 13:29

Il y a quelques jours, lors d’un meeting de campagne à Zouerate, le maire de la ville, Cheikh Ould Baya, qui prononçait un discours de bienvenue, a tenu des propos qui ont provoqué des réactions en cascade. Selon lui, ‘’ l’hymne national a été composé en 1924 et il se peut qu’il ait été dit par un maure. En ce moment là la Mauritanie n’existait pas et jusqu’à présent, rares sont ceux qui le connaissent ou  le récitent. Il est donc tout à fait normal qu’on ait notre mot à dire dans ce qui sera notre hymne national’’. La déclaration du maire suscite tout de suite une levée de boucliers. Les réseaux sociaux en font leurs choux gras. L’allocution est tournée en boucle. Les ennemis du maire, y compris dans son propre camp, s’en emparent pour lui faire le plus de mal possible. L’occasion rêvée de se débarrasser d’un homme puissant qui a l’oreille du patron. L’opinion publique est divisée. Certains y voient une offense à Cheikh Sidiya Baba, l’auteur des vers choisis au moment de l’indépendance pour servir d’hymne national.  Un sit in de protestation est organisé au Carrefour Madrid pour protester contre ces propos.  Première concernée, la famille de Baba ould Cheikh Sidiya parait divisée dans l’interprétation du discours.  Cheikh Sidiya Ould Moussa ould Baba ould cheikh Sidiya, ancien député et Al Vakhama Ould Cheikh Sidiya, un marabout qui draine des milliers de disciples jouent à l’apaisement.  Dans deux enregistrements diffusés sur Whatsapp, Ils n’accablent pas le maire et considèrent qu’il n’y a eu nullement atteinte à leur prestigieux ancêtre.  Cheikh Sidiya Ould Moussa va plus loin. Pour lui, Baba n’a pas été cité nommément par le maire et rappelle qu’il avait composé son poème bien avant l’arrivée des colons et n’imaginait certainement pas qu’il allait être un hymne national d’un pays qui venait d’accéder à l’indépendance. Ce sont les premiers dirigeants de la Mauritanie qui ont jeté leur dévolu sur ces vers.

 

Face à ce tollé, Cheikh Ould Baya reviendra à la charge lors du meeting de Nouadhibou pour clarifier ses propos. ‘’Je n’ai voulu offenser personne. J’ai seulement dit que notre pays a le droit de choisir un nouvel hymne national quelque soit l’auteur du premier hymne. Que ce qui se sentent choqués par mes propos viennent, je suis prêt à leur présenter mes excuses’’, dira-t-il.

 

La tension baisse d’un cran. Ceux qui avaient parié sur la chute du maire déchantent. Le fait que Ould Abdel Aziz le laisse parler avant lui à Nouadhibou, en tant que président de l'Association des maires, dans une ville où il a servi pendant près de trente ans, est suffisamment éloquent. L’homme reste proche parmi les plus proches.

 

En attendant le prochain coup que ses détracteurs ne manqueront pas de tenter de lui porter.

 

Ben Abdalla