Brakna : Intenses préparatifs pour accueillir Aziz

24 July, 2017 - 16:07

Dans le cadre de la campagne en faveur des amendements constitutionnels, le président Mohamed Ould Abdel Aziz est attendu à Aleg dans la soirée du lundi 24 juillet 2017. Pour cela, les opérateurs locaux de la wilaya mobilisent leurs foules pour réserver un grand accueil au président. Depuis le lancement de la campagne jeudi soir aux environs de vingt deux heures, les quartiers généraux des principales tendances ont repris du service avec les effigies placardées sur les murs et les dernières chansons appelant à voter massivement en faveur du OUI et exhortant les populations à ne pas accepter de laisser partir un président si providentiel. Une allusion à peine voilée de préparer l’opinion nationale à la probabilité qui devient de plus en plus évidente d’un forcing pour un troisième mandat.

 

Les militaires se mobilisent

 

Depuis au moins trois jours que les militaires de la 7ème région et d’autres venus de Nouakchott travaillent à préparer le terrain sur lequel l’hélicoptère du président va atterrir à quelques centaines de mètres de la tribune officielle où sera organisé un meeting populaire au soir de l’arrivée du président. Comme les militaires, les services de l’établissement national de l’entretien routier (ENER) sont aussi à pied d’œuvre pour essayer de  renflouer les nids de poule qui occasionnent désagréments et accidents depuis au moins plus d’un an sur l’axe Boutilimit/Aleg.

 

Deux ministres pour le Brakna

 C’est le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Sidi Ould Salem qui est chargé de coordonner la campagne au niveau du Brakna. A Aleg, le directeur d’ISKAN, ancien ministre de la défense, Mohamed Mahmoud Ould Jaavar est chargé de la superviser au niveau du département. Samedi 22 juillet, il a organisé une réunion au siège local de l’UPR pour demander aux responsables régionaux de ce parti (secrétaires des sections et des sous sections et membres du bureau fédéral) et aux responsables politiques de la wilaya de tout faire pour que la mobilisation pour la visite soit exceptionnelle. Comme à travers tout le pays, les chefs services régionaux sont mis à contribution pour faire comprendre à leur personnel de faire acte de présence au meeting.

 

 Plus de vigilance

 Au cours de la réunion, Mohamed Mahmoud Ould Jaavar a beaucoup insisté sur les responsables du Brakna pour plus de vigilance afin de ne pas permettre l’infiltration de certains intrus ayant pour objectif de saboter la visite. En 2013, un groupe de jeunes militants d’IRA avait créé un grand désordre en arborant effigies de Birame Ould Dah Ould Abeid et banderoles hostiles au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Le 11 juillet dernier, un autre groupe de jeunes de l’opposition et du mouvement IRA ont aussi fait passer un mauvais quart d’heure au premier ministre Yahya Ould Hademine qui traversait la ville d’Aleg après avoir organisé deux meetings à Bouratt et à Magta lahjar.

 

Panique

Au Brakna, la campagne commence timidement. Ses responsables mettent tout en œuvre pour convaincre tout le monde à venir très nombreux à l’accueil du président lundi soir et à voter massivement en faveur des amendements constitutionnels le 5 août prochain. Mais visiblement, une grande inquiétude est perceptible puisque la campagne tarde à prendre sa vitesse de croisière habituelle. Selon certains habitués de ce genre de climat, les responsables ne se sont pas encore résolus à délier les cordons de la bourse. Or, sans argent rien ne va. Il est attendu que les ministres de l’économie et celui de l’équipement, respectivement Moktar Ould Djay et Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, coordinateurs nationaux des campagnes de Nouakchott et de l’Assaba, rentrent pour recevoir chez eux au Brakna le président. Un espoir que certains entretiennent d’entendre sonner quelques sous pour motiver les populations à bouger. De leur côté, les autres cadres régionaux : généraux en service (BED/DGSN) ou à la retraite, conseillers du président ou du premier ministre, ambassadeurs, directeurs généraux des établissements et autres hauts fonctionnaires de la wilaya sont tous aussi rentrés pour participer à la mobilisation. Comme disait l’hyène : ‘’de tout cela, il y aura certainement de l’eau de la viande’’.

 

Le retour des élus

 

Les deux députés d’Aleg (Zeini Ould Ahmed Hadi et Den Ould El bar), son sénateur (Soueidatt Ould Boubacar) et son maire (Mohamed Ould Soueidatt) sont de retour dans la circonscription qui les a élus. Si le maire poursuivait des études au Canada, les trois autres ne faisaient que se pavaner entre Nouakchott et leurs bleds respectifs : Male, Agchorguitt et Cheggar passant parfois des mois et des mois sans prendre la peine de s’enquérir de la situation de leurs pauvres électeurs. Ce n’est que lorsque le président ou le premier ministre doivent se rendre quelque part dans la wilaya que ces élus accourent pour se bousculer avec les citoyens, le temps de se faire voir écharpes en bandoulière, boubous et voitures provocateurs.

 

Attention ville morte

 

Même si le Brakna constitue une forteresse du parti au pouvoir avec dix-huit mairies UPR sur vingt  et une  sur l’ensemble de la Wilaya et quinze parlementaires tous UPR, il ya cependant quelques groupes de l’opposition implantés ici et là à travers tous les départements. Les activistes d’IRA sont particulièrement présents à Boghé et à Aleg. Des militants issus de tous les partis du Forum National pour la Démocratie et l’Unité : UFP et RFD à Boghé, Tawassoul à Aleg et à Magta Lahjar, AJD et UFP à Bababé et à M’Bagne. Une opposition peu organisée, mais qui hante néanmoins les nuits des gens de l’UPR du Brakna. Comme l’expliquait l’un des responsables de la campagne dans cette wilaya : ‘’le défi ici n’est pas de faire passer les amendements, mais celui de réaliser le plus grand taux de participation au cours de cette consultation référendaire. Il faut que le jour du vote, les populations du Brakna sortent massivement vers les bureaux de vote. C’est ça le véritable défi ».

 

Les surprises du président

 

Au cours de l’ouverture de la campagne au stade de Mellah à Nouakchott, le président Ould Abdel Aziz a déclaré qu’il réservait des surprises aux citoyens que probablement il annoncera le trois août prochain à l’occasion du meeting de clôture de Nouakchott. Comme tous les Mauritaniens, les gens du Brakna attendent les surprises du président. Autour de cela, toutes sortes de rumeurs circulent. On parle de tout. Le président annoncerait une augmentation des salaires. Ou une baisse sensible des prix des denrées de première nécessité. Ou quelques scandales dont seraient responsables certains grands barons de l’opposition. Ou certaines révélations inédites sur certains sujets d’actualité comme cette préoccupante histoire de troisième mandat ou ses rapports avec certaines personnalités de sa majorité qui font depuis quelques temps les choux gras d’une actualité nationale à rebondissements.

 

En attendant les conseils régionaux

 

Parmi les changements constitutionnels prévus  qui seront soumis au référendum du 5 août prochain figure la suppression pure et simple du Sénat et son remplacement par des conseils nationaux dont ni la forme ni les mécanismes de fonctionnement n’ont encore été définis. Dans leur campagne, les défenseurs de ces amendements expliquent à qui veut les écouter que ces conseils se chargeront de développer suivant des programmes et stratégies de proximité les régions respectives où ces structures décentralisées seront mises en place par voie d’élection. En perspective de cela, les alliances sur base d’affinités tribales et communautaires commencent à s’organiser comme les dosages qui servaient à l’Etat et à son parti de coopter ses candidats aux mairies et aux deux chambres du parlement. Alors, les futurs présidents et membres des conseils régionaux ne seront rien d’autre que le reflet des forces tribales et communautaires au niveau de chaque wilaya. Il va sans dire alors que ces nouvelles administrations décentralisées n’auraient servi que de prétexte pour se débarrasser d’une chambre encombrante qui pourrait constituer un obstacle à des desseins inavoués d’un pouvoir qui n’est plus qu’à quelques dix huit à vingt mois de la fin de son ultime deuxième mandat.

El Kory Sneiba