Autour d'un thé

13 July, 2017 - 01:33

Tradition populaire, en certains milieux de chez nous. Nous, c’est-à-dire, les supermen. Les plusieurs visages. Les spécialistes en retournement de boubou, au gré des vents. Nous les girouettes. Nous les avec eux et les contre eux. Les impondérables. Les culbuteurs de pantalon de leurs papas. En certaines de nos traditions populaires, on nous apprend : Attrape le fou et laisse le jaloux. L’un est curable. L’autre, non. Mais, entre le menteur et l’hypocrite, qui faut-il attraper, qui faut-il laisser ? Qui faut-il emmener loin du village, pour ne pas contaminer tout le monde, à force de mensonge à tout va et d’interminables applaudissements. Nos traditions-là sont plus intelligentes que nos hommes. Nos traditions populaires nous rappellent (inutilement d’ailleurs) que les mensonges ne construisent pas les tentes. Ni les campements. Ni les villages. Ni les villes. Ni les pays. Oui, a beau mentir qui vient de loin. Nouakchott, c’est loin de Bouratt. Loin de Barkéol. Loin de Siliwe. C’est très facile, pour un ingénieur venu directement du Canada, de bourrer le crâne de paysans et d’éleveurs qui n’ont jamais été ni à Nouakchott, ni à Nouadhibou, ni à Ottawa. C’est facile de délirer après un bon méchoui, un excellent thé et une danse endiablée, sur les rythmes d’une Bendia improvisée aux couleurs et aux effigies importées de Président-fondateur sans qui rien ne peut marcher au pays des nous Z’autres. Celui par qui les Mauritaniens respirent. Tous les Mauritaniens. Le peuple souverain arbitre. Le peuple source de tout pouvoir. Ici se rencontrent les lumineuses et très grandes idées d’un certain président directeur général d’une certaine union pour la république productrice du sucre, de la menthe et des programmes télévisés de mauvais goût et particulièrement peu inspirés, avec celles d’un certain premier des ministres amplement drapé, en long, en large et en travers, dans son blanc boubou, turban au cou, sandales aux pieds, allant et venant en tous sens. Tous les Mauritaniens veulent Président-fondateur. Tous les Mauritaniens aiment Président-rectificateur. Tous les Mauritaniens tiennent à Président-irremplaçable. L’œil est une balance. Regardez combien ils étaient, à Rosso. Combien ils furent, à Bouratt. Comment ils étaient, à Kaédi. Combien ils ont été, à Magta Lahjar. Nous partîmes cinq cents… Qu’Allah donne la cécité à celui ou à celle qui leur en veut ! Les traditions populaires disaient que celui qui meurt, ses parents vont traire après lui. Version locale du nul n’est indispensable. Même pas les grands présidents. Les vrais. Ni les grands fondateurs. Les vrais. Ni les grands réformateurs/rectificateurs. Les vrais. Ni les grands généraux. Les vrais. Ni même les grands ingénieurs et autres éminents intellectuels. Ni les badauds. Ni les menteurs. Ni les clowns. Au temps de la guerre du Sahara, les femmes disaient qu’à chaque fois qu’un militaire meurt, un autre le remplace. La règle est toujours d’actualité. Les autres, comme disait Sartre, c’est l’enfer. Nos autres, les peu nombreux, Les quelques poignées de misérables qui n’aiment pas Président-irrésistible. Qui n’ont pas vraiment grand-chose à lui reprocher. Tout ce qu’ils « voient », sur lui, c’est qu’il combat la gabegie. Extrait de quelques éblouissantes réflexions aux environs du triangle de la pauvreté redevenu, subitement, triangle de l’espoir, avant triangle du développement. Tfou, la gabegie, ce n’est pas « boh » ! La SAFA, ATTM et ENER en savent quelque chose. Entre l’amnésie et y a pas plus sourd que celui ne veut pas entendre, pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, y a qu’un pas que chacun peut franchir, sans avoir l’œil dans son derrière. En tout cas, moi, je ne peux pas comprendre que certains (opposants ou aigris, à coup sûr) ne « voient », sur le pouvoir et son chef, que de vouloir sevrer certains prédateurs. Rude combat. Œuvre titanesque. Puisque la prédation est partout. Au sommet et à la base. Mais Président-Rectificateur et ses ministres ont, eux, les mains propres et n’ont peur de rien. Qui n’a pas volé ne craint pas les pisteurs. Celui qui n’a rien mangé ne risque pas d’avaler de travers. Ce sont les présidents de l’UFP et du RFD, chefs de file des autres, qui « voient », sur eux et Président-précieux, de juste vouloir lutter contre la gabegie. Salut.   

Sneiba El Kory