Faits divers : Un boutiquier passe un mauvais quart d’heure

13 July, 2017 - 01:17

Le quartier Socogim PS est situé à basse altitude : à peu près cinquante mètres au-dessous du niveau de la mer. Dès les premières pluies, plusieurs zones de ce quartier populaire deviennent inaccessibles aux voitures ; parfois, même aux piétons. Des boutiques de ventes de matériel « Second hand », à hauteur du marché Maroc, n’ouvrent leurs portes que très rarement, faute à l’enclavement qui contrarie le flux habituel des clients. Les passants se font aussi rares,  du fait des eaux stagnantes. A. J. tient, dans ce quartier, une boutique de frigos et autres matériaux  d’occasion. L’autre jour, le voilà seul dans sa boutique, à discuter avec des clients marocains, lorsqu’un gaillard de teint foncé, habillé d’une jaquette  et d’un Jean délavé se présente. Le boutiquier lui propose de le libérer en premier, car « les clients étrangers que tu vois là attendent une voiture, pour embarquer – Non, non, je vais attendre », insiste le gaillard. Dix minutes plus tard, la voiture attendue arrive et les deux étrangers prennent congé, promettant de revenir acheter diverses marchandises.

 

Braquage inattendu 

Le client demande, à A. J., de l’emmener voir les vélos stockés dans l’arrière-boutique. Notre ami, qui ne se soucie de rien, l’y fait aussitôt entrer, choisit un vélo et se retourne pour le présenter au client. Surprise ! L’homme a dégainé une machette qu’il tenait cachée sous ses vêtements et la lui met au cou. « Ne bronche pas », lui ordonne-t-il, « si tu veux vivre ! ». Et de l’agonir d’injures racistes, avant de s’emparer d’une forte somme d’argent, se choisir un beau vélo et entreprendre de quitter les lieux, sans oublier de menacer des pires représailles, au moindre appel au secours. Voilà notre pauvre boutiquier cadenassé, tandis que son agresseur disparaît. Il faudra un bon quart d’œuvre pour qu’A.J. s’enhardisse, suffoquant, à bêler quelque cri de détresse. Heureusement pour lui, un passant l’entend et vient le délivrer. Le boutiquier se rend aussitôt au commissariat de police d’El Mina 2 et porte plainte contre X.

 

Rat piégé

Le responsable de la police judiciaire, le fameux brigadier-chef Ahmed Kori, l’interroge longuement, afin de dresser le plus parfait portrait-robot du malfaiteur. « J’ai quelques suspects en tête », lui dit-il, « rentre chez toi. Mais laisse-moi ton numéro de téléphone, j’aurai sûrement besoin de toi pour confondre  le lascar ». A peine deux jours plus tard, appel du brigadier et voilà notre boutiquier à examiner, un à un, les suspects qu’on lui présente. Son braqueur n’est pas du lot, il en est certain, il le reconnaîtrait entre mille. Deux jours passent avant qu’on ne le convoque pour l’examen d’une nouvelle brochette de louches individus. Non, le bandit n’en est pas plus. Dix de der, le lendemain, avec un lot de quatre « clients ». Bingo ! Le scélérat en fait, cette fois, bel et bien partie, A.J. le désigne aussitôt, en dépit des grimaces que le drôle s’applique à produire, pour éviter d’être reconnu.   

Camara « Santage » – c’est l’appellation du multirécidiviste – commence par nier farouchement l’accusation. On le transfère alors à la PJ où il ne tarde guère à avouer, sous la pression des méthodes affutées d’interrogatoire de la police. Plusieurs autres de ses victimes vont, les jours suivant, défiler au commissariat et le reconnaître à leur tour. Puis les parents de Camara se présentent et tentent de trouver un arrangement à l’amiable. En vain : les braqués refusent d’encourager les braqueurs. Camara est donc déféré au parquet de la wilaya Sud et écroué à Dar Naïm. Quant à A.J., sa décision est, dit-il, irrévocable : il ne restera plus jamais seul en sa boutique, incha Allah !

Mosy