Diplômée au BEPC… alors qu’elle y était absente !

11 July, 2017 - 14:27

La réussite de candidats absents, lors du déroulement des épreuves, est un fait  marquant du  BEPC 2017. La tricherie, le manque de sérieux et l’iniquité entre les candidats en resteront la signature, notamment au centre de Sélibaby 3. Quelle surprise, pour ne pas dire indignation, d’y constater la réussite d’Assa Lassana Diakité, épouse de Farba Tamboura, directeur des études au lycée de Sélibaby. Car elle n’a pas traité un seul sujet de l’examen. Inscrite  au lycée  privé El Khayar de Sélibaby, sous le numéro 42767, elle devait subir les épreuves  au centre  susdit. Mais certaine de « l’appui » de son époux, elle ne s’y est pas même présentée, préférant se rendre à l’examen du centre qataro-mauritanien de Sélibaby qui se déroulait en même temps que le brevet.               Comment  aura-t-elle donc réussi au BEPC ? L’épouse de l’administrateur scolaire  devait occuper la première place, à la salle 12. Elle a été relevée absente, tout comme Aminata Oumar Diallo, inscrite sous le numéro 42767 ; et Oumou Abdallahi Anne, inscrite sous le numéro 42797 qui ont, comme elle, préféré le centre qataro-mauritanien, tentant, en vain, de se faire représenter par d’autres  candidates. Il aura donc fallu toute une complicité  de profs, surveillants, jusqu’à celle du chef de centre,  Madiké Gueye, directeur de Sélibaby 1, pour que tous   les sujets du BEPC soient déclarés traités par la bonne dame qui a obtenu, en conséquence, une « heureuse » moyenne de 13, 26 (voir mauribac.com). Cela confirme que les  tricheurs sont  les soi-disant « responsables » et non pas les candidats.  Seuls  donc les pauvres perdent leur temps à travailler ou à croire au sérieux. C’est du moins la leçon que retient plus d’un à Sélibaby.

Les candidats et leurs parents exigent que  lumière soit faite sur cette affaire. « Une enquête doit être ouverte, pour  punir les auteurs des tels actes contraires au principe de  l’égalité de chance entre  les élèves », s’indigne un parent contacté lors de la publication des résultats. « Ce cas patent de fraude exige d’autant plus lourdes  sanctions qu’il met en cause des personnes censées combattre de telles pratiques. Des irresponsables grèvent l’Etat d’un lourd budget, pour  les surveillances, et  le discréditent, en même temps : ils doivent subir les conséquences de leurs actes ».

Préférant garder l’anonymat, une candidate inscrite  dans la même salle que les absentes renchérit : « Si l’épouse du DE du lycée  a obtenu le BEPC, sans se présenter à aucune des épreuves, c’est qu’elle était certaine que  son mari et les collègues de ce dernier traiteraient, pour elle, tous les sujets. D’ailleurs », ajoute-t-elle, « Assa  n’est pas la seule  à bénéficier de ces faveurs. La fille du proviseur  du lycée m’a laissé entendre que son père remplaçait certaines copies par d’autres traitées par des profs ». Ce n’est donc apparemment secret pour personne qu’elle allait, elle aussi, réussir. Seuls  les pauvres et ceux qui n’ont personne pour traiter les sujets à leur  place s’en tiennent au peu qu’ils ont  retenu des cours et des révisions. La certitude de « réussir » semble, ainsi, réservée aux seuls parents, sinon « partenaires financiers », des responsables de l’administration scolaire, des professeurs et des surveillants. Un proche d’une des  candidates qui n’ont pas réussi à faire accepter leur remplacement exige, lui aussi, toute la lumière sur cette affaire et des sanctions à l’encontre des fautifs et de leurs complices. On attend les réactions du DREN du Guidimakha et du MEN.  Que signifie la conscience professionnelle, quand  les responsables de nos écoles  sont les premiers à s’inscrire en faux contre  les principes de  leur  profession ?  

Ben Abdalla