Lutte contre les MGF : l’AMDH bat campagne au Brakna

8 June, 2017 - 00:18

C’est autour du thème « Ensemble, luttons pour l’élimination des mutilations génitales féminines en Mauritanie »  que l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)  a battu, du 22 au 25 Mai , campagne contre l’excision, dans les départements de Boghé et de Bababé.  Initié dans le cadre du Projet « Amélioration de la protection juridique des filles contre les pratiques traditionnelles nuisibles ; en l’occurrence, les mutilations génitales féminines ; à travers l’utilisation de la loi et des mécanismes juridiques », en collaboration avec  Equality  Now et mis en œuvre par l’AMDH, cette mission de sensibilisation contre les pratiques traditionnelles nuisibles s’est rendue dans les villages de Sayé ,Touldé et Dioudé Walo où elle a rencontré des groupements de femmes.

L’équipe de sensibilisation était composée, outre la mission, des responsables de l’antenne de l’AMDH à Boghé et Bababé. A Sayé et Touldé, le docteur Niang Oumar, infirmier d’Etat à la retraite, a fait, en sa qualité de professionnel de santé, un exposé détaillé sur les MGF et leurs conséquences sur la santé de la femme en reproduction. La séance de sensibilisation a porté, notamment, sur les conséquences de l’excision chez la petite fille et la femme adulte qui souffre, très souvent, lors des accouchements et des rapports conjugaux.

Il a dénoncé l’utilisation de matériel d’excision non stérilisé, des hémorragies non maîtrisables, engendrant des maladies graves, comme les fistules obstétricales, les infections urinaires, des trompes bouchées pouvant conduire à la stérilité, les douleurs lors des rapports conjugaux, les complications lors de l’accouchement, parfois mortelles. « Si la circoncision, chez l’homme, n’entraîne, à l’ordinaire, aucun problème, chez la femme, les conséquences de l’excision sont souvent désastreuses », a-t-il dit, citant des exemples de cas dont certains ont entraîné la mort. Pour sa part, maître Fatimata Thiam, assistante psycho-sociale de l’AMDH, a mis l’accent sur la conscientisation des exciseuses, sur les différentes conséquences subies, par les petites filles excisées et, même, les femmes adultes dans leur vie conjugale.

Les femmes ont mis à nu  cette pratique, jadis culturelle et tolérée un certain temps, avant d’exprimer leur volonté de l’abandonner, pour sauvegarder la santé de la petite fille et des femmes qui en souffrent durant leur vie conjugale.

 

Non à l’excision à  Touldé 

Prenant de nouveau la parole à Touldé, Niang Oumar a dressé une liste des méfaits de l’excision pratiquée, depuis des  décennies, dans ces zones. Mais elle tend, aujourd’hui, à disparaître, grâce à la prise de conscience généralisée sur les conséquences engendrée par cette coutume », a-t-il dit. Il est encore revenu, largement, sur les conséquences nuisibles et immédiates des MGF, sur les plans physique, psychique et sanitaire Il a expliqué, en détails, ces conséquences. L’intervention de l’imam Mamadou Lamine Sakho a particulièrement retenu l’attention de l’assistance, apprenant, par la bouche même du savant, que cette pratique n’est qu’une sunna jugée ordinairement faible mais autorisée.

C’est dire que si cette pratique a perduré et se soit répandue largement chez les communautés, c’est en ce qu’elle est devenue une pratique culturelle, pas une exigence de l’islam. « Par conséquent », concluait l’imam, « si les conséquences liées à cette pratique se révèlent nuisibles pour la santé des femmes, il y a lieu de recommander son abandon, pour sauvegarder la santé de la mère et de l’enfant ». Plusieurs intervenants notamment des femmes, ont décidé, après l’intervention de l’imam et de l’infirmer d’Etat à la retraite, d’abandonner l’excision et de battre campagne, à chaque fois qu’une occasion se présentera, pour mettre fin aux MGF, dans toutes les communautés du département de Boghé.

 

Mobilisation contre  d’excision  à Djoudé

Au village de Djoudé Diéry, situé à deux kilomètres de Bababé, plus d’une cinquantaine de femmes se sont mobilisées, pour abandonner la pratique des MGF. Madame Sall Fatimata, sage-femme d’Etat à la retraite, a insisté sur le fait que depuis longtemps, des campagnes de sensibilisation ont été menées, dans les zones environnantes, afin d’amener les populations à mettre fin à l’excision. « Malgré tous les efforts fournis, la pratique perdure. Quelles que soient les raisons culturelles avancées par certains, nous devons tous lutter pour éliminer, définitivement, les mutilations génitales féminines dans nos communautés », a-t-elle soutenu. Pour sa part, monsieur Issa Wane, imam de mosquée à Bababé, a recommandé, à tous les musulmans, hommes et femmes, d’abandonner cette pratique néfaste, à éliminer définitivement. Et de rappeler que toute pratique néfaste à l’organisme humain est interdite par l’islam.

Synthèse KAAW THIERNO