Calamités…. Calamités…. Calamités…

25 May, 2017 - 04:32

L'élection d'un nouveau président, pour le Syndicat des Journalistes Mauritaniens, s'est tenue le dimanche 21 Mai 2017. C'est le journaliste Mohamed Salem ould Dah qui a été élu,  contre le président sortant, Ahmed Salem ould Moktar Salem. Une victoire aux forceps, puisque seuls 252  des 494 votants (sur 1236 inscrits…) ont porté leur suffrage sur Ould Dah, contre 242 en faveur d'Ould Moktar Salem. Tout semble s'être passé dans le calme. Le président sortant n'aurait pas, que je sache, contesté les résultats. Pour cela seulement, il est à féliciter. Ainsi la presse (une fois n'est pas coutume) aura-t-elle donné une très belle leçon de démocratie aux Mauritaniens qui en ont fort besoin. Selon les premières déclarations du nouveau président du SJM, les autorités n'auraient pas interféré (une fois n'est, ici non plus, coutume) dans le déroulement des consultations. Encore une très bonne chose. Après plusieurs mois de confusion, la presse nationale a donc réussi à dépasser ses clivages pour désigner un nouveau " patron " dont la mission ne sera, pour l'essentiel, que de suppléer son collègue sortant à gérer les problèmes structurels où se débat, depuis sa naissance, la presse nationale. Une institution qui peine, depuis plus de vingt ans, à prendre son envol, incapable qu'elle est restée de trier entre le bon grain et l'ivraie. La responsabilité de l'Etat est, à cet égard, flagrante. Plus que compréhensible, comme en tout pays où la démocratie est malmenée, où les droits humains les plus fondamentaux sont foulés, quotidiennement, du pied, où la répression est de règle, la dilapidation des deniers publics monnaie courante, les biens mal acquis fleurissant à bout de champ et des lobbies de toutes sortes maîtres de tous les aspects de la vie nationale. Naturellement qu'en ces lamentables conditions, une presse forte ne soit jamais bienvenue. Autant en faire un fourre-tout où repris de justice, soldats à la retraite, malades mentaux, bouffons de tout acabit, personnages sans scrupules, jeunes étudiants frais émoulus en quête de sensationnel, agents des renseignements, entremetteurs côtés en haut lieu, dévergondées et autres résidus sociaux s'octroient un titre de journaliste leur permettant de disputer les menus fretins avec les laudateurs, animateurs publics et autres clowns, lors de providentielles réunions, formelles ou informelles, cérémonies de mariages, voire enterrements ou condoléances. Beaucoup des 1236 inscrits sur la liste électorale du SJM ne sont, au demeurant, en aucune sorte des journalistes. Les responsables de cette élection pastiche sont, malheureusement, les premiers à le savoir. Plus de sept cents (742) dont un bon paquet de" vrais " journalistes ne sont pas allés voter, en signe de protestation contre cette dangereuse infiltration. Les modalités d'inscription et l'obtention de la carte d'électeur sont loin  d'avoir été rigoureuses. De fait, n'importe qui a voté pour n'importe quoi. Le nouveau bureau du SJM doit le savoir. Son premier défi sera d'avoir le courage d'assainir l'institution dont il vient d'avoir la charge… au risque de remettre en cause sa légitimité. Les frasques qui ont émaillé, par moment, le déroulement de l'élection en disent long sur les difficultés potentielles qui se dressent face à cette nécessité de clarification. Les youyous de femmes, au passage d'un directeur général d'un média public, ou l'insolence d'un journaliste qui montre, au public, son bulletin, avant de le mettre sous enveloppe, sont éloquents. Ailleurs, la presse est un pouvoir qui fait et défait les hommes et les opinions. Sa puissance et son influence sont tributaires de son organisation et de sa rigueur, en termes d'accès au corps médiatique, à la moralité et à la capacité de ses membres à discerner entre leurs choix personnels et le traitement professionnel et neutre de l'information. Cela devrait être l'ambition de la presse et la volonté de l'Etat. Mais, en Mauritanie, les écuries d'Augias attendent toujours d'être nettoyées.   

El Kory Sneiba