Autour d'un thé

18 May, 2017 - 00:52

Vois, mon frère, ce qui se passe maintenant. Ça n’est jamais arrivé. C’est juste que ce soit la première fois que cela arrive. Ha, cette histoire de première fois ! Un concept toujours nouveau, tout beau et qui sert, immanquablement, toujours à quelque chose : c’est la première fois que les caisses de l’Etat ont été si bien renflouées. La première fois que choses se passent comme ça. Que les choses se passent comme ci. La première fois que l’armée est comme ça. Que les civils sont comme ci. Première fois que les impôts sont comme ça, que les ministres comme ci, les opposants comme ça, le dialogue tout comme… Première fois que les voitures roulent ainsi et que les ânes braient comme ça. C’est la première fois que le poisson nage comme ça. C’est la première fois que toi, t’es comme ça et moi, comme ci. C’est la première fois que comme ci est comme ça. Première fois que le pays marche. Comme ci, comme ça. Couci, couça. Car il y a de bonnes premières fois et de mauvaises premières fois. Exactement comme dans tout. Il ya du bon. Il y a du mauvais. Du gentil et du méchant. Il faut savoir tout dire : mauvaises et bonnes premières fois. Il faut bien les distinguer. Exemple : en termes de premières fois, c’est presque le sommet – c'est-à-dire, le record va tomber – Première fois que braquage il y a. « Un, c’est un peu trop », comme disait notre ‘’ancêtre’’ le singe. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept….Autant de premières fois. C’est un peu comme l’histoire de l’autre qui avait trois choses à dire. La première, vous la connaissez. La seconde, je la garde pour moi. La troisième, je vous la dirai, un jour, plus tard. C’est un peu ça, la Mauritanie. Des histoires de fous si confuses et inintelligibles. Exactement comme les histoires des gens du puits. De toutes provenances. De toutes saveurs. De toutes natures. Les ministres vont laisser tomber le travail, pour plus urgent. Aller prêcher les bons amendements à senteur des Sept Commandements, auprès des populations. Histoire de leur faire comprendre que Oui et Non n’est pas un choix. Non est mauvais pour l’argent, la promotion et les postes juteux. Oui est une exigence-clé, partout, qui ouvre toutes les opportunités. La preuve : Non détruit, oui construit. Oui peut rapporter gros. Non conduit, directement, à l’abîme. Missions ministérielles pour clamer, aux quatre vents, l’illégitimité des  sénateurs (du moins, les fameux 33). Leur tête est cassée : ils promeuvent la gabegie ! Voudraient-ils que l’Etat claque, inutilement, six à sept milliards pour demander au peuple son avis, Excusez-moi, vous autres spécialistes du français : quand je suis fâché, ponctuation, connais pas ! Les ministres vont aller dire, aux populations, que les sénateurs (frondeurs, s’entend) sont comme la vache qui ne cesse de répéter « mon fils, mon fils » (mon veau), jusqu’à beugler « ma tête, ma tête ». Les ministres vont aller dire, aux populations, que les sénateurs (certains) ne sont pas sérieux, puisqu’ils ont « coupé le Président dans le dos ». Comme le disait une sénatrice, l’autre soir, à la télévision, affirmer, au Président : « oui, je vais voter pour les amendements » ; puis venir manger, boire, rire, frapper des mains dans les mains des autres, puis encore autre chose que je ne dirai pas ici, à l’écran ; avant de faire le contraire de ce qu’on a dit, ça, vraiment, ce n’est pas sérieux. Il paraît que ces premières fois-là, c’est « un peu beaucoup ». Lesquelles ? Exemple, presque au hasard : c’est la première fois que les artistes chantent contre le chef, la première fois que chaque deux ou trois jours, on entend une chanson fredonner quelque chose contre les amendements constitutionnels : à bas, on n’en veut pas ! On est contre ! C’est la première fois que les gens voient les chauffeurs, les passagers, les nationaux, les étrangers, les honnêtes, les malhonnêtes, les bandits débutants, les bandits chevronnés, les femmes, les hommes, les mineurs, les majeurs et les autres, sortir dans la rue, en même temps, pour exhorter le chef à faire marche arrière. Salut.