Autour d'un thé

27 April, 2017 - 01:21

Dans ce bas monde, au sens propre du terme, il ya des choses qui datent de très longtemps. Enfin des quelques choses qui ressemblent presque à un métier. Puisque, si tu travailles, tu as de l’argent. Sauf si tu tombes, par malchance, sur un employeur « pas fluide ». Autre manière de dire insolvable. Ou que tu sois dans un système qui aime l’argent. Système au sens africain du terme : c'est-à-dire une organisation où il n’ya qu’un seul chef. C’est lui le chef. C’est lui l’adjoint. C’est, surtout, lui le comptable. Aucune ouguiya ne sort sans son autorisation. Aucune ouguiya ne rentre que sous son œil. Rien à faire. Ne connaît l’érudit que l’érudit. Ne connaît le voleur que le voleur. Il y a même une technique qui consiste à dire que pour maîtriser le voleur, il faut lui confier quelque chose. Un peu comme dire que les bons « rassembleurs » et les bons gardiens de l’argent furent, auparavant, les plus grands voleurs. Nous voilà revenus à notre sujet : depuis que le monde est monde, les voleurs existent. Rien de plus organique, que la relation entre l’homme et le vol. La pratique a certes évolué. Comme tout. Jadis, c’était qui vole un œuf vole un bœuf. Maintenant, c’est qui vole une voiture dévalisera une banque. Et puis, si la maman du voleur ne poussait pas toujours des youyous, le voleur est roi, héros, beau. Selon que vous soyez puissant ou misérable. Selon que vous soyez de l’un ou l’autre des quatre points cardinaux. Un voleur du Sud n’est pas un voleur du Nord. Un voleur de l’Est pas comme un voleur de l’Ouest. Un voleur dont le père ou la mère est général ou ministre n’est pas comme un voleur dont le père est soldat ou bûcheron. Un voleur « rouge » n’est pas comme un voleur blanc, ni un voleur noir comme un voleur jaune. Un grand voleur n’est pas comme un petit voleur. Un gros voleur n’est pas comme un maigre voleur. En termes de butin.  Heureusement que le vol n’est pas une maladie qui tue. Sinon, imaginez le carnage. Tant chez les voleurs d’œufs que chez les voleurs de bœufs. Et je n’innocente personne. Puisque le plus grand est l’éléphant et l’éléphant ne prie pas. Du pays d’un million de poètes, on serait devenu le pays d’un million de manchots, si la république islamique était activée, dans toute sa rigueur mutilante. Qu’Allah maudisse le voleur qui appauvrit les gens sans enrichir sa « tête » ! L’incompatibilité ? Voleur compatible est un non-sens. Incontestablement. Mais un ministre de l’Intérieur et de la décentralisation qui assiste au lancement d’une initiative en faveur des amendements constitutionnels n’est pas plus compatible. Je sais qu’il n’y a, a priori, aucun rapport entre compatibilité, voleur et ministre. Impossible : un ministre ne peut pas voler. Astaghfiroullahi. Au moins cent fois. En tout cas, pas chez nous. Peut-être ailleurs. Bon, demandons pardon à Allah quand même, on ne sait jamais. Un général qui parraine une très grande mobilisation populaire dont les participants sont venus des quatre coins de Nouakchott, pour une initiative en faveur des amendements constitutionnels qui seront proposés, au peuple, le 15 Juillet prochain, ça, c’est du vol – pardon – ça, c’est incompatible ou pas, avec les dispositions de la loi sur l’incompatibilité de certaines fonctions avec la politique ? Puis un autre général, encore un autre, puis un colonel et encore un ministre et encore une ministre. Tous des voleurs – oh lala, encore pardon ! –  tous des violeurs de la loi. Juste que j’ai oublié le i de violeur. Sémantiquement, c’est tout proche, dé ! Voleur et violeur. Extraordinaire. En réalité, pour voler, il faut violer et, pour violer, il faut voler. Dans les deux, il ya les deux. Donc il est possible de dire qu’un voleur est un violeur et qu’un violeur est un voleur. Comme ça, qui viole la Constitution vole la Constitution. Maintenant que, chez nous, on fait l’apologie des voleurs, c’est tout nouveau. Et puis, l’argent public, c’est selon que tu l’utilises pour faire un meeting de soutien au Président ou pour construire une maison. Quand c’est pour soutien, c’est bon. Quand c’est pour construire, c’est pas bon. Il faut savoir qui tu es et pourquoi tu voles. Sinon, prison directe ! Salut.