Pour une meilleure gouvernance de ressources minières : les journalistes se renforcent

27 April, 2017 - 01:20

18 journalistes des  médias publics et privés de 6 pays de l’Afrique de l’Ouest prennent part depuis ce mercredi 26 avril, à Bamako (Mali) à une session de formation des médias sur le thème de « la gouvernance des ressources minières en Afrique de l’Ouest ».

 En partenariat avec OSIWA (Open Society Institute for West Africa) et TrustAfrica, IRPAD (Institut de Recherche et de Promotion des Alternatives en Développement) est en train de mettre en œuvre une initiative régionale intitulée « Les Organisations de la Société Civile (OSC) de l’Afrique de l’Ouest s’engagent pour une meilleure gouvernance des ressources minières/naturelles ». La mise en œuvre de cette initiative dans six (6) pays de l’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal) est une opportunité pour mieux mobiliser les acteurs autour de la question fondamentale de valorisation/mobilisation des ressources nationales et régionales pour le développement. Le projet vise entre autres à renforcer les capacités des décideurs et des médias suite aux études menées dans les six pays. La présente session est celle dédiée aux médias publics et privés. Des parlementaires  des six pays ont pu, du 24 au 25 avril derniers, renforcer leurs capacités sur la bonne gouvernance des ressources minières et naturelles afin de  mieux comprendre les enjeux et contribuer aux changements de politiques et/ou de pratiques en lien avec les industries extractives. La consolidation du rôle et de la place des acteurs de la société civile dans l’interpellation des décideurs sur les questions d’équité dans le partage des ressources, de transparence et de redevabilité dans la gestion des ressources naturelles fait partie des objectifs spécifiques de la rencontre.

 

Il s’agissait aussi d’ouvrir le débat autour des ressources naturelles pour une prise de conscience des décideurs locaux (maires) sur la nécessité d’utiliser les revenus provenant des industries extractives pour le développement socio-économique des communautés.

A l’ouverture de la rencontre, le directeur exécutif de l’ IRPAD , Mamadou Goita, a salué la tenue de cet important événement qui permet d’assurer une mise à niveau des médias, des élus locaux et des parlementaires. Ce permettra aux différents acteurs aux yeux, de Goïta, « de jouer un rôle important dans la dynamique de construction du continent » et de faire face à l’exploitation abusive des ressources notamment celles liées aux industries extractives.

Plusieurs exemples provenant de différents pays montrent à suffisance que les ressources naturelles dont regorgent l’Afrique ne sont pas profitables aux Etats et aux peuples qui sont censés être les premiers responsables de leur exploitation. Cette situation est due en grande partie à l’insuffisance de la volonté politique qui doit permettre non seulement d’avoir des politiques cohérentes en la matière mais aussi de suivre, évaluer et capitaliser les engagements des décideurs vis-à-vis des processus de développement des différents pays.

Les sociétés minières spolient les communautés de leurs ressources, souvent avec l’aide des décideurs publics ou d’autres acteurs économiques. Les flux illicites, les exemptions fiscales, les changements dans les codes miniers, la corruption sont, entre autres, des causes essentielles qui compromettent l’avenir des investissements dans les zones minières. Chaque année, révèle Goita, le continent vit une hémorragie financière :50 milliards de $  sont perdus soit du fait d’évasion fiscale, de sous estimations des prix des matières premières ou du fait des flux financiers illicites. Cette importante manne financière aurait pu servir à financer l’intégralité des programmes de développement du continent, a assuré Mamadou GOITA.

En Mauritanie, la décision des autorités d’exonérer de TVA les entreprises minières sur certains produits est assez préjudiciable au trésor public. D’autant qu’en percevant la TVA, on anticipe sur la fraude. Or, sans la TVA, il n’y a pas de limites. Les parlementaires ont été édifiés sur cette anomalie bien particulière.

Avec la Nouvelle Vision Africaine des Mines (VAM) mettant l’accent sur l’exploitation minière comme un patrimoine à mettre au profit du développement, il existe une opportunité de travailler plus profondément sur des études de cas et de lutter pour des changements de politiques et de pratiques.

Avec le concours d’experts africains notamment le sénégalais Demba Moussa Démbélé et la burkinabé Karidia Sanon, il sera question entre autres des   grands enjeux liés à la gestion des ressources minières en Afrique de l’Ouest (Etat des lieux, enjeux et défis à relever) ; des Flux Financiers Illicites dans les industries extractives : Etat des lieux et perspectives en Afrique de l’Ouest, Forces et faiblesses des cadres institutionnels et réglementaires de la gestion des ressources minières en Afrique de l’Ouest : Etude de cas de la Guinée et échanges autour des expériences des autres pays.