Un Macron, un, pour la Mauritanie !

27 April, 2017 - 01:05

Encore une fois, le populisme dégomme les idéologies auxquelles les peuples du monde ne semblent plus croire. Après que les promoteurs du Brexit l’ont emporté, haut la main, sur ses détracteurs et que l’élection surprise de Donald Trump est tombée, comme un couperet, pour remettre en cause tous les calculs diplomatiques et politiques internationaux, voilà que la très probable élection d’Emmanuel Macron vient renforcer la tendance internationale au clash idéologique, nouvel espoir pour les centaines de millions de citoyens des grandes puissances. Renvoyant, dos à dos, Gauche et Droite, pour choisir un jeune banquier de 39 ans, promoteur, il y a moins de deux ans, d’une organisation informelle, les Français ont voulu exprimer un désaveu cinglant aux éternelles promesses sans lendemain, incarnées, depuis plus d’un siècle, par des partis idéologiques en perte de vitesse. Pendant toute la campagne, l’ancien ministre de l’Economie et des finances de Manuel Valls a dit, à qui voulait l’entendre, qu’il n’était ni de gauche ni de droite mais qu’il avait une ambition pour la France et les Français, dépassant les clivages de ces deux approches figées. Le message du très probable futur président de la France semble avoir fait mouche. Normalement, eu égard aux appels à voter, en sa faveur, de quasiment tous ses anciens adversaires du premier tour, à l’exception du candidat de la France Insoumise, Jean Luc Mélenchon et de Dupont-Aignan, Emmanuel Macron devrait l’emporter haut la main, le 7 Mai prochain, contre Marine Le Pen, la tonitruante patronne de l’extrême-droite. Les Français n’ont plus qu’à choisir entre un centriste pro-européen et une extrémiste qui ne cache pas ses appréhensions envers l’Europe et la migration. Comme en France, la Mauritanie a besoin d’un charismatique sauveur qui sorte de nulle part, qui n’appartiendrait ni à la majorité ni à l’opposition toutes deux incapables, semble-t-il, de poser les véritables problèmes nationaux autour desquels le maximum de Mauritaniens pourraient s’unir. De 1992 à aujourd’hui, rien d’intéressant n’a été servi, aux Mauritaniens, pour se débarrasser, une fois pour toutes, du rouleau compresseur d’une oligarchie militaire transmise, de flambeau d’officier à mèche d’officier. Aucune majorité n’a eu autre courage que couvrir son président d’apologie et de panégyrique, afin de pour profiter, indûment, des retombées sonnantes et trébuchantes de postes juteux distribués, par le flatté, suivant le degré d’allégeance et de compromission. Jamais aucune opposition n’a pu dépasser les querelles personnelles de ses « leaders » et proposer, au peuple, une alternative crédible en d’un vrai changement qui débarrasse le pays de l’étau étrangleur des militaires. Les rares opportunités qui se sont présentées, comme en 1992 ou 2007, ont été ratées, à cause de mesquines ambitions personnelles qui nous ont renvoyé aux éternelles petites combines, connues de tous. Deux ans avant la présidentielle de 2019, un aussi providentiel mouvement, comme l’En-Marche de Macron, permettra-t-il de secréter un tout aussi providentiel homme, qui ne soit ni de la majorité ni de l’opposition et puisse rassembler, autour d’un programme d’espérance, toutes les forces vives nationales, afin de sortir le pays de la situation où il s’est embourbé depuis un certain 10 Juillet 1978 ?

El Kory Sneiba