Calamités…. Calamités…. Calamités…

23 March, 2017 - 02:28

Le rejet, vendredi dernier, des amendements constitutionnels, par trente-trois sénateurs retentit en véritable coup de tonnerre, sur la scène politique nationale. Pour les uns, c’est un camouflet que nul ne pouvait prévoir, puisque le Sénat est majoritairement composé de soutiens de Mohamed ould Abdel Aziz qui avait initié et parrainé lesdits amendements constitutionnels. Est-ce de s’être sentis régulièrement humiliés, depuis le discours de Néma, le 3 Mai 2016, que les sénateurs ont rageusement refusé ce qu’avaient accepté les dialoguistes de Septembre-Octobre derniers ? D’autres ne manquent pas de souligner  qu’un tel désaveu, véritable claque politique, aurait, ailleurs, entraîné la démission, sinon du président de la République, du moins du gouvernement. Et les explications de fuser de toutes parts. Bien sûr que les honorables n’allaient pas signer l’arrêt de leur propre mort, puisqu’un des amendements constitutionnels prévoyait, précisément, la suppression pure et simple de leur chambre ; bien sûr que les brimades exercées, par leurs pairs de la majorité, pour justifier la déclaration présidentielle de leur inutilité et de leur pesanteur, dans le processus d’adoption des textes de loi, n’allaient pas rester sans suites ! Comme quoi, qui veut noyer son chien l’accuse de rage. Extraordinaire : depuis vendredi, toutes les oppositions nationales ont accordé leurs violons avec ceux des sénateurs de la majorité, subitement élevés au rang de sauveurs providentiels des symboles d’une république aux abois, garants de l’intégrité d’une Constitution dont les termes disposent, pourtant et clairement, de la péremption de leur mandat, depuis plusieurs années. Mais les sénateurs ont-ils agi en leur âme et conscience, refusant, tout simplement, des amendements dont la pertinence ne leur a pas paru irrésistible ? Ou n’ont-ils fait qu’exécuter une énième manœuvre, savamment concoctée, pour permettre, au pouvoir, de se débarrasser, à bon compte, d’amendements constitutionnels qui se sont avérés dangereusement impopulaires ? Les deux traits rouges au-dessus et en-dessous du drapeau, les fameux conseils régionaux et la renonciation à la Haute cour de justice ne semblent avoir convaincu personne. Impossible d’imaginer, à aucun moment, une fronde d’aussi grande ampleur, au sein d’une majorité de béni-oui-oui plus accrochée que des tiques à la volonté du Président et du gouvernement en place. Ce qui s’est passé au Sénat n’a sûrement pas surpris la Présidence. Toute la semaine d’avant le vote, le président du Sénat s’est vu régulièrement convoqué au Palais. Les manifestations des oppositions, les appels à voter contre les amendements, les propos des partis, personnalités et autres organisations de la société civile n’ont été d’aucun impact sur la décision des sénateurs. A cet égard, les piques des uns et les témoignages de gratitude des autres devraient attendre, un peu, de voir plus clair, avant de se déclarer. Ridicule que des députés se rappellent, subitement, que le mandat de leurs collègues sénateurs est expiré depuis longtemps et qu’ils devraient, par conséquent, rembourser tout l’argent perçu depuis. Très belle parade pour renflouer les caisses publiques d’un argent vraiment hypothétique. Ridicule encore que de demander la démission de Mohamed ould Abdel Aziz, suite au rejet des amendements constitutionnels. A la de Gaulle ou à la Mattéo Renzi ? La Mauritanie n’est ni la France ni l’Italie, c’est évident. Le général Ould Abdel Aziz n’est pas, non plus, le Général de Gaulle. C’est beaucoup plus évident encore. Lorsque les Français congédièrent de Gaulle, en 1969, suite au rejet de sa réforme de régionalisation, le Grand homme (au propre comme au figuré) se retira à Colombey-les-Deux-Eglises, en donnant deux consignes : en un, qu’aucun président ni ministre n’assiste à ses funérailles ; en deux, que, sur sa tombe, on écrive juste : de Gaulle, année de naissance (1890)/année de décès (ce qui advint en 1970). Charisme, modestie, grandeur, patriotisme, intégrité, culture : n’est pas Charles de Gaulle qui veut.

Sneiba El Kory