Communiqué conjoint: Non au tripatouillage de la Constitution !

28 February, 2017 - 00:23

Plus qu’il ne l’a jamais été, notre pays  est assailli par de multiples dangers et risques majeurs  qui menacent la pérennité de l’Etat sur le sol national ; une guerre asymétrique  faisant rage, depuis plusieurs années,   à ses  frontières Est et Sud-est dans un espace constituant un  prolongement   humain et  naturel  de la Mauritanie. Au Nord,  les tensions  fratricides  sont de plus en plus vives dans une région  à laquelle  nos liens  sont multiples. 

A l’intérieur, l’Etat s’écroule de jour en jour. L’administration, l’appareil judiciaire, le semblant d’institutions politiques s’installent  de plus en plus dans l’incurie et l’insignifiance. L’éthique  et la morale qui fondent la gestion de la chose publique font de plus en plus défaut. Le crime organisé défraie la chronique, au quotidien. A chaque jour qui se lève, son lot  de  meurtres,  de viols  et de  vols à main armée. Notre pays est devenu une plaque tournante du trafic de la drogue dans toutes ses variantes ; les narcotrafiquants y trouvent protection et impunité.

L’image de marque à l'étranger de notre pays en souffre à telle enseigne que certains médias de renom  accusent le Chef de l’Etat d’être personnellement impliqué dans des affaires opaques, d’avoir conclu des conventions secrètes  avec des organisations terroristes et  de se soumettre  à la  corruption.

La situation économique, quant à elle , dépérit , au regard des  indicateurs de base: la  dette publique  dépasse 93% du PIB et atteint  cinq milliards de dollars ; le chômage frappe durement les jeunes, particulièrement les diplômés; le prix des  denrées de première nécessité et des hydrocarbures est en augmentation continue en dépit de la chute ou de l’infléchissement  des cours mondiaux; la fortune nationale se concentre entre quelques mains ;  l’école publique est en délabrement ; le système de santé est de plus en plus dans la précarité . La gestion patrimoniale par le chef de l’ETAT  des ressources  et moyens de la collectivité nationale est sur toutes les lèvres.

 

Au lieu d’œuvrer à l’instauration d’un un consensus national large permettant de faire face  à ces défis majeurs, le pouvoir développe d’avantage sa politique de diversion en distrayant les citoyens mauritaniens par ce qu’il appelle non sans  abus  "amendements constitutionnels", prétendus être  « le fruit d'un dialogue national » auquel  les principales formations politiques,  les  forces vives et organisations de la société  civile n’ont pas daigné de participer. Il n’ y eut à cette position qu’une ou deux  exceptions  dont les propositions dissonantes ont été purement et simplement rejetées.

Ambigües dans une grande partie de leurs contenus, truffées de contradictions, opaques dans leur finalité, les modifications constitutionnelles en cours de mise en place compromettent encore plus ce qui reste de fragile unité nationale et s’inscrivent en faux contre le renforcement de l’idée  de l’Etat dont le pays a tant besoin.

A cet égard,  les amendements proposés – qui subissent des rajouts au gré de  l’humeur  du chef de l’état ou de ses calculs personnels  -, se focalisent sur deux points   :

1 – Prendre prétexte d’une plus grande décentralisation et de la suppression du Senat pour diviser le pays en circonscriptions taillées selon des choix électoralistes au mépris de la nécessité vitale de construire un pouvoir central  capable de préserver l'unité du pays et d’assurer dans le respect des lois et des liberté  la pérennité  de l'État et sa primauté.

2 - Changer l’emblème national dont le contenu, les couleurs et leur agencement ont été génialement conçus et  choisis  par les mauritaniens, il y a  plus de 50 ans devenant ainsi au cours d’un demi siècle un symbole national sous lequel s’identifient les mauritaniens à l'étranger et se retrouvent unis sous sa bannière, à l’intérieur.

Pour des raisons que le pouvoir n’a point décliné, les modifications de la constitution qu’il se propose d’instituer se feront par le Parlement croupion réuni en Congrès,  le chef de l’Etat  s’étant délié – comme à l’accoutumée - de son engagement, maintes fois répété par lui-même et ses porte-voix, de recourir au  référendum pour y procéder. Pourtant, il n’est un secret pour personne que le mandat du Senat actuel est largement arrivé à terme.

A la demande du pouvoir  - qui était sur un scenario différent de celui  qu’il suit actuellement-, le Conseil Constitutionnel a déjà publiquement pris acte de ce fait, recommandant  le renouvellement de cette chambre avant la fin de l’année 2016! Aujourd’hui, comble du ridicule, le pouvoir confie à un  Parlement,  dont l’une des deux composantes n’a plus d’existence légale, le soin de procéder à une révision constitutionnelle!

La deuxième chambre (l’Assemblée nationale), quant à elle,  a été formée  à l’issue  d’élections sans légitimité politique,  en l’absence de tout consensus national, supervisées par des structures (CENI  et Conseil

 

Constitution et dénoncent la légèreté coupable avec laquelle le pouvoir en place  traite  l’emblème national ; 

Considèrent ces pratiques comme des actes de haute  trahison, exposant  leurs  auteurs aux poursuites légales

Appellent  le peuple mauritanien et les forces vives du pays à un sursaut national pour faire face à cette mascarade et pour mettre en échec  cette aventure aux conséquences incalculables.

 

Nouakchott, le 25/02/2017

Le RFD                                                              L’UNAD