Mauritanie-Sénégal : Halte à l’escalade !

9 February, 2017 - 00:15

Depuis quelques semaines, on sent monter la tension entre notre pays et le Sénégal. Pour cause, l’intervention des troupes de la CEDEAO en Gambie, alors que le président mauritanien s’y trouvait négociant, avec son homologue guinéen, du départ, « en douceur », de leur ami Jammeh. Le président gambien s’était dédit, après avoir reconnu sa défaite à l’élection présidentielle du 1er Décembre, contre Adama Barrow, candidat de l’opposition coalisée. Ould Abdel Aziz apprécierait fort mal l’attitude de son pair sénégalais qui, bien qu’informé de l’accord de Jammeh à laisser le pouvoir à son adversaire, ne serait pas moins abstenu de retenir l’entrée des forces de la CEDEAO. Des officines mauritaniennes accusent les media sénégalais de « minimiser » l’implication du président mauritanien, dans la solution  en Gambie, et de vouloir « marginaliser » la Mauritanie, un acteur-clef de la crise sous-régionale, disposant, de surcroît, de gros  intérêts  dans ce pays frère ;  d’autres allant, même, jusqu’à accuser le Sénégal de profiter de la crise post-électorale pour occuper territorialement la Gambie, avec l’objectif d’y « liquider » le reste de la rébellion casamançaise qui bénéficiait de la « clémence » du dictateur gambien.

Bref, la tension ne fait que monter, entre la Mauritanie et le Sénégal. Tapis dans l’ombre du pouvoir, des groupes extrémistes mauritaniens montent aux créneaux, agitant l’opinion et poussant le gouvernement à « régler les comptes au Sénégal ». Des campagnes de presse, relayées par les media officiels et leurs suppôts de la presse privée, poussent à la confrontation. Selon les extrémistes, le Sénégal aurait instrumentalisé la CEDEAO, l’UA et l’ONU, pour occuper la Gambie. Ils estiment que la Mauritanie est suffisamment forte pour « administrer une leçon » au président Macky Sall. Dans quels buts ?

C’est dans cette atmosphère tendue que sont intervenus les garde-côtes mauritaniens, contre des pêcheurs saint-louisiens, occasionnant, selon les media sénégalais, des blessés dont un dans un état grave, et l’arraisonnement de leurs pirogues opérant dans les eaux mauritaniennes, notamment au large de Nouakchott et Nouadhibou. Le gouvernement mauritanien justifie ces opérations, par la fin de l’accord de pêche entre les deux pays.

 

Le FNDU met en garde et prêche l’apaisement

S’inquiétant de la détérioration de nos relations avec le Sénégal, suite à la médiation du président mauritanien en Gambie, le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) a exprimé sa vive préoccupation, avant de prêcher l’apaisement entre les deux pays frères que lient la géographie, l’histoire et la religion. Cette coalition de l’opposition mauritanienne accuse le pouvoir de « fabriquer » des crises diplomatiques et des tensions internes ; de se servir de la diaspora mauritanienne comme une « arme contre leur pays d’accueil » ; de fermer les yeux et les oreilles au discours des media promouvant« tension, menaces et démonstrations de force, à l’encontre de pays frères et amis » ; et de susciter « les conditions propices à un conflit interne, en reconnaissant des partis ouvertement racistes ». Le Forum s’étonne également des tensions récurrentes, avec nos autres voisins : Algérie, Mali et Maroc.

L’annonce de la visite, imminente, du ministre sénégalais des Affaires étrangères en Mauritanie, entend-elle remettre les pendules à l’heure et faire baisser la température ? Une chose est, en tout cas, certaine : Il ne sert à rien d’allumer un foyer de tension avec nos voisins sénégalais et marocains. Personne n’y gagnera, au contraire, les conséquences d’un tel égarement ne profiteront à aucun de ces pays intimement liés et tous tributaires de la « zone grise » du Sahel où errent des bandes terroristes en quête de points d’attache. Un foyer de tensions, aux frontières de la Mauritanie et de ses deux voisins naturels, profiterait, inéluctablement et non seulement, à l’EI mais, également, à ses alliés comme Boko Haram. Méfions-nous donc !

DL