Sélibaby : Dialogue transfrontalier sur la sécurité alimentaire

2 February, 2017 - 00:19

Le projet DIAlogue Politique COncerté (DIAPOCO) s’occupe, notamment, de la sécurité alimentaire dans les territoires transfrontaliers de cinq pays sahéliens, notamment entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. C’est dans le cadre de ce dernier pôle que s’est tenu, à Sélibaby, du 24 au 26 Janvier, un atelier sur l’élaboration des stratégies et plans de plaidoyer sur les thématiques retenues pour chaque pays, afin d’influencer les politiques publiques nationales. Cette rencontre fut précédée de deux autres, à Bamako et à Kayes, respectivement sur les stratégies de mise en œuvre et sur les échanges entre producteurs des trois pays frontaliers.

Porté par le GRDR, le DIAPOCO se positionne comme instrument de concertation, entre les organisations paysannes (OP) et élus, pour contenir les effets récurrents de l’insécurité alimentaire. Il a fait promesse de désacraliser les frontières, pour les transformer en opportunité de coopération.

Dans le pole transfrontalier Mali-Mauritanie-Sénégal, les similitudes des activités agricoles dominées, à 80%, par l’agriculture familiale, et l’importance de la mobilité humaine et animale invitent à harmoniser un discours, à la base, autour des enjeux des territoires et du partage des ressources, pour contribuer à la mise en place d’une vision et d’une stratégie de résilience, face aux défis communs : l’insécurité alimentaire et la bonne cohabitation.

La problématique de la Mauritanie, circonscrit eaux régions du Gorgol et du Guidimakha, s’adosse autour de deux questions fondamentales et complémentaires : l’exploitation des espaces et des ressources, dans un meilleur usage du cadre règlementaire – codes pastoral, forestier, foncier, décentralisation, etc. – et l’adaptation aux changements climatiques, par la mise en valeur des projets décentralisés d’aménagement, à l’échelle des bassins versants :Niorde, Garfa et Boudami, au Guidimakha, Silliwol au Gorgol. Toutes choses qui valoriseraient ces espaces et en ouvriraient de nouveaux, allégeant la pression sur le grand réservoir de l’Aftout et permettant, de surcroît, d’établir   une cohabitation paisible et optimale, entre agriculteurs et éleveurs.

En se fondant sur les argumentaires des organisations paysannes et des éleveurs, émis lors des débats communautaires, organisés dans les wilayas du Guidimakha et du Gorgol, enrichis par les échanges transfrontaliers, une volonté commune de renforcer les zones de production s’est clairement manifestée, en vue de favoriser la sécurité alimentaire des populations frontalières. Mais il est aussi clair qu’en cette démarche participative, les alliances, entre OP et élus, avec ancrage territorial à l’échelon des communes et des acteurs directement concernés, constituent un gage d’espoir, pour valoriser les dynamiques locales. En renforçant les capacités des organisations à produire de la valeur ajoutée sur les produits locaux, en termes de transformation, de commercialisation et, même, de consommation, au niveau des ménages, à travers la gouvernance inclusive des politiques publiques, le DIAPOCO, qui arrive à terme en Mai 2017, a déclenché une réflexion sur les limites des Etats sahéliens dans la sécurité alimentaire.

Dans le cas spécifique de la Mauritanie, l’accent est mis sur la volonté des pouvoirs politiques. Elle s’est traduite par un arsenal de textes juridiques sur la gestion des espaces, même si, ont fait remarquer les participants, la mollesse des autorités administratives à les appliquer pose problèmes. La sous-information des populations constitue, également, un frein à l’exploitation judicieuse des espaces. Le plaidoyer entend capitaliser toutes ses failles et entreprendre une forte mobilisation sociale, pour vulgariser lesdits textes. Au-delà des préoccupations majeures des composantes vulnérables – les régions du Guidimakha et du Gorgol sont les plus pauvres du pays – les élus et les OP des deux régions ont ainsi eu l’occasion de discuter, pour s’accommoder aux nouvelles politiques et réaliser, à l’horizon 2020, les contenus de leur plaidoyer. Financé par CCFD-Terre Solidaire, DIAPOCO est mis en œuvre par le consortium GRDR-ACSSA-Afrique Verte Niger, APROSSA-Afrique Verte Burkina et AMASSA–Afrique Verte Mali.

 

B.Diagana

CP Gorgol